Tout plaquer pour acheter des pommes. Plein de pommes...
Disons-le de suite, cette critique n'est pas objective : je suis simplement tombé amoureux de cette série... sans doute une l'une des plus grosses surprises de l'année.
L'histoire ? Celle d'un marchand itinérant, Lawrence Craft, dans un monde ressemblant très fort à un Moyen-Age européen où le Clergé bataille ferme contre les païens, qui fait à l'écart d'une fête... la connaissance de Horo, sorte de déesse-louve locale des moissons pouvant prendre une forme humanoïde, celle d'une jeune femme... aux oreilles et la queue de loup, au visage serti d'une paire de grands yeux d'un rouge profond et de deux canines allongées à la mâchoire supérieure.
Ils passent rapidement un accord : Lawrence accepte de l'accompagner dans sa région d'origine, le "grand nord", tandis qu'elle fera profiter le jeune marchand de sa sagesse plus que centenaire. Et bien entendu, cette relation passera vite du stade de "service mutuel" à celui de complicité (très) ambiguë, à celui d'un amour réel et platonique entre les deux principaux intervenants - et ce n'est d'ailleurs pas plus mal, au sinon c'est le côté rafraîchissant de la série qui aurait pris un coup.
Cette série au dessin ne jouant pas (trop) dans les "codes" du manga "classique" jouit en effet d'un travail très poussé sur l'aspect graphique : bien qu'identifiable sans hésitation comme un anime, il y a une véritable ambiance qui se dégage du dessin : celle du Moyen-Âge européen; pas celle du manga lambda (qui peut être tout aussi distrayant, cela va de soi): et il en va de même pour las thèmes musicaux, qui nous maintiennent dans l'ambiance.
Passons au point central : le scénario, qui se joue sur deux registres : celui continu de la relation de ce couple atypique et celui discontinu des (més)aventures commerciales qu'ils vivent. Si les péripéties économiques me passent au dessus de la tête (je ne comprends hélas pas tout; mais je mets ça clairement sur le compte de mon manque d'aisance dans le monde des concepts de l'économie (boursière)), elles restent agréables à suivre, notamment de par leurs rebondissements inattendus. Vient ensuite la relation entre Horo et Lawrence... que dire sans tomber dans le pavé ? Tout simplement qu'ils ne donnent pas dans le passionnel mièvre ou le burlesque : leur relation est sincère, complexe et réelle : exit donc les suceurs de sang et les loups-garous vivant dans des réserves indiennes : ici, bien qu'Horo soit une déesse pouvant se transformer en loup à très grande échelle, les sentiments qu'elle a pour Lawrence, les sentiments qu'il a pour elles; leurs réactions l'un vis-à-vis de l'autre; tout ce qu'ils pensent ou s'imaginent... touche vraiment, car ce sont des choses que tout un chacun sa déjà ressenti : comme l'explique si bien Adam Smith dans sa "théorie des sentiments moraux" (autant étaler sa culture en prenant un auteur proche du sujet traité...) : la sympathie, sentiment d'éprouver par analogie ce que d'autres vivent, joue plein pot. Tout simplement : on arrive à éprouver ce que ressentent là des personnages de fiction. Et ça va jusqu'à ressentir le désespoir, l'espoir profond où une explosion de joie. Cet anime est une véritable claque émotionnelle.
Si je devais terminer par un conseil : si un jours vous allez à une fête des moissons : prenez avec vous du blé de bonne qualité et quelques pommes : peut-être qu'une louvette aux grands yeux voudrait faire un bout de route avec vous...