Ayant adoré Serial Experiments Lain, j'étais très curieux de découvrir l'autre production cyberpunk du scénariste Chiaki J. Konaka, d'autant plus qu'il a de nouveau collaboré avec Yoshitoshi ABe pour le chara-design. Clairement, il y a l'épisode 1, puis les 21 suivants. Le premier épisode pourrait être totalement rebutant tant il est mystique, indéchiffrable dans son surréalisme le rapprochant d'un L'Œuf de l'Ange, et n'alignant que quatre répliques en 25 min. L'exposition y est plutôt floue, et les réponses viendront par la suite, de temps à autres jusqu'aux derniers épisodes, à travers ce rythme et cette narration sibyllins. Le scénario reste tout de même brouillon un long moment, jonglant entre différentes factions cherchant à contrôler une ville souterraine (longtemps mystérieuse) via le commerce d'un produit essentiel aux greffes cybernétiques. Ces alliages de chairs et technologie (semblant parfois tirés d'un manga de Nihei) sont au cœur du récit, mais l'intrigue qui les entoure n'est pas si évidente.
Il faut aussi admettre que le protagoniste n'est pas très attachant : il est peu bavard, ne montre guère d'émotions, et est souvent complètement éclipsé de la trame. Texhnolyze joue essentiellement de sa tonalité néo-noire fantasque et cryptique, totalement dans la lignée de Lain, ainsi que reprenant des motifs de The Big O - autre récit de Konaka - pour ce qui est de l'ambiance urbaine mélancolique éthérée, sur des sonorités jazzy/lounge. Le travail sonore a son importance et la musique peut se faire toute aussi disjointe que l'étrangeté à l'écran, tout autant qu'elle se veut plus lugubre, ou tragique. Il en ressort ainsi une ambiance captivante couplée aux expérimentations visuelles. Beaucoup de plans sont submergés de lumière blanche, propice à conférer une aura irréelle, d'autant plus lorsque l'imagerie tend à la désolation. C'est plus un anime qui se ressent dans ses différents mouvements, avant de vouloir le déchiffrer, et a le mérite de proposer une réalisation audacieuse, qu'il est difficile d'oublier.