The big C ou comment déclarer son amour à la vie

Voilà un thème monstrueusement beau. La déliquescence de la vie en cinq saisons, la déclinaison d'une vie, celle de Cathy (merci Laura Linney!) mais aussi de celles et ceux qui l'entourent.
Car le cancer est bel et bien un thème universel. Une personne en souffre mais les répercussions vont et viennent et cette série nous offre un patchwork de personnages, non de personnes, habités non pas par leur seule et unique moi personnel mais par ce nouvel être qui change, évolue et qui est lié à eux, sans qu'on ne puisse rien y faire. Car la maladie appelle à la compassion, la pitié, des vagues et des vagues de sentiments inconnus, incompris jusqu'alors, ou tout simplement niés. C'est la vie.
Oui, c'est la vie qui nous est contée dans cette série affolante et juste. Et non la mort. La mort est omniprésente car c'est la fin de tout un chacun et c'est bien de ça dont il s'agit mais le personnage principal, veuillez m'excuser si vous n'êtes pas en accord avec ce que je ressens, c'est bel et bien la vie. Quand je m'immerge dans ces épisodes, c'est comme ça que je prends les choses. Un peu comme une explication philosophique de quelque chose de scientifique et qui ne peut ainsi laisser qu'une très (trop) légère part à la pensée individuelle et collective. Car que dire d'autre que "c'est moche ce qu'il lui arrive"?
La réponse se trouve dans ces cinq saisons.


Cette série n'est pas un drame, ni une comédie, ni même un épanchement lacrymal sur le cancer et ses répercussions. Cette série est un hommage aux gens qui en souffrent, ceux atteints de la maladie mais aussi les autres. Cette série, c'est nous. Nous demain, après-demain, dans un an, dans dix ans, peut-être jamais mais pas tout à fait. Car elle est aussi le boulanger que l'on rencontre quotidiennement, la coiffeuse que l'on revoie avec plaisir trois quatre fois dans l'année, le voisin, l'ami, l'ennemi.


Pour cesser toute divagation, je me penche maintenant sur ces acteurs qui n'ont pas besoin d'être présentés. Laura Linney, Oliver Platt, les autres. Tous les autres. Même les acteurs secondaires, éphémères. Et puis les silences, les non-dits, les regards. Tout. Tout est passé au crible et ce de manière juste, pertinente, émouvante, parfois énervante, mais pousse jusqu'à un certain réalisme osé qui peut effaroucher certains et il est hors de question de juger ces derniers, ce genre de ressenti est compréhensif. The big C agit comme un vent de panique sur l'esprit, le coeur, l'âme.
Car Cathy panique malgré ses excentricités, nouvelles venues faisant désordre dans son ancienne vie de femme posée et ne profitant de pas grand chose. Et on panique avec elle. Car on sent cet étau qui se resserre au fil des épisodes. On sent cette tristesse gonfler en elle, sa solitude, cette connaissance d'une fin prématurée de son rôle de mère, de femme. Et cette avalanche d'émotions ne cesse de croître tandis que la santé de Cathy décroît. Je n'ai pas envie de m'étendre plus car pour moi, il fut plus question de personnes que de personnages même si je reconnais le côté étudié des singularités de chacun.
La réalité est bien sûr différente, mais je pense pouvoir dire qu'elle n'est pas très éloignée de ce qui nous est proposé ici.
Et le jeu des acteurs et la qualité d'écriture sont d'une finesse telle que cela me confort dans cette idée que cette série sort des sentiers battus, pas tant de par son thème qui pourtant n'avait encore jamais été abordé aussi justement, mais plutôt par l'implication de toutes celles et ceux qui ont participé à cette aventure, que ce soit devant ou derrière la caméra.


Pour finir, il me semble évident que le spectateur ne peut ressortir indemne de cette expérience. Cette expérience de la mort qui côtoie la vie, de la maladie qui côtoie la santé.

SugarMalouLove
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le 12 juin 2015

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