Sur le papier, Zankyô no Terror sonne bien voire très bien : le retour de Shinichiro Watanabe à la réalisation et au scénario, la case NoitaminA – jadis réputée pour l’exigence des productions qu’elle diffuse – une qualité technique digne d’éloges, et surtout une trame adulte, centrée sur des thèmes forts, apparemment traitée avec tout le sérieux nécessaire. Et le premier épisode conforte le spectateur curieux dans cette impression positive, avec une scène de destruction tout bonnement hallucinante convoquant les attentats du World Trade Center, ce qui est quand même franchement culotté.
Alors ? Anime de l’année ?
Pas du tout, et loin s’en faut. Non pas que cette entame soit juste un artifice pour appâter le chaland : la série propose effectivement quelques passages osés et essaye d’aller jusqu’au bout de son idée de départ, pour un final impressionnant et presque choquant. Sauf qu’entre le premier et le dernier épisode – tous deux excellents – l’ensemble s’écroule complètement pour aboutir à un des plus gros gâchis de ces dernières années.
En même temps, dès le début, nous avons quelques indices, à travers les trois personnages principaux, à savoir deux beaux gosses emo – un ténébreux et un faussement rigolo – qui risquent de peupler la moitié des doujinshi yaoi au prochain Comiket, et une cruche de compétition, apathique, idiote, et inutile du début à la fin, qui s’impose comme une des héroïnes les plus insupportables que j’ai pu voir dans une production japonaise. Rien que ça. Et avec une telle base, non seulement il s’avère difficile d’accomplir des miracles, mais cela en dit surtout long sur les intentions des scénaristes.
La série elle-même peut se diviser en deux parties. Dans la première, nos deux terroristes Bisounours – car ils font tout pour ne pas causer de victimes – vont jouer au chat et à la souris avec la police, au moyen d’énigmes niveau collège, donc insolubles pour les forces de l’ordre nippones. Un seul détective arrivera à les résoudre, et il prendra toujours tout son temps pour expliquer en détail ses réflexions (au risque que tout explose entretemps).
Dans la seconde partie, Nine et Twelve se retrouvent confrontés aux vrais méchants de l’histoire : les Américains. Tellement pratique… Lesquels ont une bonne raison de se trouver là – dommage qu’elle ne soit que survolée dans l’avant-dernier épisode – mais n’hésiteront pas à sacrifier la moitié de la population de Tokyo pour arriver à leurs fins. Et ce sont les terroristes japonais qui devront sauver leurs concitoyens des attaques du méchant FBI américain. Autant dire que c’est du grand n’importe quoi.
Zankyô no Terror possède un énorme potentiel : ses moments les plus radicaux fonctionnent à merveille, le studio a mis les moyens pour fournir un anime techniquement abouti. Et cela rend son échec d’autant plus vexant. Entre ses protagonistes globalement ratés, sa première partie en forme de jeu de piste pour colonie de vacances, et sa seconde partie qui tombe irrémédiablement dans la bêtise la plus crasse, nous frisons régulièrement le ridicule absolu.
Deux épisodes somptueux pour une série qui en compte onze au total, cela ne suffit malheureusement pas. L’histoire repose essentiellement sur de la poudre aux yeux, avec des énigmes faussement complexes mais qui ne poseront de difficultés qu’aux personnages eux-mêmes, et un propos faussement subversif sur le gouvernement japonais bien vite remplacé par une menace extraterritoriale. Les spectateurs les plus crédules devraient y trouver leur compte, mais pas les autres.