Randonnée spatiale
Pour un fan de science-fiction, ne jamais avoir vu la célèbre série de Gene Roddenberry était un sévère manquement à ma culture concernant ce genre que j'apprécie tant. Plusieurs choses retenaient...
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le 21 mai 2021
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Star Trek, c’est un peu comme une colonie de vacances galactique, où tu remplaces les marshmallows grillés par des phasers et les tentes par un vaisseau spatial hyper-avancé (ou presque, selon les moyens de la série). Au lieu de chants autour du feu, tu as des dialogues philosophiques avec un Vulcain dont les sourcils pourraient couper du verre, et au lieu de simples randonnées, tu explores des planètes où les roches sont en carton-pâte. Bienvenue à bord de l’USS Enterprise, où chaque épisode est une nouvelle aventure qui oscille entre du Shakespeare dans l’espace et une bagarre de bar interstellaire.
Le capitaine Kirk (William Shatner), c’est l’archétype du héros de l’espace : un mélange improbable de séducteur, de philosophe amateur et de casse-cou. Il passe ses journées à commander son vaisseau, mais trouve toujours le temps de charmer les aliens féminins qu’il croise sur son chemin, tout en discutant stratégie galactique comme s’il s’agissait d’un simple dîner d’affaires. Son commandement est à la fois intrépide et légèrement kamikaze : "Si ça bouge, tire, si ça ne bouge pas, demande à Spock s’il a une théorie." Et s'il y a bien une chose qu’on aime chez Kirk, c’est sa capacité à résoudre n’importe quel conflit avec un simple coup de poing bien placé (et souvent très théâtral).
À ses côtés, il y a l’inimitable Spock (Leonard Nimoy), un Vulcain mi-homme, mi-machine à théorèmes. Avec ses oreilles pointues et ses sourcils plus acérés qu’un phaser, Spock incarne la logique pure. Chaque situation, aussi absurde soit-elle (même les attaques de tribules ou les virus qui rendent fou), est traitée avec une froide analyse et une pincée de mépris non-émotif pour les humains et leurs "sentiments". Mais c’est précisément ce contraste entre l’hyper-émotif Kirk et l’impassible Spock qui rend leur duo aussi savoureux qu’une tasse de thé Earl Grey en apesanteur. Leur relation ? Une sorte de bromance galactique où l’un fait les erreurs et l’autre les commente avec classe.
La série se déroule dans un futur où l’humanité a surmonté ses querelles internes pour explorer les étoiles, ce qui est fantastique, sauf que, bien souvent, ils finissent par se battre avec n’importe quelle espèce extraterrestre qu’ils rencontrent. Et là, tout devient génialement kitsch : des costumes en lycra, des décors en papier mâché, des maquillages d’aliens qui semblent sortis tout droit d’une fête costumée de lycée… Mais c’est justement ce côté artisanal qui fait tout le charme de Star Trek. Tu n’es pas là pour le réalisme, tu es là pour l’évasion, les idées, et peut-être, un jour, un Klingon qui te propose de partager son plat préféré (qui ressemble à un plat de spaghettis extraterrestres vivants, au passage).
Chaque épisode est une nouvelle aventure, et la série jongle entre le space-opera et la philosophie existentielle. Un coup, tu te retrouves à discuter de la nature du bien et du mal avec un ordinateur surpuissant, et l’épisode d’après, tu te bats contre un lézard géant en mousse. On n’est jamais à l’abri d’une réflexion sur la tolérance interespèces ou d’un duel au sabre improvisé avec un alien. Et c’est bien ça qui fait toute la force de Star Trek : cette capacité à mêler l’absurde et le profond, à proposer des intrigues qui oscillent entre les batailles cosmiques et les questions philosophiques.
Mais attention, Star Trek, ce n’est pas que des batailles et des extraterrestres. C’est aussi une série pionnière en termes de diversité et d’égalité. À une époque où la télévision était encore très monochrome, Star Trek propose un équipage multiethnique avec des personnages féminins forts, des membres d’équipage de toutes origines, et même des extraterrestres qui ne sont pas tous des méchants stéréotypés. Une véritable révolution pour les années 60, où Gene Roddenberry, le créateur de la série, voulait montrer un futur où l’humanité avait surmonté ses divisions pour aller ensemble, là où personne n’est allé auparavant.
Les épisodes sont également ponctués de petits moments d’humour involontaire (ou volontaire ?) : les bagarres chorégraphiées de Kirk qui défient la gravité et les lois de la physique, les décors qui tremblent au moindre coup de vent cosmique, ou encore les aliens en costumes si voyants qu’ils volent presque la vedette aux dialogues sérieux. Mais ces touches de kitsch sont devenues une partie intégrante du charme de la série. Qui n’aime pas voir Kirk rouler au sol comme un cascadeur en herbe lors d'une confrontation épique avec un ennemi en carton ?
En résumé, Star Trek est bien plus qu’une série de science-fiction. C’est une œuvre visionnaire qui t’embarque à la vitesse de la lumière dans des aventures aussi rocambolesques que profondes. Entre Kirk qui se bat torse nu contre des monstres en latex, Spock qui te balance des leçons de logique comme s’il lisait un dictionnaire intergalactique, et les voyages dans des décors rétro-futuristes dignes d’un rêve sous acide, Star Trek est une série où tout est possible, surtout l’impossible. Alors, enfile ton uniforme en velours, prépare ton phaser, et embarque dans l’Enterprise pour une aventure où la frontière entre la réflexion philosophique et l’action kitsch est aussi fine qu’un cheveu vulcain.
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le 14 oct. 2024
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