Sur écoute par Deb

The Wire possède une réputation que n'importe quel showrunner rêverait d'avoir pour sa propre série : plebiscitée par la critique et considérée comme une des meilleures de tout les temps, encensée par Barack Obama et Stephen King, décrite comme un modèle d'écriture et de cohérence.

La série a dépassé mes attentes. Loin des shows policiers caricaturaux (avec en tête CSI), The Wire est une œuvre réaliste, un classique instantané. La ville de Baltimore est dépeinte avec un tel souci constant du détail que la série semble parfois prendre des allures de documentaire ; ce parti-pris n'est d'ailleurs certainement pas étranger du fait que le créateur du show David Simon soit journaliste de métier. Sans rentrer dans une logique de dénonciation ou de critique, elle se pose avant toute chose comme un constat de l'époque, laissant le spectateur en juge du monde, matériau brut sans valeur ajoutée. Ou presque. L'aspect fictionnel n'est pas en reste avec une écriture des personnages qui bien que fine, est avant tout romancée.

La toile de personnages dépeinte demeure au final très attachante, l'empathie est présente que ce soit pour les dealers des corners ou les grandes pontes de la police. Chaque saison a la particularité de se focaliser sur un aspect particulier de Baltimore, tout en gardant en trame de fond le combat contre le trafic de drogues introduit dans la première saison. Viendra alors s'ajouter au fil des saisons la course à l'élection municipale, la défaillance du système éducatif ou encore le mode de fonctionnement de la presse locale : des thématiques variées offrant une vision large de la société américaine. Le plus remarquable reste le degré d'harmonie qui subsiste après les cinq saisons passées, cette impression d'avoir une seule fresque sous nos yeux, chaque saison se focalisant sur une partie du tableau.

Photographie des années 2000 d'une ville américaine comme tant d'autres, The Wire est comme le flash d'un bon vieil appareil photo : puissant et éblouissant, imprimant la rétine pour quelques temps.