Projet ambitieux et a priori prometteur : dépeindre la Renaissance, période fascinante, riche en complots, conflits politiques, religieux et guerres sanglantes. La famille Borgia a déjà inspiré de nombreuses œuvres, de Victor Hugo à Assassin's Creed en passant par Dumas.The Borgias est une déception réelle en regard de son sujet, un peu moins par rapport à sa chaine dans la mesure où les principaux défauts des Tudors s'y retrouvent.
A quand une série sur le pouvoir qui saura enfin éviter des scènes prétextes à de profonds discours sur le pouvoir et l'ambition à mots couverts sous des métaphores de velours ? Si ce genre de passages sont tout à fait attrayants ils suintent tout de même l'artifice et l'abus peut en être rapidement nocif. L'écriture des personnages tels que Cesare, sa nonne éplorée ou les déviants napolitains est le plus souvent pompeuse, ronflante, sans subtilité aucune. Elle se veut ingénieuse de sous-entendus mais ne fait que surligner. L'effet visé et ses grosses ficelles d'écriture sont parfaitement visibles et font rarement mouche.
Par ailleurs, cette saison inaugurale connaît un gros coup de mou fatal en son milieu, l'intrigue stagne et tourne en boucle sur près de cinq épisodes, se perdant dans les minauderies, les roucoulements, les murmures et les yeux doux de ses personnages. Alors qu'une guerre menace l'Italie, que les royaumes de la botte se disloquent encore un peu plus ; tout est simplifié et l'on bloque sur les vagues à l'âme de Cesare ou de Lucrezia. Toutefois, un petit sursaut final vient redonner un semblant d'intérêt avec l'arrivée du Roi de France, personnage haut en couleur, mais bien trop tard dans la saison.
Diffusée quasi en même temps que Game of Thrones d'HBO, la comparaison est en défaveur de Showtime. GoT a osé proposer une imposante densité peuplée d'une foultitude de personnages liées par des relations complexes et ambigües sans simplifier et sans se perdre dans des coucheries et marivaudages. Et si la première saison de GoT n'est que la mise en place des diverses puissances, the Borgias paraît avoir déjà épuisé le peu qu'elle avait à dire. Enfin, le projet de Tom Fontana produit par Canal + saura sans nul doute enfoncer un peu plus le clou.
La forme, si elle est n'est pas mauvaise, va de jolis plans aux matte-painting forts kitschs, servis par une mise en scène plate. Passée dans leurs mains, la Renaissance est devenue froide et fade. Malgré les costumes chamarrés et les intérieurs de Saint-Pierre ou des palais florentins décorés d'Ucello, difficile d'être happé par cette reconstitution d'une période pourtant magique.
Une série qui n'est pas mauvaise mais pas vraiment de qualité. Elle est en soi gentillette, inoffensive, sans réel parti pris artistique et n'est jamais à la hauteur de ses ambitions. En somme, une série divertissante avec ses gros défauts qui peuvent ne pas gêner le moins du monde ou au contraire profondément irriter.