C’est un étrange parcours qu’a eue cette fameuse « guerre des clones » dans l’univers Star Wars. Mentionnée pour la première fois en 1977 (honteusement traduite en « guerre noire » dans la VF), il aura fallu attendre plus de vingt-cinq ans pour avoir une meilleure idée de ce qu’elle représente. Il était naturel qu’une guerre riche en péripéties serait détaillée entre l’épisode 2 et 3 qui n’en auront effleuré qu’une partie. C’est ce que faisait déjà l’excellente série animée « en 2D », mais il existait encore beaucoup à remplir.
Soyons honnêtes : « The Clone Wars » n’a pas débuté de la meilleure des façons. J’avais douze ans lorsque le film censé ouvrir la série est sorti au cinéma, et malgré le divertissement qu’il m’a procuré, j’étais déjà conscient des limites du format. Il fleurait bon le long « épisode filler » et manquait sévèrement d’ambition. Star Wars, contrairement à ce que les détracteurs anti-Disney prétendent, a toujours été une franchise commerciale qui a connu ses hauts et ses bas, aussi n’était-il pas étonnant d’assister à un énième produit dérivé. Le début de la série passant à la télé m’avait donné peu ou prou une impression similaire.
Les années se sont écoulées, et je me suis aperçu, notamment après l’annulation de la série suite au rachat par Disney, qu’une grand fanbase s’était développée autour de la série. Mieux encore : les extraits sur Youtube m’ont convaincu de m’y intéresser car beaucoup de passages s’annonçaient en réalité prenants et épiques. Début de cette année, comme une ultime saison était annoncée pour bien ravir les fans, je m’y suis attelé, douze ans plus tard.
Une fois encore, la série n’a pas démarré de la meilleure des manières. Et pour cause : 150 épisodes, c’est long, même pour une série animée (ne comptons pas One Piece et Naruto). De nombreux fillers parsèment le récit en conséquence, entrecoupé en plusieurs arcs narratifs, forcément de qualité inégale. D’un côté, j’ai apprécié de voir certains jedis de second plan mis en lumière, tels que Kit Fisto, Aayla Secura, Luminara et Plo Koon. De l’autre, était-il nécessaire d’endurer autant d’épisodes aussi ennuyeux avec Jar-Jar et C3PO ?
Ainsi la première saison est assez dispensable tandis que la deuxième commence à dévoiler ses cartes. Mais c’est vraiment à partir de la troisième que tout le potentiel se révèle. Je pense qu’il est important de lister tout ce que cette série a réussi avec brio :
- Le côté politique, sous-jacent à toute guerre, ici vue à travers le prisme de Padmé, est vraiment bien développé. Complots et trahisons entrecoupent merveilleusement les batailles, et réduit un peu le manichéisme de l’histoire en donnant des justifications aux affiliations de certains séparatistes.
- La série n’hésite pas à tuer beaucoup de personnages, et parfois des principaux. Pour sûr, une guerre n’épargne personne, mais l’aspect enfantin du début aurait pu faire croire que certains événements seraient trop édulcorés.
- Le duo Dark Maul et Savage Opress. Non seulement le retour de Maul, qui aurait pu s’apparenter à du fan-service, était bien amené (personnage « jeté » dès qu’il n’était plus utile, son développement repose sur cet aspect), mais en plus il entretient une relation avec Opress qui combine le « maître à élève » et le fraternel.
- L’évolution d’Asajj Ventress est intéressante aussi, notamment auprès des Sœurs de la Nuit : très vite s’affranchit-elle de son statut de simple apprentie sith afin de trouver sa propre voie.
- Ahsoka Tano est un personnage sur lequel beaucoup pourrait être raconté. Je me souviens combien elle avait été détestée à ses débuts, considérée à tort comme une « Mary-Sue » (comme chaque fois qu’on a un protagoniste féminin fort), critiquée car elle échouait souvent (notez les plaintes contradictoires), elle était estimée « incohérente » dans la saga. Et pourtant, les années ont passé, elle a mûri, et désormais elle est adorée des fans, si bien qu’elle va avoir sa propre apparition « live ». Il faut dire que son personnage évolue grandement à travers les différentes histoires et possède des arcs poignants, tout comme une relation touchante avec Anakin qui rend son basculement vers le côté obscur d’autant plus tragique. Elle met en exergue une « troisième voie » possible entre les maléfices des siths et les étouffantes règles des jedis, si arrogants qu’ils auront causé leur propre perte. Ajoutons à cela combien elle est drôle et attachante et Ahsoka est la véritable protagoniste de « The Clone Wars ».
- Certains arcs sont excellents, tels celui des frères et sœurs de la Nuit, celui sur les Mandaloriens, celui sur Umbara, sans oublier, bien sûr, le tout dernier pour conclure la série.
- Enfin, et le plus évident : les clones. Secondaires dans les précédentes apparitions, ils auront marqué la série de leur empreinte, ce d’une façon assez logique car elle porte leur nom. Capitaine Rex, Fives, Echo et tant d’autres auront des épisodes centrés sur eux où, malgré leurs visages identiques, trouveront leur propre identité. Ils sont des « enfants soldats », entraînés dans une guerre qui les dépasse, et recherchent un sens à leur vie. Ils sont parmi les personnages les plus touchants de la série.
The Clone Wars n’aura pas tout réussi. Trop d’épisodes inutiles, de certains personnages mal exploités (coucou Grievous). Mais il aura, comme tant d’autres œuvres Star Wars, laissé une indéniable empreinte dans cette licence.