Si vous cherchez une série à suspense, si vous cherchez une série à sensations, si vous cherchez une série à rebondissements... passez votre chemin. Par contre, si vous aimez l'ultra-réalisme, le style quasi-documentaire, les études approfondies sur des personnages plus vrais que nature, alors The Corner est pour vous.
Petit bijou découvert (comme beaucoup, je présume), en tentant de pallier le manque après le final de The Wire, The Corner raconte l'histoire d'un coin de rue de Baltimore, et plus spécifiquement d'une famille qui y vit, ravagée par la drogue, à travers trois personnages (le père : Gary, la mère : Fran, le fils : DeAndre).
Situé dans un univers fictionnel (mais si proche de la réalité) très semblable à celui de The Wire, The Corner choisit une approche beaucoup plus intimiste et personnelle du sujet qu'est la (sur)vie d'une famille confrontée à la réalité de la drogue, dans l'une des grandes villes les plus pauvres des USA. Le style est très poignant, très proche des personnages (interview face à la caméra façon documentaire en début et fin d'épisode) ; la caméra s'immisce dans la vie privée de personnages si réels que c'en devient presque indécent, mais dans le bon sens du terme (scènes difficiles de Gary qui se pique tout seul, gros plans sur le visage de Fran...).
En plus de la vie de ces trois personnages, on a plusieurs flashbacks qui nous éclairent sur le pourquoi du comment de la situation actuelle de cette famille qui était pourtant si bien partie. On a également la vie des autres habitants du quartier (les amis de DeAndre, la famille de Fran, les potes toxicos de Gary...). Tout ça nous donne au final un portrait intimiste et exhaustif de tous ces personnages plus attachants et émouvants les uns que les autres.
Et puis bon, on ne va pas bouder le plaisir de retrouver des acteurs de The Wire dans des rôles aux antipodes de ce à quoi on a été habitué (Lester en toxico, ou Prop Joe en vendeur de chaussures, ça n'a pas de prix !).
Par contre, la fin avec l'intervention des vraies personnes dont sont inspirés les protagonistes, j'ai pas trop apprécié : parce qu'ils ne ressemblent en rien aux acteurs qui les interprètent, d'une part (donc on a du mal à ressentir de la sympathie), et surtout parce que des gens qui s'auto-congratulent pendant un quart d'heure, ça manque d'intérêt.
Au final, un portrait saisissant de la vie dans ces quartiers pauvres de Baltimore, qui ressemble presque plus à un long film qu'à une série, avec des personnages bien plus développés qu'il ne l'auraient été dans un équivalent filmique.