« Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l'occasion, mais jamais à celui qui la manque. »
Mettons en scène la situation... nous sommes en plein Sengoku Jidai, époque des Provinces en guerre. Historiquement, ce fut une lutte entre les différents daimyos pour le contrôle du shogunat et l'unification du Japon. A la tête de chaque clan, on trouvait des hommes hirsutes, virils, barbus, moustachus et bourrus, qui ne s'accordaient aucune chance les uns aux autres pour remplacer le shogun vacillant. L'anime reprend le contexte, mais en mettant deux nuances : ici, Oda Nobunaga (le daimyo qui unifia pratiquement l'archipel nippon) s'appelle Oda Nobuna et est... une jeune fille, qui en plus de ne pas passer inaperçue ('suffit déjà de voir comment elle s'habille en dehors des batailles...), est bel et bien la réincarnation de son homologue masculin : chef remarquable et bonne stratège férue de technologie naban, juste le sexe les sépare. Mais qui dit fille dit aussi personnalité sensible et parfois hésitante. Et aussi, ce n'est pas facile d'être une jeune fille dans un monde où pas mal de daimyos masculins ne sont que des machistes fins finis... La seconde nuance est le héros, Yoshiharu Sagara, jeune geek passionné de jeux historiques consacrés à la période qui se retrouve catapulté on ne sait comment dans ce Japon des guerres. Voici donc un duo de choc qui se forme : celui d'une daimyo qui tout en étant une jeune fille dégage des fleuves de testostérone et un geek qui ne connaît l'histoire du Japon qu'au travers de ses jeux. Entre guerre, romance et comédie, rires et frissons sont garantis !
« C'est une chose terrible qu'avec les femmes il n'y ait jamais moyen de placer un mot. »
Bon, avançons un point négatif : la tendance au harem, thème assez récurent dans l'animation japonaise. Or, au bout d'un temps, ça commence à lourder... 'fin bref, des goût et des couleurs... Pour le reste, les personnages sont bien définis et aucun ne semble inutile. Pour sûr, la clique de Nobuna et celles de ses ennemis valent le détour ! Et le fait que ce soit principalement une population féminine rend l'ensemble assez original... ben quoi ? Avouez messieurs que ça ne vous laisse pas indifférent... ça a comme grande qualité de pouvoir donner un côté très décalé à l'histoire et de prévenir toute dramatisation outrancière du propos... et avant que je n'oublie : non, cette série n'est pas du ecchi : il n'est pas question de manière systématique de nichons et les personnages ont une (vraie) personnalité. Au détriment de notre brave Yoshiaru, d'ailleurs !
« L'homme est une machine si compliquée que parfois on n'y comprend rien, surtout si cet homme est une femme. »
L'intrigue en elle-même est très intéressante, même si a priori on aurait pu craindre à un dilemme bateau : soit Yoshiaru fait en sorte que Oda Nobuna fasse ce qu'Oda Nobunaga fit en son temps, soit il réécrit l'histoire du Japon. Dans un cas comme dans l'autre, ça aurait été trop prévisible et à ce compte, autant ouvrir un livre d'histoire. Là où cet anime tire son épingle du jeu, c'est encore une fois grâce au sexe de ses personnages : effectivement, avoir UNE daimyo change pas mal de choses par rapport à l'histoire classique et je n'utiliserai ici qu'une expression pour que vous compreniez où je veux en venir (attention, micro-spoil inside) : mariage politique. Maintenant, où, comment, pourquoi... à vous de regarder !
« La femme qui a le meilleur parfum est celle qui n'est pas parfumée. »
Passons à l'esthétique de l'ensemble : de ce que je peux en dire, le choix graphique serait celui du dessin détaillé, mais pas surchargé. Ressentant nullement le besoin de noyer le spectateur sous des tonnes et des tonnes d'effets et de détail, le dessin aurait une tendance à plus s'intéresser à l'action de la scène qu'à l'ensemble. Bien que le fond soit lui aussi travaillé, ce qui importe c'est l’événement qui se déroule en son sein. D'ailleurs, si je ne me trompe, il n'y a pas tellement de scènes contemplatives (non, je en tomberai pas dans les allusions scabreuses...), pour ainsi dire...
« C'est être bien dupe d'aimer le monde, quand on n'aime ni les femmes ni le jeu. »
En conclusion, je me dois d'être honnête:non, Oda Nobuna no Yabou n'est pas un must have, grand classique ou je ne sais quoi. D'ailleurs, il reste dans le publique visé et ses thèmes principaux convenu. Dans le genre « shonen » (pour peu qu'on puisse parler ainsi), tout s'y trouve : le jeune garçon, le courage, les mentors, les batailles, l'humour, « la famille c'est cool », ... si dans le fond, il n'y a rien de vraiment neuf, c'est vraiment dans la forme que cet anime trouve pour moi son intérêt : c'est sûr, revisiter l'histoire avec des jeunes filles en lieu et place de gros barbus, ça détonne. Encore plus quand elles sont aiguillées dans leurs choix par des geeks amoureux. Et ça vaut la peine. Maintenant autant répondre à des critiques que j'ai pu entendre si et là, à savoir que l'anime « s'en prendrait à la grande Histoire ». Personnellement, je n'ai pas eu cette (désagréable) impression, dans le sens où l'anime assume totalement son délire uchronique. Là où ça me gène bien plus, c'est quand on mélange délibérément VRAIE histoire avec de la fiction parce que c'est « plus mieux », car on hésite pas à « faire mentir » la vérité historique, sciemment ou non. Par contre, dans les uchronies ou les variations totales sur l'histoire, dans la mesure où tout est remanié dans une fiction avérée, ça passe bien mieux : de mensonge on passe à création. Et pour la création, je suis preneur.
Pour conclure, que dire... que si vous voulez passer un bon moment sans prise de tête, n'hésitez pas, c'est de la bonne (animation, ça va de soi...) !