Regardez pour les sabres laser.

La seconde saison de Sword Art Online possède, comme la première, ses hauts et ses bas. Il est cependant difficile pour moi de l’évaluer, car elle relève plus du plaisir coupable que du véritable coup de cœur.

Pour commencer avec l’arc Phantom Bullet, il est de grande qualité. Relevant très bien le niveau, par rapport au deuxième arc de la première saison, il a le mérite d’être autre chose que du remplissage. Il possède une originalité propre, ranimant le concept de la mort possible dans le jeu sans pour autant copier complètement le concept du tout premier arc. Pour organiser ma pensée, commençons par ce qui se passe dans le monde réel.
On est introduit à la nouvelle dimension du personnage de Kirito, qui dépasse le simple joueur et entre dans une forme de vie active : il sait conduire, travaille pour un salaire, perdant l’aspect no-life caricatural qu’il avait fini par adopter. On peut regretter de voir très peu de sa relation avec Asuna, alors que se retrouver dans le monde réel était... leur objectif absolu. On peut cependant noter comme qualité un ton un assez mature de la réalité, avec notamment le traumatisme du personnage de Sinon, et l’aspect louche et négatif pris par les VRMMO, contrastant avec le manichéisme de l’arc 2.

On voit cependant assez peu de scènes se déroulant dans le monde réel. Parlons donc de ce qui compose l’essentiel de la série : le jeu. Le monde de Gun Gale online a, pour ainsi dire, une putain de gueule. Une immense forteresse, mêlant moderne et médiéval, des armes à feu qui, sans être originales, comportent des sabres lasers (c’est honteux de ne pas les nommer comme ça, l’apparence comme les bruitages sont exactement les mêmes, mais bordel qu’est-ce que c’est classe), un monde entier qui a vraiment une âme, une ambiance, dont on aimerait voir plus. Le monde détonne vraiment du féérique de AlfHeim Online. Esthétiquement, donc, c’est de la très bonne qualité, c’est beau, c’est classe, et c’est original : rien à redire. Les musiques contiennent à nouveau ce frisson d’épique, elles aussi avec une teinte plus moderne, c’est vraiment agréable à entendre, mais également très oubliable. Quant aux personnages, l’évolution de Kirito est cohérente, c’est un personnage qui a résolu ses dilemmes et questionnements, il peut donc avancer sans réel changement de comportement. L’histoire qui le force à accepter ses crimes et son passé a le mérite de se renouveler, et d’apporter un ton sérieux, cette fois non pas à l’histoire, mais à ses protagonistes eux-mêmes : dans l’Aincrad, la réalité était sombre, sérieuse, mais les personnages ne l’étaient pas : je pense à Klein, aux vieux pêcheur, … Ici, au contraire, l’histoire amène les personnages à être sérieux, mais le monde ne l’est pas particulièrement (il est même plutôt absurde, quand on voit le look de certains joueurs en cow-boy ou spacesuit). Encore une fois, changement de ton, originalité, ça manquait. Le personnage de Sinon est un peu plus développé que les habituelles filles membres du fan-club de Kirito (je suis presque sûr que ça existe, sérieusement ça en devient un running gag, ce mec se fait une fille par épisode). Cependant, son traumatisme amène une fragilité lui donnant bien trop souvent le costume de la demoiselle en danger, ce qui est une facilité d’écriture récurrente en particulier dans cette série. Et même si la série tente parfois de lui donner une certaine classe, particulièrement pendant les derniers épisodes, elle manque cruellement de charisme.

Enfin l’histoire. Si elle ne comporte pas vraiment de retournement inattendu, et comporte même une jolie incohérence (on peut se demander comment les inspecteurs chargés d’étudier les morts précédentes n’ont pas pu avoir dans l’idée la façon dont les meurtres se sont vraiment déroulés, mais je ne veux pas parler de ça) : si le personnage de Death Gun regarde sa montre avant de tuer, en faisant son exagéré signe de croix, ça implique que la mort des personnages est programmée à une certaine heure. Ce qui est peut-être pratique en apparence, mais dans ce cas, comment Sion peut-elle être en vie, alors que Death Gun allait tirer sur elle, impliquant que l’heure du crime était arrivée ?
Mais, en dehors de cette partie, rien de particulier à souligner : le scénario utilise à nouveau de nombreuses facilités (comme par exemple, la façon dont Kirito récolte l’argent), mais cela sert à nouveau l’action, et c’est ce qu’il faut demander à ce genre d’œuvre, pas plus.
Ladite action est vraiment excellente, avec cette utilisation des déformations des visages qui balance un cachet aux scènes et une intensité vraiment appréciable. Les plans ne sont pas particulièrement dynamiques, c’est complètement exagéré, mais, ça marche, et ça marche même très bien.

Je passerai très rapidement sur l’arc final, puisque c’est purement et simplement un honteux remplissage, même si ça développe un peu le personnage d’Asuna, ce qui est bienvenu. L’histoire avec sa mère est vraiment clichée, mais des scènes comme sa balade avec Yuuki sur l’épaule font mouche, aussi prévisibles qu’elles soient.

Et donc, c’est difficile pour moi de noter SAO. Parce que, même si je sais que l’histoire est mal écrite, clichée, que les personnages le sont tout autant, que le script est bourré de facilités scénaristiques, que le cadreur est un pervers notoire, je ne peux pas m’empêcher d’adorer, rentrant dans l’ambiance de chaque scène naturellement. Plaisir coupable, ça donne un 6. Mais un joli 6. Un 6 doré. En tous cas, quelle que soit la note, j’attends la prochaine saison, et je pense qu’elle me fera rêver.