La production de cet anime sur la franchise Terminator est plutôt surprenante, et aura tôt fait de rappeler l'exercice The Animatrix, ou Blade Runner: Black Lotus, dans le sens ou c'est la pop culture américaine réadaptée dans le medium phare de la télévision japonaise. On penchera plus sur la comparaison avec la Matrice au vu du style d'animation essentiellement 2D, et usant même de techniques à l'ancienne du studio Production I.G, dont certains plans rappellent sans mal les celluloïds de Ghost in the Shell. Le dessin à la main est priorisé et sublime cette mise en scène très urbaine, rétro et noire (avec ces lumières néonisées), à l'image des premiers épisodes de Cameron. On devine le grain dans l'atmosphère visuelle, les traits d'ombrage, et une colorisation hétérogène. Les scènes de villes sont foisonnantes et le chara-design adopte un trait plus oldschool. Quelques scènes plus surréalistes proposent une imagerie fascinante. Toutefois, l'emploi de CGI et 3D se montre maladroit, tant sur les véhicules, les mouvements de caméras, les hologrammes d'IA, ou certains persos trop rigides. Musicalement, on est immergé dans cette revisite d'univers grâce à un très bon sound design, le thème repris de Fiedel, des sonorités à la Kenji Kawai, et les plages électroniques fatalistes de convenance pour l'apocalypse à venir.
L'anime n'est pas une digression et s'insère dans la chronologie de la saga. Il évite les erreurs en se déroulant en 1997, sur le sol japonais, un peu avant le Jugement Dernier. Cela permet une certaine liberté et offre un point de vue différent en contextualisant la société japonaise et son développement d'automates. On y suit un Docteur en recherche d'IA qui essaie d'empêcher cet avènement de Skynet. Sans surprise, l'humanité en prend pour son grade, avec sa science destructrice, ses guerres, et tout un pamphlet moralisateur. Et, comme tout bon épisode sur le sujet, le futur retourne dans le passé via un Terminator envoyé pour assurer la réussite du soulèvement des machines. Ce n'est que sur les deux derniers épisodes que la véritable colonne vertébrale du scénario se dévoile, en une variation fascinante et prenante des films américains. On y trouve des thèmes similaires à ceux de Ghost in the Shell ainsi que de Blade Runner, portant sur la métaphysique, la conscience artificielle, et l'emprise du destin. La trame se suit sans mal, grâce à de beaux jongles avec le concept temporel, et un rythme et une ambiance réussis. Ce Terminator Zero confirme être un excellent sidequel des épisodes filmiques, mariant adroitement une icône de la pop culture américaine aux thématiques phares de l'animation japonaise. Une saison supplémentaire est vivement souhaitée.