Squid Game
6.7
Squid Game

Drama Netflix (2021)

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456 participants sont les (mal)heureux élus d'un jeu hors-norme. Ils ont été soigneusement sélectionnés pour leurs déboires financiers, afin de s’affronter dans 6 épreuves mortelles. Le but : être l’unique survivant.
Un jackpot à la clé : 45 milliards de wons (plus d'une trentaine de millions d’euros).
Cet argent pourra-t-il résoudre tous leurs problèmes?


C’est en tant que novice des séries de “survie” que je me prononce sur Squid Game. Mes seules références en la matière Alice in Borderland (La deuxième partie ne m’a pas autant captivé que la première) et Battle Royale. Je trouve que les comparaisons entre les 3 séries sont biaisées, surtout que le cinéma japonais n’a absolument rien à voir avec le coréen. Elles ont leur propre identité singulière, tout en dénonçant des travers différents.


Lassée des dramas édulcorés qui jettent de la poudre aux yeux, j’étais en quête d’action, de suspense avec un brin de folie. Je l’ai mis en route sans attente particulière, sans lire le synopsis, ni vu la bande annonce, ni même jeté un œil au casting. Tant mieux car les très bonnes surprises se sont enchaînées. 


Dès l’ouverture, on embarque du côté de la force obscure coréenne, la spirale infernale des endettés. Cette précarité ambiante fait parti du quotidien d'une partie de la population. En effet, l’endettement est l'un des thèmes les plus récurrents dans les dramas coréens.
C'est un véritable fléau, hissant la nation en haut du podium mondial qui s'explique en partie par :


-La pression sociale incitatrice à la surconsommation : Les ménages coréens ont tendance à vivre bien au dessus de leurs moyens. Avoir une voiture tape à l’œil, un beau logement, est, pour une grande partie de la population, indispensable, qui en dit long sur la position sociale de son propriétaire. Certains s’endettent pour acquérir un bien luxueux même s’ils n’en ont pas les moyens. Le culte de l’apparence (physique et matérielle) : Montrer –ou prétendre– qu’on a réussi, en gagnant bien sa vie.


Chaque épisode m’a emmené de surprise en surprise sans temps mort avec son lot de retournements de situation. On se prend au jeu comme nos personnages, à résoudre les énigmes, en démêlant le vrai du faux. Pas d'échappatoire, une épée de Damoclès est suspendue au dessus de leur tête. Le tout est porté par des acteurs géniaux. Deux apparitions surprises de taille ont fait leur effet, avec un goût de trop peu :


Gong Yoo, ne pars pas si vite !!!


Qui se cache derrière “Dark Vador”? Je ne l’ai absolument pas vu venir, qu’est-ce que tu fous là toi?


Improbable mais vrai : Lee Byung-Hun


Notre héros (nous met les nerfs à vif), est entouré d’une clique, qui ne laisse pas indifférent, ni insensible. Chacun nous alerte/émeut/énerve à sa manière. C’est là où l'humain va se dévoiler : répugnant ou solidaire. Quelle rareté de voir un personnage non-coréen. Avec ses faux airs caricaturaux d'Apu des Simpson, il fait acte de présence avec sa naïveté touchante et bienveillante, une dénonciation de la société coréenne face à ce rejet teinté de méfiance envers les communautés étrangères, ainsi que la précarité/discrimination des travailleurs émigrés.


D’emblée, j’ai été transporté dans ces décors grandioses et colorés, d’une créativité sans faille.
Le labyrinthe d’escaliers pourvu de portes énigmatiques, aux teintes acidulées, me rappelle l'ambiance onirique du jeu vidéo Monument Valley, ainsi que l’univers déjanté de Tim Burton dont je suis friande. Un choix délibéré du réalisateur :



Si vous regardez les jeux télévisés de survie, l'espace est généralement sombre et maussade. J'avais envie de quelque chose de différent, d'apporter une vieille nostalgie, des couleurs aux objets qui sont mis en place



Je me suis régalée avec cette photographie aux couleurs pop art, limpide, nette sans bavure. Les cadrages à la symétrie parfaite sont splendides. La démarche millimétrée tout en synchronisation des soldats, est accompagnée par des bruitages étudiés.
Le soin apporté aux costumes et ce goût prononcé pour l’esthétisme de chaque élément est un feu d'artifice visuel. Tout a été choisi avec minutie sans fausse note. Rien n’est laissé au hasard. Des indices sont disséminés un peu partout ... Les avez-vous retrouvé?


Deux mondes s’entrechoquent : des adultes désespérés (où l’appât du gain leur ont fait perdre toute jugeote) doivent se remuer les méninges, en s’écharpant jusqu’au sang dans des arènes de jeux enfantins, tout en faisant preuve d'audace, d'ingéniosité (ce n'est pas que la force qui prime).
Ce décalage morbide (où l'on replonge dans l'enfance d'une manière sanglante), est judicieusement amené. Du glauque, du malsain, du dérangeant. J'ai regardé le tout avec beaucoup de recul, sans une once de sérieux.
Si vous êtes sensible à l’hémoglobine, une foire d’empoigne à la violence bestiale est récurrente. Pour ma part, cela ne m’a pas empêché de fermer l’œil, les séquences gore s’immiscent avec crédibilité.


Au delà des empoignades physiques, un commerce lucratif est dénoncé :


le trafic d'organes.
Les progrès médicaux, la corruption et la pauvreté galopante ont chacun à sa façon contribué à l’expansion du marché des organes en Asie


La série passe également au crible la manipulation psychologique de l’être humain face à la richesse. Comment l’argent influence notre comportement? 



  • La motivation du pauvre est de devenir riche, jusqu’à commettre des actes insoutenables.

  • L’argent peut exercer une grande influence sur nos pensées et nos actes sans qu’on en ait forcément conscience. La quête de la richesse peut obscurcir le jugement moral, pour en devenir une obsession.

  • Plus d’argent, moins d’empathie? 

  • On a tendance à percevoir la richesse comme le mal.

  • Les riches (blancs) se gaussent des plus pauvres, en les jetant en pâture, entre perversion malsaine et nauséabonde.


Quelques points m'ont cependant chiffonnés en me laissant sur ma faim, tels que :


Le flic est-il vraiment décédé? Il apporte du piment à travers ce personnage infiltré même s'il est sous-exploité. Si deuxième suite, ils lèveront sans doute le voile sur Dark Vador, et l'énigmatique lien qui l'unit avec cette organisation secrète dont on ne sait finalement rien.


Le dernier jeu du calamar : un peu bâclé à mon goût, je m'attendais à un jeu subtil, basé sur la réflexion


Je passe l’éponge sur certaines incohérences et la superficialité des personnages. La série souffre également d’une touche américanisée aux scènes rocambolesques, qui m’ont fait plutôt sourire :


-Le flic décode du morse quand son voisin tousse. Tranquille le chat dans le bureau du big boss (comme par hasard, pas de caméra/gardes, aucune porte fermée à clé).
Il se tape un marathon sous l’eau avec une facilité déconcertante sans être essoufflé.


-Le médecin extirpe des foies sans matos en deux coups de cuillère à pot.


La fin (qui ne m’a pas convaincue pour un sou) laisse une porte ouverte sur une suite. Des questions en suspens seront probablement résolues.


En conclusion :



Squid Game est censé être une allégorie de la société moderne, en particulier de la concurrence sans fin et de la pression intense à laquelle nous sommes confrontés, face à des ennemis réels ou imaginaires. C'est quelque chose que je jouais quand j'étais enfant dans la cour d'école ou dans les petites rues du quartier, dit-il (le réalisateur) à propos du titre de la série. Je pensais que le jeu était le plus symbolique pour mettre en valeur divers aspects de la société hautement compétitive dans laquelle nous nous trouvons.



Je ne vois plus «Un, Deux, Trois Soleil» de la même manière. Et si l’on me propose une partie de billes, j’y réfléchirai à deux fois.



Et vous? Pour 30 millions, seriez-vous prêt à risquer votre vie? 
L’argent fait-il le bonheur? 


Julhee
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les dramas coréens ne sont pas forcément QQ la praline

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le 21 sept. 2021

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Julhee

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