Une série-concept qui plonge le spectateur dans une expérience intense grâce à un scénario machiavéliquement bien ficelé, une maîtrise redoutable dans la réalisation et un jeu d’acteur viscéral. On est proche d’un « Battle royale » psychologique où des individus divers transférés dans un huis clos hors du temps vont devoir tomber leur masque social et faire appel à leur instinct de survie que la société moderne avait enfoui profondément. Cette galerie de portraits façonnés dans la sueur et la violence la plus arbitraire fait toute la valeur ajoutée de ces jeux du cirque new look qui ne se limitent pas à un simple spectacle sanglant et racoleur.
La série aborde des thématiques fortes qui poussent sans ménagement le consommateur Netflix le plus apathique à un minimum de réflexion philosophique. D’autre part le background social très prononcé (à défaut d’être subtil) ancre définitivement la série dans un réalisme assez cru qui accentue la dramaturgie de l’intrigue. On fait difficilement mieux en terme d’enjeux, entre l’épée de Damoclès permanente qui pèse sur les participants et les problèmes personnels que ces derniers rencontrent dans le « monde réel ». Ce cocktail explosif combiné à un sens du rebondissement consommé rythment intensément chaque épisode en faisant passer la plupart des séries classiques pour des promenades de santé. La lisibilité de la série est facilitée par son esthétique minimaliste, des uniformes caractéristiques et quelques objets symboliques suffisent à planter le décor d’un univers carcéral efficace et à donner une identité visuelle à l’ensemble. Les règles du jeu énoncés dès le début participent également à dresser le cadre scénaristique précis dans lequel l’intrigue peut se déployer pleinement. Bref une « aventure humaine » captivante qui allie de façon machiavélique la fascination du morbide et les questions métaphysiques dans une série B de bonne facture.