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Série HBO (2002)

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Les mots manquent pour décrire cette série, adulée par les critiques presse et par les spectateurs. Elle est une des plus grandes réussites d’HBO, chaîne à succès puisqu’elle a aussi retransmis Les Sopranos, Oz, Game of Thrones, Rome ou Westworld. Il s’agit avant tout d’un succès critique puisque les audiences étaient correctes mais pas exceptionnelles. La série profite finalement sur le tard d’une redécouverte de la part des spectateurs et se hisse à la première place des séries sur Sens critique avec 9,1 de moyenne et se permet un top 5 sur Imdb. Une reconnaissance qui récompense une série à la fois ambitieuse et pertinente, qui a su se saisir de sujets complexes en les traitant avec une grande finesse. Son succès se base sur sa capacité à aborder intelligemment des évènements sensibles, tandis que ses éléments techniques n’ont rien d’exceptionnel. En effet, il n’y a presque pas de musique durant toute la série et la réalisation est agréable sans être révolutionnaire. En contrepartie, la série compense avec des forces qui font d’elle une des œuvres télévisuelles incontournables. Quand les séries atteignent ce niveau-là, je ressens un plaisir que même le cinéma ne peut me donner.


La dichotomie Gentil/Méchant mise à mal


En premier lieu, il est important de mettre en évidence l’originalité de la série. Elle nous montre pratiquement autant les personnages du bon et du mauvais côté. Si elle ne le fait pas, c’est juste que les personnages du bon côté sont plus nombreux, mais le temps d’apparition à l’écran est équivalent et parfois même plus important chez des personnages considérés comme méchants. Je vais préciser ce que j’entends par bon et mauvais côtés : les mauvais sont ceux qui côtoient les milieux mafieux, qui dealent ou qui commettent des crimes, tandis que les bons sont les policiers, les politiciens idéalistes ou les journalistes. Cette tendance à vouloir mettre les personnages dans des cases est totalement mise à mal par la série qui décadenasse nos clichés et nos sentiments premiers. Ici, les personnages du mauvais côté réussissent à devenir extrêmement attachants (la bande à Stringer Bell, sans l’omettre bien entendu), et que dire du hors-la-loi Omar, personnage fascinant et remarquable. Il se trouve d’ailleurs dans mes 10 personnages favoris, toute fiction confondue. Les bons de leur côté peuvent magouiller, mentir, tricher pour arriver à leur fin, pas forcément réjouissante d'ailleurs. La frontière est décontenancée et remplacée par une zone floue, où ¾ des personnages se trouvent. Ils ne sont ni bons ni mauvais, ils sont le résultat de leur éducation et de leurs choix. C’est une série à la fois négative parce qu’elle nous montre la quasi-impossibilité que l’on a à se sortir de l’emprise de ces cités, mais également extrêmement positive parce qu’elle nous fait comprendre que par nos choix nous sommes tout à fait capable de nous sortir de ce piège, chose que plusieurs personnages font avec succès.


Des personnages vrais


Ce qui caractérise le mieux The Wire à mon sens est le traitement des personnages. Ce ne sont pas des clichés sur pattes ou des boites parlantes totalement incohérentes et invraisemblables. Ce sont des personnages vrais, réalistes et extrêmement bien écrits. Il est vrai que le format de la série, permettant d’approfondir sur plusieurs heures les personnages de fiction facilite grandement le processus, mais cela n’enlève rien au talent de David Simon pour donner vie à de telles créations. Parce que l’on comprend leur réaction, même si nous sommes opposés à leurs choix. Ils sont d’une grande complexité et le showrunner Simon a su offrir une palette de personnages riches et variés. On a des vilains dans leur plus pur style ravageur (Marlo), des hors-la-loi se battant pour la bonne cause et possédant une conscience (Mike, Omar), des businessmen (Stinger) ou des guerriers durs mais avec du cœur (Avon). Je ne prends que les personnages du mauvais côté et j’en oublie. On s’aperçoit sans difficulté de la variété dans leur traitement, tout en sachant qu’on réussit à apprécier chacun d’entre eux (bon Marlo un peu moins sur la fin, je dois l’admettre). Quel plaisir de voir une telle aisance dans l’écriture, peu (ou pas?) de fictions ont atteint un tel niveau.


Une vision complète de la ville et de ses revers


A travers les cinq saisons, on nous montre les différents visages de ce qui compose la ville : les médias, le personnel éducatif, les représentants religieux et politiques ou la police, naturellement. Ces différents aspects sont plus ou moins creusés selon les saisons, mais globalement il y a un thème central chaque année. Et le thème est suffisamment approfondi et bien traité pour que l’on ait une idée assez claire sur la question. The Wire n’hésite pas à mettre en évidence les failles du système et les dérives de chaque centre névralgique ne sont pas occultées, bien au contraire si je puis dire. Les hommes sont bien entendu ciblés puisqu’ils sont au cœur des dérives mais le système en lui-même est vivement décrié. Le système des statistiques qui pousse les policiers à opérer à davantage de perquisitions malgré leurs effets contre-productifs. Le système qui empêche les étudiants en difficulté de se sortir de cette spirale infernale. Le système qui pousse les politiques à promettre tout et n’importe quoi pour être réélu. Et ainsi de suite. C’est magnifiquement mis en image et lorsque l’on apprécie toute forme d’intrigue complexe et alambiquée c’est extrêmement agréable.


Des intrigues prenantes et réalistes


En parlant d’intrigue, ce serait malhonnête de ne pas évoquer mon plaisir sur ce sujet. Ô combien de fois les fictions ont tenté de multiplier les sous-intrigues afin de rendre le récit plus consistant et impliquant davantage de personnages. Cela sonne très bien sur le papier et c’est une bonne idée, j’en conviens, mais c’est très difficile à mettre en place. Pour garder le cap il faut une structure narrative extrêmement solide et il faut savoir rendre intéressantes toutes les sous-intrigues. Dans le cas contraire, on risque fortement de s’ennuyer durant de longues parties d’épisodes et cela n’arrangera pas le visionnage. Sans me répéter sur la qualité du récit et de l’écriture, on peut également souligner l’intelligence dans la mise en place du rythme. Les épisodes ne sont pas compliqués à suivre mais il se passe énormément de choses, les scènes peuvent être très courtes et on suit l’avancement de l’intrigue concernant plusieurs personnages plusieurs fois dans un même épisode. Pourtant, la série ne donne absolument pas le sentiment de rush ou de vouloir aller trop vite.


Comme le fait magistralement bien The Wire, je vais conclure. La conclusion dans la série d’ailleurs, parlons-en rapidement. Sa conclusion est une immense réussite et cela à la fin de chaque saison car elle parvient à nous rappeler que ce n’est plus une simple fiction, en évitant le happy ending et en nous offrant une vision crue des choses elle nous impose à voir la réalité telle qu’elle est sans porter de gants.


Je pourrai ajouter que nous aurions besoin de plus de séries de ce genre et c’est vrai. Mais sans rentrer dans l’extrême pour dire qu’il nous faudrait plus que des séries de ce type, ce qui est important dans The Wire et qui devrait être reproduit partout c’est l’intelligence dans l’écriture des personnages et du récit. De là à dire que ça rend le spectateur plus intelligent, il n’y a qu’un pas.

MatthieuS
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le 7 nov. 2017

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MatthieuS

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