Si il y a bien une oeuvre du petit écran qui peut se vanter d'être culte, c'est The Wire.
The Wire qu'est-ce que c'est ?
A première vue, lorsqu'on lance le pilote, on peut s'attendre à une série policière plutôt classique, et donc perdre de l'intérêt pour cette série. Mais ce serait là commettre une des plus grosses erreurs de sa vie.
Car oui, Sur Ecoute, c'est bien plus qu'une vulgaire et énième série centrée sur un groupe de flics, c'est une vision critique et réaliste de l'Amérique urbaine. En effet, il y a beau avoir une multitude de personnages, tous plus parfaitement écrits et interprétés les uns que les autres, The Wire concentre toute son attention sur UN personnage central, Baltimore.
Baltimore, la 20e ville la plus peuplée des USA, la plus grande ville de l'état du Maryland, la 12e ville la plus dangereuse des Etats Unis, une ville où 25% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ...
La ville, sa crasse, ses dangers mais aussi sa beauté, c'est là le principal sujet de Sur Ecoute.
Et pour nous présenter la ville de Baltimore, David Simon, journaliste au Baltimore Sun, qui avait suivit pendant toute une année la brigade criminelle de Baltimore, décide de nous montrer toutes les facettes de cet univers urbain à travers ces habitants. Gangsters, Dealers, Flics, Politiciens, Journalistes, SDF, junkies ... tous ces personnages sont différents, ont des vies, des peurs, des rêves différents, et pourtant ils se caractérisent tous par un point commun, un seul, ils sont tous uniques, mais sont tous égoïstes. Ce qui compte, c'est soit-même.
The Wire, c'est le Game of Thrones du XXIeme siècle, tout le monde joue à un jeu, une danse de la mort, soit fatale, soit gagnante. Tout le monde risque sa peau pour espérer atteindre une vie meilleure, mais ces objectifs sont eux-même tous singuliers, la richesse, le pouvoir, l'amour, la réussite professionnelle, personnelle ... Pour les accomplir, chacun est prêt à tuer père et mère, mais la série s'abstient bien de les juger, d'ailleurs, tous ces rêves sont montrés comme plus sombres et malsains les uns que les autres, mais aussi profondément humains.
The Wire, c'est un pamphlet, un pamphlet en 5 tomes, en 5 saisons, indissociables les unes des autres, et pourtant toutes indépendantes.
- La première se concentre sur la guerre de la drogue, guerre entre
criminels et forces de l'ordre mais aussi guerre entre gangs, entre
voyous.
- La seconde prend le parti de suivre la vie de dockers, dans une
ville où les ports sont déserts et la pauvreté coule à flot, et des
syndicats.
- La troisième est centrée sur la vie politique à Baltimore, les
campagnes électorales, les pots de vin et coups de surin dans le dos.
- La quatrième nous présente le système éducatif de Baltimore, on y
voit que l'école tient un rôle très important, rôle qu'elle ne peut
accomplir.
- Et enfin la cinquième se concentre sur le journalisme et
l'information.
Qui dit réalisme dit drame, ne vous attendez pas à des happy ends chaque fin de saison, à des criminels derrière les barreaux et des flics heureux professionnels et irréprochables, ne comptez pas sur l'apparition de clichés, de manichéisme voire même d'un bon Deus Ex Machina, histoire de sauver ce personnage que vous aimez tant.
La vie est dure, la vie est une pute et tout le monde veut votre mort, surtout si vous êtes un saligaud, ou que vous trempez dans des histoires pas nettes. La plupart du temps, les flics sont incompétents voire pire, pourris, les politiques sont corrompus et les criminels s'en sortent sans trop de soucis.
C'est ça The Wire, c'est une leçon de vie, regarder cette série, ce n'est pas juste passer un bon ou mauvais moment devant une oeuvre de fiction, aussi parfaite soit-elle, c'est un devoir, un devoir presque républicain.
Nous qui vivons au XXIeme siècle dans une démocratie, dans un pays occidental, il nous faut regarder The Wire, car elle témoigne de tous les maux de notre société contemporaine, mais aussi de toutes ses qualités.
Regarder The Wire est quelque chose d'important, non seulement pour assister au déroulement d'un chef d'oeuvre de fiction, mais également pour devenir un témoin de son réalisme, et de la vérité que cette série transporte, et devrait, à même titre que l'on enseigne l'éducation civique, être diffusée dans les lycées, car aucun bouquin de sociologie ne parviendra jamais à atteindre ce niveau d'exactitude.
Come on Larry, let's go HOME.