Il y a un paquet de choses à dire sur SGU. Premièrement, que c'est une série de la franchise Stargate qui a enfin trouvé le chemin de la maturité. Par des sentiers déjà battus (ceux de Battlestar Galactica - sur SyFy elle aussi), mais ce n'est certainement pas quelque chose que l'on peut reprocher à la série. SGU réussit à réutiliser plusieurs éléments de la franchise Stargate (gadgets, histoire, situations) et à les réduire pour leur donner de l'importance, de la nuance, bref, de la contenance et de la crédibilité. Les personnages sont très nuancés, et même beaucoup plus que la série dont elle s'inspire très vraisemblablement (BSG, donc).
Car c'est la deuxième chose qui saute aux yeux lorsque l'on a regardé les deux séries. Les ressemblances. Des luttes intestines entre pouvoir civil et militaire sur un vaisseau perdu dans l'espace. Un Colonel emblématique, un scientifique à la personnalité douteuse (Robert Carlyle), etc. Le ton général, l'aspect sérieux. Mais la ressemblance s'arrête ici, car tout le reste, la série le doit à la franchise. Exploration, géopolitique spatiale, découvertes de technologies extra-terrestres, etc : toute l'Univers de Stargate est condensé dans la série pour donner le meilleur de son suc. Les nouveaux personnages sont soignés pour ne pas avoir à s'appuyer inlassablement sur les anciens membres de SG-1 (qui reviennent de temps en temps faire un coucou sans que leur usage soit abusif).
Voilà donc une recette réussie : donner nuance et profondeur à un Univers un peu plan plan. Stargate traînait le ton gentillet de SG-1 comme un boulet. Ce ton gentillet s'est perdu dans SG:Atlantis où il est venu mourir. Reste désormais son grand-frère couillu et poilu qui vient te donner des grands coups de genoux dans tes intestins pour te faire comprendre que Stargate, c'est serious business.
Oui mais voilà, les défauts arrivent. Ça fait mal, le bébé cherche encore sa voie. Un pilote qui nous laisse présager le pire : ce geek joufflu comme un hobbit qui perce un code alien dans un MEUPORG. Puis dans les premiers épisodes, des moments "confession" face à la caméra façon télé-réalité, où les personnages expriment ce qu'ils ressentent parce que c'est plus facile de le dire que de le jouer. Quelques stand-alone particulièrement ennuyeux ("Capitaine, j'ai attrapé un parasite sur la dernière planète, maintenant je vois des morts de ma famille qui me donnent des leçons sur ma vie"). Ohlala, laissez tomber les mecs, ça a jamais été votre fort ; Déjà les moments en famille de Teal'c sur Chulak dans SG-1 c'était pire qu'un téléfilm de M6 le dimanche après-midi, mais là avec des couches de télé-réalité dessus, ça fait peine à voir.
Heureusement, l'arc narratif tout en douceur se fait un chemin lancinant, autour de quelques épisodes clefs, et parsemé de stand-alone à l'inverse étonnamment chouettes ("Time"). Les premiers contacts avec les ennemis sont vraiment classes et on échappe aux caricatures grossières du genre vampire de l'espace ou autres égyptiens disco de la mort. Le cliffhanger du season finale est plutôt correct, il prend aux tripes juste comme il faut (mais hélas pas assez). On s'est attachés aux personnages (notamment Young et Rush), ainsi qu'aux intrigues qui incluent de plus en plus la Terre.
Alors, que conclure ? SGU est une série avec un énorme potentiel. Il faudra pour l'heure attendre la saison 2 pour voir si l'essai est transformé. Tenus aux boules par l'annulation de SG-1 puis SG:A, mais supportés par le succès des films Stargate en direct-to-DVD, on peut espérer que Wright et Cooper sauront être à l'écoute des fans comme ils semblent l'avoir été au cours de la saison, à en juger par les corrections par touches apportées à la série au fil des épisodes. Il faudra profiter des leçons comprises par BSG et supprimer ces vilains stand-alone tout pourris qui penchent trop vers la nostalgie de SG-1, et se concentrer sur ce qui fait la richesse de la série : Un ton adulte, nuancé, riche, et prenant.
Définitivement une série à lire de toute urgence.