Un élève peu doué
Warning, spoil spoil spoil, jusqu’au dernier épisode. à ne lire que si vous n’avez pas vu la série, ou si vous n’en avez rien à foutre (mais alors, pourquoi lire ça ) J’ai un problème avec Stranger...
le 26 juil. 2016
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Stranger Things...
...dès que j'ai vu le premier trailer sur Netflix, je ne tenais plus en place ! Il fallait que je vois cette série, car ça m'a ramené tout un tas de trucs à la surface, oubliés (remisés ?) depuis longtemps.
Le critique réprobateur qui loge dans une partie de mon cerveau (oui, on est plusieurs là-haut, il y en a d'autres, mais ça sera pour plus tard... :) ) m'a glissé : "T'emballe pas...Encore une série où on te montre tout ce que tu dois voir de la série pour t'appâter et le reste, c'est bien pourri; tu seras encore déçu."
Même si je devais reconnaître qu'il avait raison, j'étais quand même fébrile quand j'ai lancé le premier épisode.
Mon cynique de critique (que j'imagine, allez savoir pourquoi, vêtu d'un col roulé noir avec des lunettes à monture d'écaille, en train de siroter un cognac, dans un fauteuil à large dossier - ça doit être ma vision du mec puant) me jette une nouvelle fois : "Arrête-moi tout ça...tu cherches vraiment à te faire du mal...".
Mais des dizaines de minutes plus tard...chair de poule et sourire béat sur mon visage, je n'arrêtais pas de répéter à mon épouse : "C'est énorme ! Regarde la police de caractères ! Regarde les accessoires ! Ecoute-moi cette bande son, ce synthé !"
Il faut avouer une chose, j'étais transporté, ramené des années en arrière (une grosse vingtaine, en fait) à ces étés chauds et interminables où vieil adolescent (ou jeune adulte, je ne sais plus vraiment), je lisais des romans à la pelle (90% de Stephen King, le reste de la SF et de l'anticipation) en écoutant les tubes du moment (principalement de la dance) et je matais les "Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin", "Les Goonies", "Le Prince des Ténèbres", "Le Fléau"...
A l'époque, mon colocataire le cynique n'était pas le monstre fat et imbu de lui-même qu'il est aujourd'hui (et surtout, il n'aimait pas le cognac) et j'engloutissais tout ça à une allure démente, aussi vite que S. King écrivait ses bouquins, même s'il faut le dire maintenant, bon nombre de ce que j'ingurgitais ne valait même pas le temps que j'y consacrais.
"Vaut mieux ça plutôt que de s'enfermer dans les toilettes ou de faire des conneries le soir !", m'aurait dit mon pote le critique (bon, je le faisais aussi, donc ça compte pas).
En fait, Stranger Things, c'est tout simplement un roman de Stephen King que John Carpenter aurait fidèlement représenté à l'écran...voilà, je l'ai lâché ! (vous pouvez arrêter de lire la suite, si vous voulez, j'ai balancé ma punchline.)
Alors, je ne dis pas qu'il n'existe pas de bonnes adaptations de notre ami Stephen (qu'on ne me parle pas des TommyKnockers, des Langoliers ou de DreamCatcher, par pitié !), je dis juste qu'elles sont rares et que, quand on a la chance d'en voir une (enfin, je parle pour moi), on ne boude pas son plaisir et on fonce, et c'est assez paradoxal car le Maître n'en est pas l'auteur (mais je pense qu'il a fortement inspiré tout ça).
Pour argumenter un peu, je ne vais pas m'attarder sur la manière de filmer les personnages et les lieux, sur la signification de tel ou tel plan sur l'intrigue, sur le séquencement de ces mêmes plans, (vous avez Kamel Debbiche pour ça; si vous ne connaissez pas, je vous conseille Chroma sur Daily Motion), mais sur les personnages, l'ambiance générale et l'histoire.
"Tout ça est très convenu, on a déjà lu et vu tout ça des dizaines de fois. On sait où l'histoire va nous amener, je pourrais écrire moi-même le scénario de ce truc !" m'a assené le gars en pantalon de velours côtelé, en sirotant une gorgée d'alcool dégueulasse.
Bon, j'aurais pu lui répondre que s'il était si malin, il n'avait qu'à le faire et il n'aurait pas la vie qu'il a maintenant (bon, j'adore ma vie, là n'est pas la question, en fait...).
Pour moi, le scénario est juste parfait, ça colle à merveille avec l'ambiance de l'époque : une bande de gamins dans une petite ville des Etats-Unis, dans laquelle se trouve un centre d'expérimentation Top Secret où un incident étrange se produit qui bouleverse la vie de tout le monde...
bon surtout de la mère du gamin qui se fait enlever
...les gamins qui décident de mener l'enquête, avec un bon vieux méchant/savant fou bien caricatural, et qui réussissent à...(j'arrête là, vous commencez à deviner, n'est-ce pas ?).
Tout ça est servi à merveille par une ambiance "so 80s", entre les brushings improbables des personnages féminins (mention spéciale à la mère du héros), les vélos montés façon Choppers, les télévisions à boutons et antennes et leurs spots de pubs ringards, le lycée typique avec ses tables de cours en bois...encore, encore, encore !!!
"Ok, j'ai compris, ta série, c'est une série écolo, où on recycle tout ce qui est hasbeen des studios, c'est ça ?"
Les personnages sont eux aussi caricaturaux au possible, avec le gamin vaillant au grand coeur, la mère éplorée que tout-le-monde-croit-folle-mais-qui-a-tellement-tout-compris-avant-tout-le-monde-que-ça-en-paraît-louche, le flic suspicieux au lourd passé, les sidekicks du héros (mais qui ne tombent jamais dans le cliché gênant), les gros c... du lycée, la soeur intello du héros qui se rend compte que ses fréquentations ne sont peut-être pas les bonnes...on a le droit à tout, croyez-moi.
"Ouais, bon...il manquerait plus qu'on ait le faire-valoir de l'héroïne, celle qui a des kilos en trop, des lunettes horribles, des tâches de rousseur et qui est vachement coincée du c.." a enchaîné mon critique en nettoyant le verre de ses lunettes.
Euh, et bien, elle est là aussi, et oui, elle est aussi très caricaturale, mais bon, on va pas s'arrêter là-dessus, on a d'autres trucs à dire (il a raison de temps en temps).
"Dis-moi un truc, mon gars, le mec - ou la nana, je ne suis pas sectaire - qui a fait la bande son, il aurait pas tout pompé sur notre ami John Carpenter, par hasard ?" a questionné le boulet de cynique que je me coltine.
Ben si, mais c'est fait de manière géniale et ça amène le plus énorme dont la série se sert merveilleusement bien. Le synthé entêtant (répète ça plusieurs fois de plus en plus vite) apporte avec la séquence-titre (tellement Carpenteresque, j'en frissonne) un plus indéniable à un univers dans lequel on a envie de plonger, si on est fans comme moi de ce genre particulier.
Pour conclure, je dirais que cette série peut posséder beaucoup d'imperfections (scénario convenu, personnages caricaturaux, manque d'imagination parfois...) mais c'est une série time machine et qui parle aux tripes du trentenaire (presque quarantenaire, snif) que je suis; c'est un peu ma Madeleine de Proust à moi. Je replonge dans mes souvenirs, une ginger ale dans une main, Salem/Dead Zone/Shining/Bazaar (rayez la mention inutile) dans l'autre, lisant à la lueur d'une lampe dans mon lit, alors que tout le monde dort dans la maison.
Si vous êtes fan de Stephen King et de John Carpenter et que vous avez un compte Netflix, foncez sans hésitation.
Pour les autres, abonnez-vous à Netflix (ou profitez du mois gratuit, à vous de voir).
"Bon, ça y est, tu es content ? tu as bien vendu cette série copycat ? ce pot-pourri à l'odeur trop chargée que tu mets dans les toilettes pour couvrir toutes sortes d'odeurs nauséabondes ?" ricane mon critique cynique en se réservant un verre au minibar.
Ferme-la !
...parce que même s'il a raison, il faut se rappeler ce que disait ce bon vieux Jack Burton : "Tu peux toujours tonner camarade, moi, rien ne m'étonne !"
Bon, un peu quand même; allez, je vais me mater "Le Bazar de l'épouvante"...
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Créée
le 20 juil. 2016
Critique lue 634 fois
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