Springfloden

Tiré du roman de Cilla et Rolf Bӧrjlind, "Springfloden" est une série suédoise, où l'ambiance "nordique" lâche un peu du lest. Bien plus lumineux et reprenant plutôt les codes américains (sur une narration plate et sans surprise, protagonistes beaux, honnêtes et solidaires, les gentils et les méchants....), elle montre ici la limite de la création et la "fin" (?) de la grande époque de ces séries scandinaves.
L'attrait du genre est de nous faire croire à une situation banale, de tranches de vies auxquelles on peut croire, par les caractéristiques sans glamour ou excès et jouant sur la complexité de ses héros. Des situations sombres, glauques et parfois sordides pour rendre une fiction bien réelle renforcée par une mise en scène et des décors froids et qui s'attachent à rendre crédibles et tendues des histoires de meurtres ou familiales, sans effet ou grandes scènes d'action.

Ici, deux intrigues principales vont jouer sur de multiples croisements au fil de l'histoire, mêlant drogues, combats illégaux de jeunes enfants perdus, prostitution pour survivre, rappelant une société en manque de repères et oubliée...Meurtres, corruptions policières, grandes entreprises et accords opaques pour s'octroyer des marchés de pays en voie de développement complètent l'ensemble.
Mais trop d'éléments s'imbriquent sans véritable profondeur et minimise l'aspect sociétal. On reste sur l'Héroïne. Et pourtant, ce sera la seule à ne pas marquer par ses caractéristiques et ses comportements pourtant propres à faire l'accroche mais tellement clichés avec des situations accessoires et improbables qui plombent l'ensemble.
Ceux qui ont aimé "forbrydelsen" et son héroïne risquent d'être décus, par le manque de caractère et trop de facilité au détriment d'une intrigue plus incisive.

Etudiante de police, elle décidera de faire un devoir d'étude sur un meurtre non élucidé, et relancera l'enquête, se trouvant comme possible allié, un ancien policier déchu, pour un binôme curieux qui s'étoffera au fil du temps. D'un côté la fougue de la jeunesse de celle qui croit encore en la justice, une vie saine, appuyée par des couleurs vives et ensoleillées pour souligner la normalité et de l'autre la fatalité de l'homme fatigué, SDF, isolé, déçu par le système...et vieux, pour marquer le fossé de ces deux mondes et où les situations de misère sont renforcées par des couleurs bien plus sombres, la pluie, la saleté, les réconforts déprimants, les marches incessantes et les nuits à risques, confortées par des attaques d'un groupe de jeunes extrémistes qui s'en prennent aux sans-abris, et renvoient à la haine de la société d'aujourd'hui. C'est bien le plus intéressant de la série.

Une résolution par un twist final impossible ou trop sentimental, ou encore chanceux.../...qui déçoit et loupe le coche. (on peut aussi se demander comment l'enquête n'a pas été résolue avant !).Mais quelques situations décalées et des personnages sympathiques, forcent quand même à l'empathie, et on regarde avec plaisir la plupart des épisodes.

Les seconds rôles sont excellents. Kjell Bergqvist est sobre et son évolution prend le temps, Johan Widerberg l'ami déjanté mais fidèle assure l'aspect humoristique, et Angela Kovács offre une belle performance.