Nul n'est prophète en son...
Une série suisse, qui se déroule en Valais. Comme ça tombe bien, c'est mon pays et ma région. En Valais (ho certainement pas que dans ce coin) une bonne partie de la population est fascinée pour la culture américaine. Bars à la cowboy: grosses poutres et Totem magistral accueillant les clients. Bande de motards aux gilets de cuir, drapeau sudiste épinglés, grosses cylindrées HD ou shopper customisés à coup de tête de loup et drapeaux étoilés. Peaux tatouées d’attrape-rêves, indiennes nues à plumes ou toutes autres iconographies mad in USA. Tribus de danseurs Country, avec s'il vous plait, démo de Rodeo Line dans les bars le samedi soir. Serveuses aux cheveux crêpés rendant hommage à Bonnie Tyler et mini jupe en jeans (qu'on se demande où elles se fournissent puisque cet accessoire de mode n'est plus proposé en boutique depuis 1984) Hommes en chemise à carreaux rouges et alignées de pierres turquoises au poignet. Couple se donnant rendez vous dans leur Pik-Up agricole, regards amoureux surveillés par la queue d'un quelconque animal accroché au rétroviseur. Main dans la main, participant aux concours de tracteur-pulling et courses de dragster sécurisés par des Hells Angels patibulaires (oui oui y'a tout ça dans ce petit coin de la Suisse)
De Viège à St-Gingolphes vous pouvez aisément faire la route 66 valaisannes et admirer bon nombre d'établissements affichant les étoiles du drapeau cantonal aux côtés des stars de l’étendard américain. Bars, motels, campings, restaurants, garages, carrosseries, station service, boutiques ou simplement jardins, boites aux lettres et façades de bâtiments privés. Le décor est planté?
Yann Gross artiste, photographe et professeur a été subjugué par l'admiration du peuple valaisan pour la culture US et en à fait un bouquin. Inspiré par "une histoire vraie" de Lynch, il a enfourché sa mobylette et à sillonné le Valais pour immortaliser ce western suisse (sauce raclette, pas spaghetti). "Horizonville" du nom d'une station service située à St-Maurice est un magnifique ouvrage de photographies aux couleurs léchées, un peu passées qui m'avait profondément touché (et fait rire aussi par ce côté un peu voyeur puisque je retrouvais pas mal de tête connues... )
Les auteurs de la série, Romain Graf (Pixeliose - Faux espoirs) Pierre-Adrian Irlé (Big Sur - All That Remains) et Léo Maillard (Total Burn Out - Éclipse) le disent, le travail de Yann Gross les a inspiré pour cette fiction.
Oui bon d'accord et Station Horizon dans tout ça? J'y viens, j'y suis. Avant que la RTS ne commence sont battage publicitaire pour leur nouvelle série home made, je savais déjà qu'elle se créait puisqu'un appel aux figurants avait été lancé et que bon nombre de mes compatriotes à plumes relayaient fièrement l'information. Mon cynisme et mon côté con à eu très peur, tout de suite. Aï, quelle va être cette daube aux relents Son of Wallis? Je m'imaginais un film avec des acteurs du cru, qui ne sont justement pas des acteurs, une belle niaiserie à la Camping Paradise mais de chez moi....
Je me suis donc fait un devoir de m'installer devant mon écran à la diffusion du premier épisode pour pouvoir ensuite dire en toute objectivité que c'est nul! Tu vois dans quelle disposition j'étais hein! Et bien je ferme ma bouche de braillarde et je dis ok, mission accomplie.
La photographie est splendide. Les décors sont merveilleusement bien filmés, la beauté de la région est sublimée. Connaissant chaque recoin présenté, je me suis souvenue que ce que je trouve magnifique dans ma région n'est pas QUE le cliché qu'on nous vend de par le monde mais bien cette superbe mélancolie, cette tristesse érotique qu'offre le Valais par ses paysages sauvages, désertiques, voir abandonnés. Ce fantastique sentiment d'être prisonnier des montagnes, écrasés, malmenés. Un ami de voyage m'avait dit se voir arriver dans le Mordor et prenant le coude de St-Maurice.
La mise en scène est bonne, vraiment. les acteurs sont bons, très bons. La série est très bien dirigée, vraiment.
Je me suis laissée avoir par les rôles joués (mais pas par les personnages). Effectivement, le scénario est un peu en deçà de la réalisation. Ce qui donne comme impression que Joris, personnage principal, est vide. Comprenez moi: Bernard Yerlès me touche dans son rôle, il est crédible en ex taulard humain (peut-être même humaniste) et rebelle-ayant-un-coeur MAIS son rôle est vide... Ce n'est pas le jeu qui manque de profondeur mais le scénario. Tout est un peu en survol. Je garde le même sentiment pour tous les acteurs. Ils sont vraiment bons mais restent des coquilles vides.
C'est le premier épisode, oui peut-être. Mais justement c'est là qu'on installe l'intrigue, à ce moment là qu'on me donne envie de revenir la semaine prochaine pour m'attacher encore un peu plus à ce gros ourson. Et bien je trouve que là, le contrat n'est pas complétement rempli.
Quid de la vague de critiques hurlants aux clichés et aux sexisme? (ha bah oui, ils s'en ramassent pas mal les p'tits gars)
La grande féministe agaçante que je suis n'a ab-so-lu-ment pas été outrée par les personnages féminins! Non désolée. Si les rôles masculins avaient tous été présentés comme des super-héros virils et Cloonesques (de Georges, pas du nez rouge) je dis pas... Mais les hommes en prennent autant pour leur grade que ces dames.
Oui nous avons la blondasse à mini jupe et nombril à l'air, trop maquillée, aux créoles surdimensionnées. La Quinqua ridée-mais-belle-quand-même, coriace, engluée dans un mariage qui la fane jour après jour. Enfermée dans son rôle de mère poule et épouse qui cuisine des cornettes. Oui, dans ce bar glauque il y'a des filles avec des plumes dans le Q qui font du pool dance. Et puis? Rappelons quand même que la série se déroule dans ce milieu là. Et que dans ce milieu là, cela existe point.
Les mecs sont soit des mâles idiots, exhibant fièrement leurs épouses (elle est belle ma femme?) ou de sombre crétins obnubilés par leur carrière, oubliant de parler sentiment et amour une fois assis à la table du souper. De petites frappes pas encore sec derrière les oreilles mais qui jouent aux maitres du monde. Mais là, personne pour crier au scandale. Puisque il semble que tout le monde soit d’accord pour dire que ces images masculines sont la norme. Où êtes-vous, douces chiennes de garde, pour hurler à la parité de traitement?
Non, ce film n'est pas plus anti-femme qu'il n'est bêtement humain.
Détendez-vous un peu. Laissez vous faire ou alors zappez. Mais Station Horizon est une bonne réalisation qui mérite un peu plus de public que les milliers(ions) de cerveaux branchés devant Joséphine ou Top Model.
Ma critique est comme la série: beaucoup d'introduction pour un joli emballage sans vraiment de contenu...
https://vimeo.com/26171340
http://www.swissinfo.ch/fre/horizonville/163250
http://www.rts.ch/fiction/2015/station-horizon/