The Wire est à la série télé ce qu'un dunk de Michael Jordan est au basket, ce que le Requiem de Mozart est à la musique ou encore ce qu'un rire de Christophe Lambert est au nanar : ce qui s'approche le plus de la perfection dans son domaine.
Ne l'ayant découverte qu'en 2008, soit une fois les 5 saisons achevées et 6 ans après la diffusion du premier épisode, ma première réaction à été de me dire "Comment ai-je pu passer à côté de ça pendant tout ce temps ?".....
En y réfléchissant bien, je me suis vite rendu compte que le nom de la série avait du parvenir jusqu'à mes oreilles de geek averti dès 2003-2004. Malheureusement son titre réducteur ne m'évoquait qu'une énième série traitant d'un énième service de la police de nos amis américains. En effet, de la crim au FBI en passant par les narcotiques et autres affaires classés, le manque de créativité de ces séries stéréotypées focalisées sur un département d'investigation est pour ainsi dire rédhibitoire pour quiconque ayant un minimum d'estime pour lui-même.
Un indice de taille aurait pourtant dû m'alerter sur mon erreur de jugement : la série n'avait jusqu'à lors (et jusqu'à aujourd'hui) pas été diffusée sur TF1.
Erreur de taille donc, puisqu'ici, en utilisant le prétexte de suivre une équipe réalisant des écoutes téléphoniques pour le compte de la crim' et des narcotiques, David Simons (et Ed Burn) nous offre une véritable immersion dans la criminalité de Baltimore, des cités aux politiques en passant par les dockers ou les bureaux de rédaction du journal local.
Contrairement à toutes les autres séries policières diffusées, le récit s'intéresse autant aux forces de l'ordre qu'aux petits dealers des tours de cité ou qu'aux indics toxicos. On passe du temps avec eux, on comprend leurs choix, leur absence de choix et on abandonne assez rapidement toute notion de bien et de mal, si chère à toutes ces séries/films/reportages qui matraquent les mêmes commandements encore et encore, pour mieux exclure ceux qui refusent de rentrer docilement dans le rang.
L'écriture du scénario mais surtout des différents personnages de la série est considérablement étoffée par l'expérience journalistique de David Simon au Baltimore Sun ainsi qu'à celle de la carrière d'Ed Burns au sein de la police de la ville. Les situations, les réactions, les non-réactions, les attentes, les échecs sont criants de vérité Pour renforcer ce côté documentaire, les personnages sont parfois campés non pas par des acteurs professionnels mais par des anciens membres de gang, et le décor même de tournage est gracieusement prêté par les dealers.
Autre singularité intéressante de la série : il n'y a pas de musique d'ambiance. Pas de piste sonore rajoutée pour densifier ou inséminer de l'émotion dans telle ou telle scène, comme si, et finalement parce que, cela est inutile.
5 saisons après le premier épisode, on a vraiment l'impression d'avoir côtoyé tout ces personnages, d'avoir partagé leur douleur, d'avoir vécu un peu de leur quotidien tout au long de la série...... Et lorsque elle s'achève une autre question apparait presque immédiatement : "Et maintenant ?"
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