The Batman, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris la cape du Chevalier Noir, l’avait trempée dans de nouvelles couleurs flashy, et avait décidé de lui donner une cure de jouvence en mode "cool et stylé" pour attirer la génération du millénaire. Diffusée par The WB en 2004, cette version du héros de Gotham prend un virage plus jeune, plus dynamique, et un peu plus funky que ce à quoi on était habitué avec les séries animées précédentes. Mais est-ce que cela suffit à en faire une version incontournable du Dark Knight ? Pas forcément.
Dès les premières minutes, on comprend qu’on n’est plus dans l’univers sombre et oppressant de Batman: The Animated Series. Ici, The Batman nous propose un Bruce Wayne plus jeune, plus fougueux, presque un peu trop cool pour l’homme torturé qu’on connaît si bien. Il vit dans un Gotham qui semble sorti tout droit d’un festival de néons et de designs hyper-modernes, avec une Batmobile qui pourrait presque participer à un concours de tuning. Le ton est plus léger, plus cartoon, et la série se permet même de rendre Gotham un peu plus colorée que d’habitude (ce qui, pour une ville censée incarner le crime et la dépravation, est déjà un pari risqué).
Bruce Wayne, toujours aussi mystérieux, est ici un justicier plus "rookie". On le voit affiner ses compétences de détective, jongler entre sa vie publique de milliardaire et sa vie secrète de Batman, mais sans le poids écrasant de l’héritage de ses parents morts, qui est souvent au centre des autres incarnations. C’est un Batman plus léger, presque plus accessible, ce qui peut plaire à un public plus jeune, mais peut aussi laisser les puristes du Chevalier Noir un peu sur leur faim. On n’a pas autant ce sentiment de gravité qui rend habituellement le personnage si captivant.
Les méchants, quant à eux, reçoivent un relooking complet. Et quand je dis relooking, je parle de changements assez radicaux. Le Joker, par exemple, ressemble plus à un acrobate fou avec des dreadlocks qu’à l’iconique clown psychopathe que l’on connaît. Certains fans pourraient crier au scandale, mais avouons que cette version hyper-expressive et imprévisible du Joker a un certain charme… étrange. D’autres ennemis, comme le Pingouin ou le Sphinx, suivent la même logique : plus de modernité, plus de couleur, mais parfois au détriment de leur profondeur et de leur dangerosité. Ils deviennent plus extravagants, mais moins terrifiants.
Visuellement, la série adopte un style d’animation très "edgy", avec des lignes anguleuses et des mouvements fluides qui rappellent presque le style anime. Gotham, bien qu’encore sombre, a ici un look futuriste, avec des gratte-ciel qui semblent tout droit sortis de l’imagination d’un architecte en transe. Le design général est frais, avec des combats dynamiques et des gadgets qui feraient pâlir James Bond. Le côté high-tech est omniprésent, et Batman passe presque plus de temps à jouer avec ses gadgets qu’à vraiment affronter ses démons intérieurs.
Ce Batman est aussi plus bavard que d’habitude. On le voit interagir plus souvent avec son fidèle majordome Alfred, qui, ici, se transforme presque en mentor grincheux et sage. Alfred est toujours là pour rappeler à Bruce de se calmer un peu et de ne pas se laisser emporter par son côté justicier impulsif. Cela apporte un peu d’humour et de légèreté à une série qui, parfois, pourrait se perdre dans son propre style.
L’un des points faibles de The Batman, c’est peut-être sa tendance à surfer un peu trop sur la vague "jeunesse". Il manque à cette version une certaine noirceur, ce côté dramatique et psychologiquement complexe que l’on associe souvent à Batman. Les intrigues des épisodes sont souvent simples, voire prévisibles, et bien que cela convienne à un public plus jeune, cela peut frustrer ceux qui s’attendent à un Batman plus mature et profond. On est loin des dilemmes moraux ou des études de personnages torturés de Batman: The Animated Series. Ici, tout est un peu plus lisse, un peu plus pop.
Cela dit, The Batman a ses moments. Certains épisodes parviennent à capturer l’essence du héros, notamment lorsqu’il est confronté à des choix difficiles ou à des ennemis qui le poussent dans ses retranchements. Et même si cette version plus jeune et branchée de Bruce Wayne ne sera pas au goût de tout le monde, elle offre une alternative intéressante et divertissante pour ceux qui veulent une version plus accessible du Chevalier Noir.
En résumé, The Batman est une série qui cherche à moderniser et à rendre plus accessible un héros complexe, mais qui, dans cette démarche, perd parfois un peu de ce qui fait l’essence même du personnage. C’est un Batman flashy, énergique, et visuellement accrocheur, mais qui manque de profondeur pour vraiment captiver les fans les plus hardcore. Si vous aimez voir Gotham sous un jour plus lumineux et que vous appréciez les méchants avec des relookings improbables, cette série saura vous divertir. Mais pour ceux qui cherchent l’obscurité, la gravité et le poids moral qui font de Batman un héros unique, il faudra peut-être chercher ailleurs, ou attendre que ce Bruce Wayne plus jeune prenne un peu de maturité dans son rôle de justicier.