À l’exercice toujours délicat de la préquelle, je crois pouvoir dire que Star Trek: Enterprise s’en tire malgré tout avec les honneurs. De par sa scène politique assez complexe d’abord, où les terriens se trouvent en quelque sorte inféodés aux vulcains et qui donne à ces derniers un aspect qu’on ne leur connaissait pas, ou mal. Puis pour son concept de guerre temporelle qui, chose inédite, permet de suggérer au moins un futur assez lointain de l’univers Star Trek. Pour sa troisième saison surtout, qui raconte une autre guerre, ouverte celle-ci, avec les Xindi et au cours de laquelle bien des héros se saliront les mains. Enfin, pour sa dernière partie, dont les arcs narratifs distincts reviennent avec élégance sur des thèmes caractéristiques de Star Trek.


En fait, Enterprise ose aller là où aucun homme n’est jamais allé : dans ces zones sombres d’un futur bien connu pour son optimisme parfois un brin béat, voire franchement naïf, qui valut bien des critiques, pas toujours mal inspirées d’ailleurs, à une franchise qui reste pourtant un des meilleurs exemples sur le petit écran de ce que la science-fiction peut offrir. Ici, la Fédération des Planètes Unies n’est même pas un songe pour commencer et personne ou presque ne sait quoi que ce soit des dangers tapis entre les étoiles, tout préoccupés qu’ils se trouvent à découvrir des mystères. Cette candeur laissera peu à peu place à des considérations plus adultes alors que, paradoxalement, le récit s’oriente vers cet avenir radieux déjà mentionné.


Bien sûr, qu’Enterprise soit arrivée sur les écrans plus de 30 ans après Star Trek (Gene Roddenberry ; 1966) explique la plus grande partie de cette maturation : la télévision d’aujourd’hui peut se permettre d’aborder des thèmes jadis proscrits, et même si la série originale, déjà, avait su briser certains tabous. Mais quand on aborde de front des choses telles que l’homosexualité, le viol, l’addiction, la torture ou la piraterie, on s’attend à bousculer des sensibilités – or, c’est bien le propre d’une œuvre d’art de susciter, voire de provoquer des émotions… Bien sûr, des spécialistes de la franchise hurlèrent au scandale en raison de divers retcons et autres facilités narratives ; d’autres se contentèrent d’apprécier les récits.


Car voilà de quoi il s’agit : d’histoires. Et si aucune d’entre elle ne restera un classique, sauf peut-être pour la guerre contre les Xindis déjà évoquée, aucune ne laissera vraiment indifférent. Pour toutes ces raisons, mais aussi toutes celles que j’oublie, passer à côté d’Enterprise paraît dommage : même s’il s’agit de la plus faible des séries Star Trek à ce jour, elle reste malgré tout du bon Star Trek.


On ne boude pas ce genre de plaisir.


Notes :


Star Trek : Enterprise s’appelait Enterprise tout court jusqu’au troisième épisode de la troisième saison.


Avec seulement quatre saisons, Star Trek : Enterprise reste la plus courte série Star Trek après la série originale de 1966.


Cette série est la première, et unique à ce jour, de la franchise Star Trek à présenter un générique chanté au lieu d’instrumental.


L’annulation de Star Trek : Enterprise en février 2005 marque la fin d’une présence ininterrompue de 18 ans de la franchise à la télévision américaine.

LeDinoBleu
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le 1 oct. 2016

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