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Série HBO (2002)

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The Wire est souvent comparé à la série "The Shield". Vouant un culte à cette dernière et aux nombreux échos élogieux que j'ai eu sur The Wire, je me sentais un peu obligé de la regarder. Pour voir.

Mais cette comparaison est trompeuse car The Wire et The Shield sont deux séries diamétralement opposées. Si le thème de base est le même (la drogue et sa criminalité dans une ville US), elles ont un cheminement bien différent.
Là où The Shield remplissait avec brio le rôle de "cop show" parfait, The Wire va plus loin, quitte à aller à contre-courant de la plupart des séries des années 2000.

Ici pas (ou peu) de manichéisme , pas (ou peu) de cliffangher, pas de musique, encore moins de scène "choc". Non, la série préfère donner tour à tour la parole à l'ensemble de ses protagonistes pour décrire, parfois de façon très documentaire, la réalité de la vie au jour le jour dans la ville de Baltimore.

La grande force de The Wire se situe dans son absence de jugement.
On suit, le long de 5 saisons, le parcours de ses personnages.
Qu'ils soient du côté de la loi ou non, tous (sauf rares exceptions) ont leur moment de gloire et leur côté sombre. On vit leurs joies, drames, montées en grade ou leurs déchéances. Crier au "vu-et-revu" serait impromptu tant The Wire, à la différence de ses comparses, prend le temps pour ses personnages.
De les présenter, de les impliquer, de les étoffer. Cela donne un côté très spécial au show qui bouleverse bon nombre de codes sur son casting. Déjà car on se retrouve à apprécier certains personnages pour les repousser quelques épisodes plus tard.

Mais cela se traduit aussi en une très grande complexité dans leurs rapports humains. Les intrigues, très travaillées, multiplient tant les dilemmes entre personnages qu'il est parfois dur de prendre partie. La délimitation "du bien et du mal" si chère aux séries US s'en retrouve totalement chamboulée et c'est par moments totalement jouissif. Et réel. A la question : "les rapports humains ne sont-ils que des relations d'intérêt ?", The Wire répondrai par l'affirmative. Et on suivrai son avis sans sourciller.

Bien sur, il faut rendre hommage au casting de la série qui parvient à la rendre parfois si véridique. La plupart sont des acteurs peu connus mais subliment leur rôles. Citer tous les personnages charismatiques serait une gageure mais on pourra au moins mentionner Omar, Stringer, Daniels, Bodie et Bubbs. D'ailleurs, les personnages évoluant beaucoup durant ces 5 saisons, il n'est pas rare d'avoir des préjugés négatifs qui seront rendu caduques un peu plus tard. Ou inversement (ah Marlo ...)

Les 5 saisons formant un tout, il est agréable de voir la continuité des intrigues et de la série dans sa globalité. On ressort des 5 saisons avec le sentiment de n'avoir rien oublié, d'avoir eu toutes "ses" réponses, bref d'avoir bouclé la boucle. C'est assez rare pour être signalé.

Une mention spéciale au Serie Final qui clôt magistralement la série. La cohérence et l'intégrité du show ont guidé les scénaristes jusqu'au bout. Ça aussi, c'est assez rare pour être évoqué.

Mais, car il y a toujours un "mais" la série n'est pas parfaite. Exigeante, The Wire impose une certaine rigueur à ses spectateurs. Et lorsque la série dévie de cette ligne directrice, ça surprend. Dès lors, on notera quelques raccourcis faciles (l'intrigue de la saison 5 notamment), des personnages parfois vraiment clichés (Mc Nulty), ainsi que quelques heureuses coïncidences.
Bien évidemment il s'agit là d'éléments mineurs mais dans The Wire qui met un point d'honneur à viser l'excellence, ça fait un peu tâche.

Autre petit point négatif, la ville de Baltimore. Personnage central de la série, elle a malgré tout un traitement un peu "au rabais" qui peut se résumer à deux bureaux de police, un port et 3 "corners". Un peu light.
Il faudra attendre le Serie Final pour avoir une vue (encore) plus globale de Baltimore. Dommage.
Enfin, on pourra critiquer le rythme parfois lent de la série qui n'est pas toujours justifié. Mais ce serait chipoter.

Au final, on ressort de la série en ayant l'impression d'avoir vu un "truc à part" et qui pose "les bonnes questions". Pas vraiment une série à part entière, ni un docu-fiction. Plus une chronique de notre société sans partie pris. Mais avec une légère pointe de pessimisme et d'ironie.
.
La série ultime ? A mon avis, non. Mais dans mon top 5.

"Mos Def".

univiversal
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Créée

le 2 mars 2011

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univiversal

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