Baltimore blues

The Wire (ou Sur écoute), c'est avant tout une immersion totale et irréversible dans un univers urbain complexe. Avec ses 5 saisons, c'est le genre de série dont on se délecte goulûment et une fois lancé, impossible de s'arrêter. Meilleure série du top 111, devançant facilement les déjà cultes Breaking Bad et Game of Thrones, The Wire a su conquérir, des années après sa sortie, le cœur de millions de fans et ce malgré des audiences à l'époque relativement faible avec 2 millions de spectateurs en moyenne par épisode aux Etats-Unis. Son statut de série culte a été acquise grâce au bouche à oreille lors de la sortie DVD.

Deux ans après la série The Corner, qui fit clairement office de mise en bouche de 6 épisodes, on retrouve David Simon épaulé par Ed Burns, un ancien détective de Baltimore ayant travailler aux homicides et aux narcotiques, pour cette épopée d'une toute autre envergure. David Simon, qui fut journaliste au Baltimore Sun pendant 12 ans, était spécialisé dans les affaires de crime et avait suivi le département de police de la ville pendant plus d'un an. Cette plongée dans la criminalité et le quotidien des forces de l'ordre de Simon, ainsi que les expériences de Burns, apportent à la série une crédibilité et un travail de fond qui manquent à la plupart des séries, en particulier les policières.

The Wire implique un maelstrom de personnages. Du gangster au policier, en passant par le politique, le journaliste ou le docker, tous les âges, professions, sexes ou couleurs y passent. Tout se passe à Baltimore, mais chaque saison aura sa particularité et permettra de dresser un portrait complet de la société. Au final, seul les deux premières saisons prennent des allures de cop show. La première se focalise sur la lutte contre le trafic de drogue au sein des quartiers ouest de la ville et la seconde sur la lutte contre la contrebande transitant par le port de Baltimore. La troisième saison se concentre sur le pouvoir politique et la dure et implacable course à la mairie de la ville. La quatrième saison, certainement celle qui se rapproche le plus de The Corner, parle de la jeunesse des quartiers défavorisés dont l'environnement les tire sans cesse vers l'échec scolaire et les pousse à s'écarter du droit chemin. Dans cette saison, la lutte qui est décrite est certainement la plus dure de la série, car c'est une lutte contre les siens, que ce soit sa famille ou ses amis, et contre un environnement hostile à la réussite de part l'attrait à l'argent facile, la pression policière, la drogue omniprésente et la précarité poussant à commettre des délits. La dernière saison est quant à elle, une immersion dans un journal de la ville où le spectateur côtoie les différents reporters et leurs aventures sur le terrain, mais aussi dans leur bureau.

Une des forces de la série réside dans ses personnages charismatiques, complexes, que l'on retrouve au fil des saisons et dont on suit l'évolution. Que ce soit l'inspecteur Jimmy McNulty avec son incroyable talent de policier, ses problèmes de boisson et sa grande gueule ou le Robin des bois de Baltimore, Omar Little et son incroyable sens de la survie, rien n'est édulcoré chez les personnages de la série. Chaque protagoniste est unique de part un caractère bien distinct et une histoire propre.

The Wire est une grande fresque sociale à découvrir impérativement, formée par un condensé de thèmes (politique, journalisme, police, gangs) et un condensé de vies.