Dire que je suis fan serait un euphémisme. Stargate SG1 a une place importante dans ma vie, j'ai vu et revu chaque épisode, je connais (ou du moins connaissais) l'histoire par cœur à la limite du fanatisme.
Stargate SG1 réussit à rendre la science-fiction populaire, là ou la seule série connue était Star trek, qui souffre d'une mauvaise réputation en France.
En rendant possible la découverte d'autres planètes et d'autres races à notre époque grâce à un appareil alien, SG1 devient crédible et permet de s'identifier aux personnages, qui sont de notre époque, notre civilisation et non d'un autre monde. Au final, une aventure humaine et scientifique d'autant plus prenante.
Univers
Mais il s'agit bien d'une série de science-fiction avec ses nombreux thèmes abordés, scientifiques certes, mais aussi de réflexion : difficulté de compréhension entre différentes formes de vie ou différentes races, difficulté de maintenir la paix, problème de l'ingérence envers d'autres peuples, danger de la technologie mal utilisé et avec de mauvaises intentions, réaction face à un peuple inconnu, entre hostilité et diplomatie, à quel point et jusqu'où peut-on abandonner ces principes pour protéger les siens. En effet de nombreuses fois SG1 rencontre des cultures où se déroulent les mêmes événements qui se sont déroulés dans notre histoire, du racisme à la guerre froide, et se retrouve dans des situations délicates ou elle est face à de délicats dilemmes moraux.
Au fil des saisons, SG1 développe tout un univers, avec ses races, ses planètes, ses technologies, et va bien au-delà du schéma « un épisode=un monde ». Si les épisodes ne s'inscrivent généralement pas dans la continuité, de fréquentes références sont faites aux épisodes passés, souvent même de plusieurs saisons avant, rendant leur connaissance indispensable pour tout comprendre et apprécier (à l'inverse de la première série Star trek). Ce format donne une cohérence très appréciable à la série, là ou tant d'autres se perdent dans leur mythologie.
Egalement, SG1 se base toujours sur de vraies notions ou théories scientifiques, ce qui participe à la cohérence, et un avantage sur beaucoup d'autres séries de science-fiction (même si en parallèle elles sont plus fun ou décalés, à l'image de doctor who ou farcsape). Pour un peu, on serait tenté d'imaginer que tout ceci est bien réel, caché par le gouvernement !
SG1 ne serait pas ce qu'elle est sans son savant mélange entre action et un humour bien placé, incarné par le colonel O'Neill majoritairement. Nombre de ses répliques sont ainsi mémorables et sont devenus cultes ! (« quel est ce langage Carter ? » « Ce sont des math mon colonel » « ah... »).
Personnages
L'équipe est composée de personnes aux compétences et tempéraments au début bien déterminés, mais bien nuancés avec le temps. Chacun aura son évolution et son lot de souffrances. Sans atteindre bien sur la complexité de Battlestar Galactica, les héros restant très compétents et parvenant toujours à se sortir des situations, sans que ce soit trop gros pour autant (contrairement à atlantis...).
Ainsi, Jack O'Neill, dépressif et militaire stricte, finit par devenir plus positif et lâcher prise face à des événements incontrôlables, d'où une profonde dérision souvent proche de l'impertinence. Daniel, idéologiste naïf, devient plus réaliste, moins obsédé par l'enlèvement de sa femme qui au départ est la raison qui l'a poussé à rejoindre le programme. Lui et O'Neill sont antagonistes : face à ennemi Jack choisit la défense tandis que Daniel prône la diplomatie. Ils sont donc en fréquent désaccord. Mais au fil du temps, ils apprennent à mieux s'apprécier et une vraie amitié naît entre eux. Une amitié née dans la douleur puisque les deux ont vu des êtres chers qui se sont fait enlevés par les Goa'ulds. Ils finissent ainsi par être influencé par le point de vue de l'autre. Un point de vue, qui selon les situations, se révélera parfois le bon choix parfois pas.
Et c'est aussi dans la douleur que Teal'c rejoint l'équipe, juste après avoir trahit les siens. Ce jaffa venant d'un autre monde est différent, parle peu et vit avec la souffrance d'être un traître pour les siens, luttant contre un ennemi sans vrai espoir de victoire. Mais au fil des victoires et des combats, du temps passé sur Terre, de la propagation du mouvement de liberté qu'il a initié et dont il est devenu une icône, le grand guerrier baraque finit par s'ouvrir, jusqu'à devenir un vrai orateur.
Enfin, Carter, à la fois femme, scientifique et militaire, brillante, forte et belle, capable à la fois de pleurer que de se transformer en guerrière. Au début agressive pour se faire une place en tant qu'une femme, elle gagne ensuite en confiance et devient plus sympathique.
Même si on peut leur reprocher d'être un peu lisse, je trouve que les quatre acteurs savent passer par toute une palette de sentiments. Ils sont donc attachants et il y a une vraie dynamique d'équipe.
Histoire
Dans les premières saisons, l'histoire traite principalement de la lutte contre l'ennemi, les Goa'uld, d'abord représenté par Apophis puis avec plusieurs autres fausses divinités. L'équipe SG1 a pour mission de trouver de nouveaux alliés et de nouvelles technologies. Aussi, après quelques saisons la Terre a développé de vraies relations avec d'autres peuples, et commence à se doter d'un certain savoir. Après plusieurs victoires menées conjointement avec les alliés, la lutte contre les Goa'uld se fait en parallèle de recherches sur les Anciens, créateurs de la porte des étoiles, et dont les technologies avancés suscitent beaucoup d'intérêt. Dans le même temps, le programme SGC se développe et prend une envergure internationale avec tous les problèmes diplomatiques que cela représente. De même de vraies organisations clandestines se créent pour mettre la main sur des technologies aliens sans s'embarrasser de problèmes éthiques, pour se défendre plus efficacement ou pour des raisons financières moins défendables.
Les saisons 9 et 10 voient des changements majeurs : renouvellement de la mythologie avec de nouveaux ennemis, départ d'O'Neill et nouveaux personnages. De fait de tels bouleversements mécontent certains fans qui parlent de décadence de la série. Personnellement, je pense que ces saisons méritent parfaitement leur place, en dépit de quelques défauts.
Elles présentent en effet un monde post-Goa'uld intéressant. Nouvelle dynamique d'équipe, série plus mature avec des réflexions sur la religion et la liberté, ennemi de nouveau bien plus puissant que la Terre comme aux débuts, d'avantage d'exploration. Mais transition mal effectuée avec le départ d'O'Neill mal expliquée, puissance de l'ennemie plus très réaliste, et certaines races quasiment absentes.
Quelques mots sur le départ d'O'Neill : beaucoup pensent qu'il était le personnage principal et que sans lui SG1 n'est plus SG1. Je ne suis pas totalement d'accord. Cette idée vient du fait qu'il incarne l'humour, mais à bien y regarder il reste le membre le moins développé, celui qui évolue le moins.
Défauts
Malgré mon intérêt débordant pour cette série, je suis quand même conscient de plusieurs défauts : manque d'imaginations sur les peuples rencontrés qui font trop terriens, quelques facilités (tout le monde parle anglais), des Goa'uld parfois vaincu trop facilement et à la technologie parfois étonnamment primitif. Trop souvent les terriens s'avèrent être meilleurs que les peuples rencontrés, et ce sont trop souvent eux qui partagent leur savoir que l'inverse. Plusieurs races ne sont rencontrées qu'une fois et plus jamais revus ensuite.
Paradoxalement, ce qui fait son succès populaire la rend aussi critiquable chez les adeptes de SF. Personnellement, pour avoir vu nombre de séries reconnus de SF, je maintiens que Stargate SG1 mérite parfaitement sa place parmi les références (pour les raisons citées plus haut), que je n'ai pas manqué de faire dans cette analyse.