Saison 1 :
Produite par Amazon en 2016 dans l'indifférence générale malgré la présence au générique de l'honorable Martin Freeman, "StartUp" n'est pourtant pas une série "standard" puisqu'elle fait preuve d'une indéniable ambition, tant par son sujet complexe (d'un côté les nouvelles monnaies virtuelles - pas forcément très clairement expliquées aux néophytes d'ailleurs -, de l'autre Miami et son puzzle racial à l'ambiance délétère) que par sa sophistication formelle. Cet échec "commercial" s'explique probablement par le traditionnel aphorisme "qui trop embrasse mal étreint", les scénaristes ne réussissant que rarement à harmoniser leurs différentes histoires : entre la violence quotidienne d'un quartier d'émigrés haïtiens - le meilleur de "StartUp", sans aucun doute -, les exploits de hackers hi-tech, la corruption au FBI, l'arrogance de la bourgeoisie blanche friquée de Floride, et pour finir l'irruption surprise de la mafia russe, il y a ici beaucoup trop de sujets disparates et finalement trop superficiellement traités pour que le téléspectateur y trouve son content. Dans la même logique, la distribution quasi égale des rôles centraux entre 4 personnages éparpille l'attention, d'autant que l'écriture, assez flottante et ne craignant pas les invraisemblances simplificatrices, nous réserve quelques redoutables "tunnels", avant un dernier épisode plutôt réussi, il est vrai. On regrettera le choix de Martin Freeman pour un contre-emploi qu'il n'arrive jamais à tendre crédible, ni même simplement intéressant... à la différence d'Edi Gathegi, qui réussit lui à injecter un peu d'étrangeté dans ce cocktail largement raté.
[Critique écrite en 2017]
Saison 2 :
Bizarrement, j'ai fini par développer une certaine sympathie envers "StartUp, série méconnue et passablement étrange de par son mélange très hétérogène de sujets et d'ambiance. En faisant passer au second plan le personnage d'agent du FBI désaxé et ripou moyennement bien incarné par Martin Freeman et en offrant un rôle intéressant au producteur Ron Pearlman, les scénaristes ont fait le bon choix : si la répétition de la création catastrophique de GenCoin avec cette fois le design d'un nouveau Dark Net a quelque chose de téléphoné, si les personnages de Izzy et Nick sont toujours aussi déplaisants et irritants, la force et l'intelligence de l'interprétation d'Edi Gathegi élèvent la série bien au dessus des aléas de sa narration toujours aussi erratique. Les expers déploreront sans doute la simplification exagérée des aspects techniques du sujet, mais l'implication de la mafia russe dans les aspects souterrains du Net ainsi que l'immoralité et l'irresponsabilité régnant dans l'univers faussement "gentil" des entreprises high tech sont indiscutablement des sujets originaux et pertinents. Bref, pour paraphraser la jolie conclusion de la saison dans la bouche de l'agent Rask, si cette série n'est pas parfaite, "I don't care !"
[Critique écrite en 2018]
Saison 3 :
Soyons lucide, cette troisième saison de "StartUp" fonctionne sur la répétition du schéma constitutif des deux premières : une accumulation de problèmes a priori insolubles sur notre triplette de soi-disant génies, qui multiplient les mauvaises décisions et foncent donc tête baissée vers un final catastrophique - qui nous change agréablement des happy ends hollywoodiens habituels. Un programme finalement assez plaisant, même si le co-producteur et acteur Adam Brody charge particulièrement - et non sans un réjouissant masochisme - son propre personnage de faux golden boy et vrai attardé mental ! On regrettera sans doute que le fascinant Edi Gathegi ait cette fois un rôle moins passionnant que dans les premières saisons, alors que son parcours des ghettos haïtiens de Miami aux bureaux climatisés des entreprises high tech reste le sujet le plus potentiellement riche de la série.
Restent de nombreux aspects stimulants dans cette troisième saison, du personnage délicieusement taré interprété par la non moins délicieuse Mira Sorvino à un embryon de réflexion sur la responsabilité morale des "providers" d'Internet quant à l'utilisation criminelle des outils qu'ils mettent à la disposition de l'humanité - réflexion malheureusement tronquée par une conclusion ramenant la série dans les limites du thriller conventionnel-, en passant par une paire d'excellents épisodes décrivant la situation de répression d'Internet à Cuba.
"StartUp" demeure donc une série singulière et surtout prête à se coltiner avec des "issues" assez fondamentales pour notre très proche avenir, ce qui nous pousse à lui pardonner son acharnement improbable à montrer des personnages prenant systématiquement les pires décisions possibles.
[Critique écrite en 2019]
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