Baltimore, à la jonction de West Fayette Street et North Monroe Street, la vie quotidienne n’est pas rose. Le quartier, gangréné par la violence, la pauvreté et surtout la drogue, se trouve dans un cercle vicieux où dealers et toxicomanes pullulent. Dans cet enfer, les membres de la famille McCullough mènent une vie mouvementée. Le père, Gary, et la mère, Fran, sont séparés mais partagent la même addiction aux drogues. Leur ainé, le personnage principal de la série, DeAndre est un adolescent complètement sorti du système scolaire et qui gère avec sa bande un corner, un coin de rue servant de spot pour la vente de drogues.
Mini-série de 6 épisodes d’une heure, The Corner, est l’adaptation du livre The corner, enquête sur un marché de la drogue à ciel ouvert écrit par David Simon et Ed Burns, qui furent plus tard les auteurs de la série The Wire. Ces quelques heures intenses forment un excellent préquel à The Wire. L’histoire et les personnages sont différentes, mais les aficionados auront le plaisir de revoir de nombreux acteurs, dont Clarke Peters, Lance Reddick, Reg E. Cathey ou encore Corey Parker Robinson.
The Corner se concentre sur les vicissitudes de la vie et les tourments liés à ce fléau, la drogue. La descente aux enfers de la famille McCullough, c’est la revanche de la rue. Gary compare d’ailleurs sa situation à celles des crabes dans un panier. Lorsqu’un crabe arrive à arriver en haut du panier et enfin va pouvoir s’échapper, un autre crabe l’attrape avec sa pince et le tire pour le ramener dans le panier. La métaphore est terrible faisant penser à la fameuse réplique de Michael Corleone dans Le Parrain III :
Just when I thought I was out, they pull me back in!
Chaque ouverture et fin d’épisode prend des faux airs de documentaires avec le réalisateur Charles S. Dutton s’adressant, derrière sa caméra, aux téléspectateurs ou interviewant les acteurs gravitant autour de ce corner. Les faits sont réels et la dernière interview, clôturant avec gravité la série, est consacrée aux vrais protagonistes, Fran, DeAndre, Tyreeka et Blue.
On comprend vite qu’il n’y aura pas de happy ending. Que les protagonistes sont tous pris dans une spirale dont on se doute que peu d’entre eux en sortiront et ceux qui arriveront ne seront pas indemnes. Une immersion, l’espace de quelques heures, dans la vie des laissés pour compte qui trouvent dans la drogue une échappatoire à la dure réalité.