Southcliffe
6.7
Southcliffe

Série Channel 4 (2013)

Alors que Broadchurch jetait des rayons de soleil qui recouvraient la noirceur d’un crime, Southcliffe prend le versant monotone et froid qui se réveille violemment suite à des coups de feu matinaux d’un tireur déséquilibré. Ambiance…


Caractérisée par un concept naturaliste cher à la littérature, Southcliffe livre à l’état brut les dommages collatéraux imposés aux individus qui ne peuvent plus mener une existence normale. Tous au bord du gouffre qui s’élargit à chacune de leurs actions défiant la raison (Paul « kidnappe » sa nièce, Claire se met en tête de sauver coûte que coûte une connaissance de sa défunte fille), la série devient une cellule de crise rurale où le cours de la vie incontrôlé, frise l’excès moral.


Dénué d’artifices tape à l’œil, cadres fixes de longue durée, leitmotive du panoramique horizontal, pas de son extérieur à la narration, la grammaire visuel entend sonder une ville dont les regards perdus et figés de l’homme le plus recherché, Stephen Morton, s’apparentent bien à une situation anxiogène.


Les allers retours dans le temps brossent les perceptions différentes des victimes. Celle de David Whitehead pèse sur l’œuvre. Journaliste blessé par cette ville qui l’a exclu suite à un drame (mort de son père dans une explosion à l’usine à qui lui est imputé la faute), son retour se heurte à une impasse électrique qui lui renvoie le mal du pays doublement renforcé par sa diatribe exaltante diffusée sur le net.


Le parti pris de Southcliffe peut aussi rebuter en nous coupant brutalement de ces vies parties en roue libre dans des actions étranges dénuées d’explication. De la présence soudaine d’un humour british de Paul à un sauvetage désespéré de Claire qui, dans sa position fébrile, veut à tout prix combler l’absence de sa fille par ses dernières volontés qu’elle s’impose, l’émotion acquise aux personnages freine sa lancée par cette déroute, certes justifiée par le drame alourdissant mais opaque.


Southcliffe inscrit ses personnages dans la thématique du mal-être dans sa normalité qui les laisse vivre avec leurs angoisses et leur fragilité à cœur ouvert dans une optique brute et parfois abstraite par un suivi de la caméra qui aime s’attarder sur ce qu’elle voit (le papier peint de la mère de Stephen).

John_Irons_Stee
8
Écrit par

Créée

le 26 févr. 2021

Critique lue 70 fois

1 j'aime

Critique lue 70 fois

1

D'autres avis sur Southcliffe

Southcliffe
fabulousrice
2

J'ai du passer à côté de quelque chose...

La série semble avoir beaucoup de critiques positives, mais je ne l'ai pas aimée du tout. J'ai trouvé qu'elle se complaisait dans une noirceur opaque et dans la dépression post-mortem de ses...

le 3 mai 2014

6 j'aime

1

Southcliffe
tzamety
7

Critique de Southcliffe par tzamety

Créé par Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene) et Tony Grisoni (scénariste de Tideland et How I Live Now), Southcliffe nous narre un tragique événement dans une petite ville anglaise. On suit les...

le 22 avr. 2014

5 j'aime

Southcliffe
John_Irons_Stee
8

La voix du silence !

Alors que Broadchurch jetait des rayons de soleil qui recouvraient la noirceur d’un crime, Southcliffe prend le versant monotone et froid qui se réveille violemment suite à des coups de feu matinaux...

le 26 févr. 2021

1 j'aime

Du même critique

La Cité des morts
John_Irons_Stee
8

Scary Witches

Quand les hommes servent le diable en échange des macabres rituels, cela donne un nom, Whitewood, village de la Nouvelle Angleterre qui fût envoûté par la sorcellerie jusqu'à en dénicher une de ses...

le 15 nov. 2013

7 j'aime

Ai Nu, esclave de l'amour
John_Irons_Stee
8

Quand la Shaw Brothers se frotte à l'érotisme

Une pépite de la Shaw Brothers trempée dans l’érotisme et mêlée aux éclats de sang qui en découle, telle est la nature de ce film scrutant l’homosexualité féminine au cœur d’une intrigue où la...

le 31 juil. 2013

5 j'aime

Flash
John_Irons_Stee
9

Need for speed !

The Flash reste un bel événement télévisuel qui secoue le spectateur lambda aux yeux ébahis devant le bolide écarlate. Le revoir dans sa période presque old school n'entache rien au programme qui...

le 8 nov. 2015

4 j'aime