Comme dans Kaiji, l'exposition commence sur un paumé endetté jusqu'aux reins et qui qui traîne en prime une addiction aux jeux d'argents.
Comme dans Kaiji, un contrat va être signé, permettant au héro de participer à une série de jeux dans l'espoir de remporter un gros butin.
Comme dans Kaiji, les participants vont être éliminés les uns après les autres, pour divertir les riches ennuyés de l'existence.
Mais voilà le problème : Kaiji est beaucoup plus précis dans son traitement. Le problème de l'addiction est épluché de long en large, nous éprouvons avec le personnage l'extrême tension de chaque paris, nous passons de désespoirs en joies, et ce thème restera central. Avec Squid Game, ce n'est pas le cas, le sujet est évincé après le premier épisode. On ne le retrouvera que vaguement avec l'épreuve des billes, mais sans la même intensité.
D'autre part, l'animé propose des réflexions sur la condition de l'homme moderne, en abordant la peur de la mort, l'angoisse, la paresse, le nihilisme, l'impuissance. Pensées tout-à-fait étrangères à la série, qui est finalement assez plate, car elle se réduit presque à de la pure exposition, à du pur spectacle. On me dira que c'est un coup de force d'assumer le spectacle cru de la violence, sans qu'elle soit atténuée par du pathos, mais je ne suis pas d'accord, cela ne suffit pas en soi, surtout pour une œuvre coréenne
Squid Game fait le choix du choc, de la brutalité, du traumatisme, et c'est pourquoi la première épreuve se solde immédiatement par un massacre de masse : la cruauté n'est pas augmentée par paliers afin de favoriser l'acceptation des joueurs. C'est un choix qui aurait pu être assumé, mais les personnages ne semblent pas particulièrement affectés par les évènements. Ils votent pour l'arrêt des jeux mais reviennent au galop, se révoltent par intermittence, mais ils continuent de sociabiliser, de jouer et d'accepter, comme si rien n'était arrivé
Il y a toutefois quelques idées sympathiques, comme se faire s'affronter deux partenaires qui s'étaient choisis par affinité, comme les contrastes entre les décors et les scènes, comme la participation du commanditaire aux jeux eux-mêmes ou comme le choix des couleurs
La série n'est donc pas sans intérêt, mais je lui préfère Kaiji qui exploite le même scénario pour en tirer davantage d'idées