Sur écoute par GuillermoDelPuerco
J'ai découvert la première saison il y a des années et j'avais pas vraiment été séduit, je trouvais çà lent, lourd, les personnages n'étaient pas super attachants (notamment le trio de gros glands Prez-Carv-Herc), et je l'ai même lâchée au bout de 9 épisodes... Erreur fatale. Alors j'avais décidé qu'un jour je la regarderai en m'y donnant corps et âme, car c'est çà The Wire : c'est exigeant, tu peux pas la mater comme çà pour te détendre, nan pour The Wire tu dois te concentrer pour ne rien manquer de cette histoire foisonnante...
Et ce jour est arrivé.
Si en terme de rythme j'ai trouvé les débuts de chaque saison tous laborieux, c'est tout simplement un sacrifice nécessaire qui est fait pour nous permettre de nous mettre parfaitement à l'aise et de déguster dans sa plénitude l'édifice monumental que représente l'énorme structure scénaristique de cette série. C'est imposant, çà met en scène un nombre incroyable de personnages, et qu'ils soient principaux ou secondaires (encore que l'on puisse pas dire qu'il y ait réellement de personnages secondaires) tous ces personnages sont développés en profondeur, aucun n'est sacrifié. D'ailleurs certains parallèles qui sont fait entre eux apportent beaucoup dans sa volonté de non-manichéisme (McNulty ressemblera toujours plus au braqueur Omar qu'au flic Rawls par exemple).
La grande qualité de la série c'est que ces personnages font tous partie d'un tout, rien n'est cloisonné, les frontières sont floues, tous sont sur une ligne fragile entre le bien et le mal, rien n'est oublié des tenants et des aboutissants d'une enquête, d'une élection, d'un crime et tout cela débouche sur une description et une réflexion passionnantes sur la société américaine : La justice, la criminalité, l'éducation, la politique, les médias, la famille, la hiérarchie, le changement, l'humain... Tout y passe, avec subtilité, aucune démonstration lourde.
En fait quand t'as fini de mater The Wire tu te sens moins con, t'as l'impression de mieux comprendre le monde dans lequel tu vis, c'est rare.
Jusqu'à il y a un mois je vivais avec le sentiment confortable que quoi qu'il arrive, il me restait au moins The Wire à mater... Maintenant c'est plus le cas, fait chier.