Le space opéra émotionnel !
Adapté d’un vieux Shojo des années 70, Terra E est un anime qui est globalement passé inaperçu lors de sa sortie, bien qu’il fut très bien reçu par ceux lui ayant laissé une chance. Cette faible popularité en dépit de ses multiples qualités lui confère indubitablement le statut de « perle cachée ». Essayons maintenant de voir pourquoi ce space opéra s’impose comme un des meilleurs de sa catégorie.
La première chose à souligner est évidemment la qualité d’écriture impressionnante, le fond immense et développé que propose la série. En effet, elle reprend le concept - longtemps utilisé par la saga Gundam – de « Newtypes », c'est à dire des êtres humains qui, au contact de l'espace, ont développé des pouvoirs psychiques, une sensibilité et une empathie accrue. Là où Gundam n’a selon moi pas exploité totalement ce filon du mieux qu’il pouvait, Terra E a tout simplement tiré tout ce qu’il y avait à tirer du concept. Tout est traité, tout est développé, toutes les questions que l’ont pourrait se poser à propos de ce sujet ont leur réponse, amenée avec pertinence et subtilité. Le message délivré par le peuple des « Mus » (il s’agit du nom de ces êtres humains spéciaux dans l’anime) est incroyablement clair et bien amené. Ici pas de fausse philosophie, de fausse complexité, simplement un message clair et pertinent construit avec brio pendant 24 épisodes, avec un véritable commencement et une véritable conclusion.
Bien sur un tel message n’aurait pas pu être avoir l’intensité qu’il a s’il n’était pas soutenu par un bon casting. C’est assez étonnant mais les personnages ne sont pas du tout attachants au début, en particulier le héros qu’on pourrait franchement qualifier de « tête à claque ». C’est au fil des épisodes qu’on le voit devenir un leader charismatique, un superbe protagoniste qui EVOLUE et qu’on prend plaisir à suivre. De manière générale tous les personnages possèdent cette faculté d’évolution, tant dans la psychologie que dans les actes. Le meilleur restera l’arrivée de Keith Anyan, un antagoniste dont on devra prendre le temps de décoder tous les actes pour y donner du sens, pour se rendre compte qu’il est tout aussi bien voire mieux construit que les autres.
La qualité qui vient renforcer l’attachement progressif (presque viscéral à la fin) pour les personnages est la volonté de la série de jouer sur la corde émotionnelle. Beaucoup de space opera veulent intellectualiser les choses et si parfois c’est très réussi (comme dans « les héros de la galaxie »), il est extrêmement agréable d’en trouver un qui touche et qui touche bien. La douceur, la sensibilité du shojo est parfaitement retranscrite, que ce soit dans les dialogues ou la mise en scène. Tous les personnages, je dis bien tous, ont leur moment de gloire et leur moment émouvant. Je repense notamment au petit Sam, un personnage secondaire dont je n’avais pas grand-chose à faire au début, et qui au final m’aura donné de sacrés pincements au coeur... Je vous conseille de n'oublier vraiment aucun protagoniste, même les plus secondaires, ce show est tellement bien écrit qu'ils auront tous leur importance à un moment où à un autre.
Scénaristiquement, la série prend le temps de se poser, quelques effets de somnolence lors des 5 premiers épisodes ne seraient pas étonnants. Elle commence par un premier bond en avant suite à l’arrivée de Keith et Shiroe et enfin à partir de l’épisode 10 ça ne s’arrête plus. Il n’y a plus la moindre minute qui ne sera pas prenante et intense. Le rythme et la densité font qu’il se passe énormément de choses à chaque épisode, qu’il faut prendre le temps de digérer ; Pour autant je vous assure que l’attente de l’épisode suivant est insupportable ! Bien sur on continue en permanence à monter en puissance pour atteindre finalement le stade « d’épique » lors des derniers épisodes, une sublime et grandiose conclusion qui laisse ce fameux sentiment d’avoir regardé quelque chose de véritablement intéressant.
Quelques remarques pour terminer, la musique contribue au caractère épique mentionné plus haut, elle n’hésite pas à non plus à verser dans « le religieux » ce qui s’avère très efficace par moment. Le chara design sent bon l’ancienneté, un côté typique année 70 avec de la personnalité et de la douceur dans le trait. L’animation est bonne mais ne marquera surement pas plus que ça. Enfin, il est amusant de noter que l’auteur est fan de mythologie grecque et n’hésite pas à caser de multiples références dans certains épisodes, c’est assez ludique de les dénicher.
En conclusion Terra E s’impose comme un space-opera incontournable, principalement grâce à son écriture et les émotions intenses qu’il procure. Il n’a absolument pas à rougir face aux mastodontes du genre. A titre personnel c’est sans nul doute un de mes animes préférés en format 24 épisodes, je vous le recommande vivement !