Survivors
Survivors

Série BBC One (1975)

Il est rare qu'une série dramatique me marque ; en général le format finit par décrédibiliser l'oeuvre à mes yeux (personnages qui tournent en rond ou bien qui font/deviennent n'importe quoi parce que les scénaristes se voient obligés de les complexifier après 20 épisodes), je privilégie donc les séries anglaises qui ne comportent que quelques épisodes par saison. Survivors, la version de 1975, possède 13 épisodes par saison, 3 saisons en tout ; j'ai pris ma claque.


SAISON 1 : 10/10

La série est très intelligemment écrite : un fil conducteur assez léger (survie, puis retrouver un enfant, puis survie en groupe et gestion du groupe) vient rythmer les épisodes ; en même temps, chaque épisode raconte une histoire, un point de vue, exploite un sous thème lié à la survie et à ces autres fils conducteurs, une histoire donc qui commence et finit mais qui permet d'amener de nouveaux personnages, de complexifier les rapports des personnages, de tisser de nouveaux liens. Le rythme de chaque épisode est assez lent et la mise en scène est très sobre (pas de musique, un montage très simple, des plans contemplatifs) ; cette méthode permet aux auteurs de développer les personnages. Il restait tout de même la crainte d'un certain misérabilisme au vu du sujet et des longueurs, ce n'est heureusement pas le cas.

Outre une écriture de qualité respectant les codes du bon scénario, on peut saluer bien bas l'aspect sociologique qui y est développé et qui ne laissera pas de marbre l'amateur de cette science. Les personnages évoluent de façon crédible malgré les surprises (Greg qui passe de 'solitaire individualiste' à 'gardien de la collectivité') et les agencements des différentes micro-sociétés rencontrées semblent aussi logiques que réalistes.

Il reste tout de même quelques points sombres lorsqu'on y réfléchit un peu plus ; ainsi l'on peut s'interroger sur l'état des usines et autres centrales qui auraient dû exploser avec la disparition d'un personnel surveillant, et ce avec de terribles conséquences. Cela aurait pu ajouter quelques péripéties supplémentaires (certaines régions seraient alors à éviter).

Bref, cette première saison m'a conquis ; j'ai maintenant hâte de découvrir la suite, espérant que la qualité d'écriture et la sobriété de la mise en scène ne déclinent pas au fil des épisodes des saisons 2 et 3.


SAISON 2 : 9/10

Cette seconde saison commence de façon très abrupte. Le lieu a changé, on ne retrouve pas tous les personnages de la première saison... bref, le spectateur perd ses repères dès le début. Les conséquences sont quand même graves car il est difficile d'adhérer de plein pieds aux évènements. Il faut recommencer tout le procesus d'identification, apprendre à connaître ces nouveaux personnages, faire le deuil des anciens dont nous ne savons que peu de choses sur ce qu'il leur est arrivé...

Après deux épisodes de transition, donc, ça reprend bien, on se refait à cette nouvelle bande dans cette ferme et dès lors les auteurs prennent le chemin de thématiques plus importantes. Ceci dit, la saison2 diffère de la première ; en effet, la première montrait un monde postapocalptique nerveux, chaotique, où il importait de survivre dans l'immédiat (on retrouvait alors des micro sociétés en quête de territoire etc.) Dans cette seconde saison, la donne a changé, puisque cela fait plus d'un an que la grande épidémie a eu lieu (je rappelle que les héros ne sont toujours pas à l'abri de contracter cette maladie) et les micro sociétés ont maintenant réappris à s'organiser tant bien que mal, et si la survie sert toujours de leitmotiv, la routine a elle aussi pu s'installer. De nouvelles questions se posent alors sur la condition humaine : comment envisager cette nouvelle vie qund on a connu une vie de luxe où l'on pouvait choisir son travail, se divertir sans peine ; en effet, maintenant, chacun doit faire ce pour quoi il est le plus doué et le jeu est un luxe que l'on ne peut se permettre qu'en de rares occasions. Cette problématique n'est qu'un exemple, bien sûr, et n'est traîtée qu'au travers d'un ou deux épisodes. Bien d'autres sujets sont abordés, toujours avec intelligence.

Par rapport à la forme, on peut féliciter la production d'imposer ce style épuré, sans musique mais une mise en scène digne d'un bon petit film. Les acteurs sont toujours bons. Précisons aussi que certains personnages méritent des gifles tant leurs agissements sont stupides (quoique logiques).

Bref, cette seconde saison est légèrement moins bien que la première, mais toujours de très bonnes qualité grâce à une recette inchangée ; disons que le début déconcerte, déçoit par l'absence de figures fortes (il faut un peu de temps pour remplacer Abby, personnage important pour contre balancer le charismatique Greg) ; aussi on peut reprocher la longueur un poil excessive (10 épisodes auraient suffit). Il me tarde désormais de découvrir l'ultime saison de 12 épisodes (espérant qu'il y a une fin)!


SAISON 3 : 6/10

Une belle chute qualitative pour cette troisième saison. C'est regrettable au vu de la qualité des saisons précédentes.

L'idée de base est bonne : Greg, qui partait à l'aventure dans le dernier épiode de la saison 2, n'est toujours pas rentré ; Charles et Jenny partent à sa recherche. C'était là l'occasion de revenir sur l'évolution des différentes micro-sociétés rencontrées auparavant ou pas et ce au travers d'un fil conducteur fort similaire à celui de la première saison.

Hélas, les auteurs ne montrent pas vraiment d'évolution, si ce n'est quelques vagues progrès techniques. L'ellipse enter les deux saisons, déjà, n'est pas suffisamment longue pour pouvoir insérer un progrès plus vaste. C'est dommage. La saison 3, même si elle comporte de bonnes idées, semble surtout être une redite des situations des saisons 1 et 2.

Pire, car si le charismatique Greg est absent, il faut bien combler son vide avec d'autres personnages. Charles est un bon choix. Dommage seulement qu'on ne revienne pas assez sur ses idées déviantes de la saison 1 (engrosser lui-même un maximum de femmes). Jenny est insupportable. Son personnage est devenu moralisateur. Abby de la saison 1 avait tendance à insuffler un côté moral aux actions du groupe que l'on suit, mais c'était toujours contrebalancé par la raison qu'amenait Greg. Jenny n'en fait qu'à sa tête. Elle est d'autant plus insupportable qu'elle agresse toujours tout le monde, ne sourit jamais. Le genre de personnages à poser des problèmes aux autres mais qui n'en résoud rien et qui surtout ne se remet jamais en question. Greg n'est pas totalement abandonné. Son évolution étonne de façon positive. Seulement voilà, malgré tout, il n'y a pas de véritable personnage princnipal pour porter la saison. Le relais n'est pas totalement transmis et cela manque. On sent que les auteurs veulent faire de Charles le héros dans un premier temps, mais qu'ils changent d'avis.

Côté mise en scène, j'ai l'impression que le budget était moindre. Déjà il n'y a que 12 épisodes, et au vu de la fin ça aurait pu continuer indéfiniment. Est-ce que la production a tout simplement coupé les vivres? Déjà durant ces 12 épisodes, les lieux sont moins crédibles, les costumes peu variés, le maquillage pas toujours convainquant. Cette série n'a jamais eu besoin de beaucoup d'argent pour convaincre du côté post apocalyptique, mais les réalisateurs de cette ultime saison ont dû mal à trouver le bon cadre, le bon ton. Les micro-sociétés nouvelles sont trop similaires à celles des saisons précédentes, comme si l'on n'avait pas eu d'autre choix que de retourner au même endroit en changeant les axes de vue.

Bref, la saison trois déçoit par un manque d'idées claires, et par une mise en scène moins efficace. Ca reste intéressant à regarder, mais beaucoup moins passionnant.



Conclusion générale (comme à l'école) : Survivors (1975) est une série atypique de science fiction dans le sens où l'on prend le temps d'aborder des phénomènes de société ; les personnages mis en scène sont variés et intéressants, du moins jusque la fin de la saison 2. Je recommande cette série pour ses deux premières saisons.
Fatpooper
8
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Créée

le 2 mars 2013

Modifiée

le 19 mars 2013

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Fatpooper

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