Liberté & indépendance (même pour les femmes)
Créée par Laurie Finstad-Knizhnik, Strange Empire est une série western avec un casting presque essentiellement féminin. Peu mise en avant par la chaîne canadienne CBC, la série n’a pas bénéficié d’un lancement en grande pompe et beaucoup – dont moi – ont failli ne jamais en entendre parler. Il est question de western, d’héroïnes badass et d’affrontements la frontière canadienne. Le pilote a été diffusé le 6 octobre et a réuni 319.000 téléspectateurs. Deux autres épisodes ont été déjà été diffusés.
En plus de ne pas comprendre ce manque de promo, je ne comprends pas non plus pourquoi la scénariste Laurie Finstad-Knizhnik n’a JAMAIS été mise en avant dans les trailers promotionnels. Pour ceux qui ne la connaissent pas, il s’agit de l’une des créatrices de l’excellente série policière Durham County, qui proposait de s’attarder sur la manière dont des personnes ordinaires géraient leurs problèmes personnels. La série avait d’ailleurs connu un beau succès sur la même chaîne. Son écriture de qualité aurait sans doute pu attirer des habitués de son travail et contribuer à booster un peu les audiences de la série. Mais… non. On découvre son nom dans le générique de la série, mais rien de plus. Un beau gâchis, à mon sens.
Ça parle de quoi ?
Pour être un peu plus honnête, j’aurais pu dire que je ne sais pas du tout de quoi parle cette série précisément. Pas parce que je critique son pilote sans l’avoir vu, mais bien parce qu’à peine une heure après l’avoir vu, je n’ai absolument aucune idée de ce que j’ai vu précisément ou de ce à quoi ont été utilisées 44 minutes de ma vie… Et c’est quelque chose de vraiment inquiétant.
En 1869, à la frontière entre l’Alberta (au Canada) et le Montana (Etats-Unis). Alors que la majorité des hommes sont partis au combat, les femmes se battent pour leur indépendance, pour continuer leurs vies et faire vivre leurs familles, parfois dans le sang. Elles sont des héroïnes d’une époque difficile…
[ Allociné ]
L’histoire se déroule à la frontière entre l’Alberta et le Montana, à la fin des années 1860. Une période où les femmes sont mariées très jeunes, bien avant qu’elles ne deviennent des femmes, selon – apparemment – une coutume régionale. Alors forcément, il y a des femmes bafouées, des cris, des humiliations… c’est cru, mais ça colle avec l’ambiance voulue pour la série. On y évoque les thèmes de la liberté et de l’indépendance, deux mots qui semblent complètement absents du vocabulaire des hommes lorsqu’il est question des femmes dont ils prétendent pouvoir disposer à leur guise. Bons ou mauvais, il n’y a que « les hommes », on ne fait aucune distinction et si l’on en croit ce qui est dit, ils sont plus ou moins tous de la même engeance…
Il y a aussi les inévitables fusillades et chevaux qui se cabrent, les chapeaux de cow-boy portés négligemment, les Smith & Wesson qui crachent des balles… mais a contrario de beaucoup de westerns, Strange Empire ne mise pas tout sur les fusillades, les explosions et les scènes de combat. Au contraire, la série est beaucoup plus intime, beaucoup plus attachée à ses personnages. Et franchement ? Ca fait du bien. Les mauvaises langues diront que c’est parce que CBC n’avait pas les moyens pour faire quelque chose d’aussi sophistiqué et haut de gamme que le Hell on Wheels (produit par l’américaine AMC)… je préfère me dire que le choix est assumé plutôt que fait par défaut et à cause d’un manque de budget.
Les acteurs sont plutôt convaincants et donnent un squelette solide au pilote, malgré la manière un peu stupide dont ils sont désignés (Slotter, notamment…). Avec un peu de recul, le pilote se regarde plutôt bien, en faisant abstraction des problèmes de géographie des scénaristes (le Montana n’était pas à la frontière du Canada en 1869, et l’Alberta n’existait même pas encore à cette époque). Plusieurs thèmes sont tout juste esquissés, comme notamment la rédemption et la vengeance, ou encore une volonté des femmes de rééquilibrer la balance en s’affirmant égales aux hommes.
Rating: ★★½☆☆
Avis: Strange Empire mérite qu’on y jette un coup d’oeil. Il y a du bon, du nettement moins bon, mais au final cette série n’a pas l’air plus mauvaise que certaines autres qui viennent de débuter (et je suis assez déçu globalement par les nouveautés de cet automne). Le pilote ouvre une réflexion à plusieurs points de vue et à plusieurs voix, sur fond de drame graveleux, de sexisme, de brutalité et de racisme. Je reste quand même assez mitigé concernant la suite, parce que l’ensemble ne m’a sauté aux yeux qu’au second visionnage – le premier m’ayant laissé vraiment perplexe et peu certain de ce que je venais de regarder.