Il y a des séries qui semblent parfaites, qui te prennent aux tripes, qui te manquent terriblement lorsqu'elles se terminent. Mais en soi, il y a toujours ce petit quelque chose qui gêne, un épisode moins brillant, un épisode moins intéressant, une ambiance qui retombe, aussi infime soit-elle, et fait que le tableau final en soit (légèrement) gâché. The Wire ne présente aucun défaut. Le rythme est maîtrisé, on ne s’ennuie pas un seul instant et le soin apporté à l'intrigue est à chaque fois impressionnant. La mise en scène est nerveuse et se marie à merveille avec le images de la ville de Baltimore.
Résumer la série est impossible. Pour schématiser grossièrement, elle raconte les actions d'une brigade spéciale de la police contre différents maux de la ville de Baltimore. L'originalité qu'elle présente rend la chose impossible. En effet, à chaque nouvelle saison elle introduit une nouvelle fournée de personnages, et se concentre sur un autre aspect socio-économique de la ville de Baltimore.
Baltimore justement. Sale, grise, oppressante, et tellement cruelle. Elle sue la violence, la corruption et le mensonge à travers chacune de ses rues, mais pourtant, elle nous semble tellement naturelle, tellement vraie. Elle est omniprésente, un personnage à part entière de la série, toute aussi cruelle que les gangs dans les tours ou certains membres de la police.
Si toutes les saisons sont toutes d'un niveau exceptionnel, il reste que la quatrième est un sommet jamais atteint. La saison parfaite, la meilleure à ce jour qu'il m'ait été donné de voir dans une série. Et pourtant, dans The Wire, les 4 autres ne sont pas en reste. Mais là c'est juste incroyable, la charge émotionnelle qui se dégage, avec cette violence crue dans les gestes et dans la paroles des personnages. Et ces événements terrible qui se succèdent à l'écran comme une implacable vérité, une fatalité pour les personnages qui ne font que subir, qui ne peuvent agir.
Vraiment une saison parfaite, qui à elle seule vaut 10 longs métrages de qualité sur le même thème.
Le manichéisme est totalement absent, chacun des différents camps essaye de survivre au final. Il n'y a pas de gentils dans cette fresque violente et sanglante. C'est chacun pour soi et bienvenue dans la jungle dense et dangereuse qu'est Baltimore. Il n'y a pas de sympathie, il n'y a pas de soutien. Pas même entre les membres de la police qui essayent par dessus tout de se rejeter des meurtres gênants sur le dos des autres, pour pouvoir garder le taux de résolution à un niveau raisonnable. Oubliez le complexe du héros, ces hommes capables de tous les miracles. Aucun personnage de The Wire ne peut s'identifier au spectateur, et ainsi garder ce réalisme au plus près de nous. Il y en a bien un ou deux qui sortent du lot, comme Omar, sorte de vengeur violent et imprévisible, un personnage à la personnalité vraiment intéressante.
On pourra également noter qu'il n'y a pas de réels personnages principaux. Tous ont une psychologie poussée à un certain niveau, de sorte à ce que la série soit assimilée comme étant un tout, et pas seulement les aventure de machin et truc contre le crime.
La série est un tout. J'aime l'assimiler à une suite de romans, où les saisons seraient les romans et les épisodes, les chapitres. Chaque saison prend le temps de se construire pour mieux éclater lors de finaux impressionnants. Elle brille par son réalisme fou, qui se matérialise dans une scène que j'apprécie énormément. Comparez ceci : http://www.youtube.com/watch?v=vx0xulrOsgQ
à ceci : http://www.youtube.com/watch?v=mznsEcZlM2I
D'un côté vous avez un travail physique de reconstruction, et de l'autre un guignol qui met ses lunettes de soleil. D'un côté, la dureté du langage, probablement très proche de la réalité, et de l'autre un bouffon qui fait des jeux de mots à la con. Bref, je ne m'étend pas, j'espère que vous avez compris mon point de vue.
The Wire restera à jamais une série différente, un monde totalement à part du reste de la télévision américaine et internationale. Elle a pris une dimension de plus en plus importante au cours de ces dernières années, la cataloguant même (et à juste titre) comme étant la meilleure série de tous les temps. Elle restera une magnifique fresque sociale et policière, repoussant les limites à chaque épisode de chaque saison.
Un bijou parmi les bijoux, un chef d'oeuvre de la télévision contemporaine. David Simon, tu es un génie !