J'ai binge-watché les 110 premiers épisodes de Steven Universe (dit comme ça, ça fait peur, mais les épisodes ne font que 10 minutes), et, la saison 4 étant en cours, je ne vais pouvoir me prononcer que sur les 3 premières saisons.
Si vous ne l'avez pas vu, cette critique est pour vous. Si vous avez la flemme, je vous la resumerais : allez regarder Steven Universe.
Steven Universe, créée par Rebecca Sugar, est l'histoire du personnage éponyme : un garçon qui vit avec trois de ses tutrices dans une ville au bord de la mère. Ses tutrices sont trois gemmes, des extraterrestres qui protège la terre du reste de l'univers, et les anciennes compagnes de Rose Quartz, la mère de Steven qui a disparu à sa naissance.
Et je m'arrête là.
Oui, c'est une série pour enfant où Steven va grandir et apprendre à maitriser ses pouvoirs… Du classique ?
Oui, ça ressemble à votre shonen de base, diffusé sur Cartoon Network. Cependant Steven Universe va beaucoup plus loin que son postulat de base :
La première chose qui m'a frappé dans cette série, c'est sa finesse d'écriture et les choix radicaux de Rebecca Sugar dans les thèmes qu'elle aborde au fil des épisodes, toujours amenés en surcouche. L'enfant trouvera une bonne histoire, l'adulte quelque chose de nouveau et de rarement vu. Car si la série parle d'apprendre à grandir, cette action ne concerne pas que Steven. Les gemmes, isolée de l'humanité et coincée sur Terre, doivent apprendre à connaître l'humanité. Ces gemmes semblent au départ très archétypales mais sont développées au fil des épisodes avec tendresse : chacune a un passé, des motivations, et plusieurs épisodes rendent justice à ces personnages que l'on peut trouver parfois agaçant au départ.
Ce sont des personnages qui évoluent au fil des histoires, qui changent parfois d'avis, parfois de camp ou de caractère.
La deuxième chose que cette série m'évoque c'est… Est-ce vraiment une série pour enfant ? Sous ses airs doux et rigolos, Steven Universe a un univers très sombre et aborde des thématiques plutôt sombre de façon parfois frontale, utilisant le monde des gemmes comme une métaphores. Plus la série avance, plus les personnages se distordent également. Ceux que l'on pouvait penser "gentils" ne l'on pas toujours été, ont fait des choses moralement condamnables… Aucun personnage n'est vraiment neutre, ils ont juste fait des choix et continuent à en faire. J'aime quand les épisodes flirte avec des thèmes très adultes… Et prend les spectateurs à contre-pied avec ce qui pourraient paraître des anti-climax et qui pourtant vont être à une place importante : Rebecca Sugar a conscience que ses personnages sont ce qu'il y a de plus important et aiment parler davantage de leurs choix et ressentis que de leurs actions, même si la série offre de temps à autre de belles scènes d'action. J'admire l'écriture de certains épisodes qui sont capables de mettre en parallèle un plot très léger avec des événements plus sérieux presque occultés, jusqu'à ce qu'une pique sorte à la fin.
Cette série ose sortir régulièrement des sentiers battus et ose considérer des choix qui ne font pas parti de l'écriture d'action traditionnelle lors de la résolution de conflits, ce qui lui donne un côté très rafraîchissant.
La dernière chose, est que cette série chante beaucoup, des chansons originales et certaines sont des moments extraordinaires (comme le final de la saison 1). La musique est présente au travers de personnages (le père de Steven est un musicien) et des instruments se trouvent partout autour de Steven, elle nourrit les personnages.
Steven Universe est avant tout une série pleine d'humanité, sur l'humanité, et sur Steven qui est un pont entre notre monde et l'extérieur. Pour l'instant ma grande découverte de l'année 2016, et l'une des meilleures séries qui est diffusée actuellement.
Note poste critique : cette série est à voir en version originale, la version française a hélas été censurée parce que des histoires d'amour concernant des personnages genrés au féminin semblent être inappropriées pour un jeune public. Honte sur toi, Cartoon Network France.