Avant d'être une série kids friendly (mais néanmoins très chouette) en 3D tétrahéliogyroscopique du futur, la version animée de la Guerre des Clones était un dessin-animé particulièrement subversif (et moche).
Wai, moche. Autant être clair de suite, je desteste ce character design façon Dexter's Laboratory. C'est laid, les personnages ne ressemblent à rien (voir Padmé avec ses yeux en boules de bowling et son cou de 9m) et l'animation est tellement sèche et rapide que ça pique souvent aux yeux. Si vous êtes épileptique et que vous voulez mourir, regardez Clone Wars.
Si vous passez (après un petit temps d'adaptation) outre ce défaut visuel, un monde de débauche s'offre à vous. Wai, carrément. Car il faut savoir que si cette série de micro-épisodes (5 à 6 minutes pour les plus longs) respecte parfaitement, en tant que produit officiel, la chronologie et les personnages de la série, son traitement est beaucoup plus fin qu'on pourait le croire.
Genndy Tartakovsky, papa de Samurai Jack et des Powerpuff Girls, n'en est pas à son coup d'essai quand il est contacté en 2002 pour s'occuper de la série (je parlais plus haut du Laboratoire de Dexter, le machin date quand même de 1996). Pétris à la pop-culture, parodies acides de mythes sociaux, les personnages de Tartakovsky sont aussi drôles qu'ils sont insupportables. Il en sera de même pour sa version de Star Wars.
Abusive et abrasive, Clone Wars est une série quasi sans paroles au rythme extatique. Les Jedis y sont des êtres absolument surhumains capables de changer l'axe de rotation d'une planète et les batailles sont l'occasion de festivals laseresques improbables à faire passer les meilleurs épisodes de GI Joe pour des dessins d'enfants.
On vera ainsi Obi-Wan torcher un robot testuoïde ou Windu se farcir un bataillon de droides sans ciller (et sans sabre) avant d'aller boire un coup avec un gamin de passage. C'est completement surréaliste, et la qualité toute relative de l'animation, speedée mais terriblement hachée, ajoute au spectacle. Tout est exagéré, des péripéties (on traverse la galaxie en 7 secondes lors d'une poursuite en vaisseaux) aux armes (quand les séparatistes envoient des droides faire sauter une montagne, c'est 12mille droides qui posent 12mille bombes chacun) en passant par les dialogues, couillons au possible (l'explication du lien Jedi-crystal-sabre). La prolixité toute relative de la série permet par ailleurs d'axer toute la narration sur la vitesse à laquelle défilent les scènes, dont l'illogisme absolu est amplifié par une musique épique jusqu'à en être absurde (dans certains épisodes, le moindre geste est prétexte à des envolées lyriques complètement barrées). Notez que tous ces effets sont amplifiés par le montage en deux films d'une heure chacun de la version DVD.
La série s'offre également son lot de citations et de références plus ou moins idiotes (on croisera Sammy de Scooby-doo déguisé en padawan), et en plus, c'est vraiment bien fait. En terme de storytelling pur, le segment qui montre un commando de clones prendre une tour DCA d'assaut est un modèle du genre (voir vidéo là juste en dessous, à partir de 6minutes).
Et le mieux, dans tout ça, c'est le regard critique et parodique ajouté au produit. Deux de mes scènes favorites :
Yoda, raccompagné en vaisseau chromé par Padmé, perçoit une vergence dans la force et décide d'aller au secours de ses copains Jedis. Sur place, Padmé décide d'étreiner sa nouvelle combi polaire (car ils sont sur une planète glacée) mais Yoda, avec la grimace cacatéristique du spectateur qui sent venir à 12km le moment où la princesse se retrouvera forcement en détresse, l'envoie purement et simplement bouler, avec une mauvaise foi délectable.
Plus loin, à la poursuite de Ventress, Anakin atterrit avec une troupe de clones sur Yavin IV (wai, le même endroit que dans le Retour du Jedi). Ventress force pull/push/crush/squich/throw/whatever les clones un par un sur un montage absolument dantesque et hilarant, quand Anakin, en tête du groupe et qui n'a donc rien vu, lâche, accompagné par le violoncelle de circonstance : "Something's not right. I can feel it."
Des blasters qui shootent 19 lasers à la fois, des batailles de bikers façon cavalerie lourde bien moyen-âgeuse, des Jedis qui sautent des immeubles de 40 étages... Au final, Clone Wars est une série défoncée au crack pas franchement évidente à regarder mais qui en vaut vraiment la peine