The Deleted par Teklow13

Avec The Deleted, Bret Easton Ellis explore à nouveau son univers de prédilection, le désœuvrement, le vide, de la jeunesse américaine, à travers une mini-série TV de 8 épisodes de 13 minutes environs.
On y suit plusieurs personnages qui se croisent, des filles et des garçons au physique parfait, des cyborgs, évoluant dans un monde glacé, technologique, contradictoirement faussement ouvert en permanence sur le monde et en même temps totalement repliés, emprisonnés sur eux-mêmes. L’effet baie vitrée.
La narration est trouble, relayée par une mise en scène totalement flottante et aérienne, bercée par les larges et doux mouvements de caméra et les plages électro cotonneuses. Tout stagne, tourne en rond, on est d’avantage du côté des univers vaporeux et spleenesque de Gus Van Sant que dans la rythmique folle de l’écriture d’Ellis.
Comme dans la plupart de ses romans, tapi au fond du plan, invisible mais imprégnant celui-ci, il est question d’organisation, de société cachée. Ici une secte où seraient enrôlés et emprisonnés de leur plein gré des jeunes paumés, venant chercher un vague sentiment d’excitation et de plaisir qu’ils ne trouveraient plus dans le monde réel. Tout le monde baise ensemble, boit, se drogue (notamment avec une étrange substance blanchâtre appelée « l’Aide »), se taillade le corps avec des lames de rasoir, voire s’entretue. Tout ça pour quelques secondes de plaisir qui s’évapore immédiatement. Cette secte c’est un peu le pilier de l’œuvre d’Ellis. Le symbole de cette jeunesse qu’il a constamment abordé. Mais il n’y a jamais de cynisme là-dedans, un peu de pessimisme mais pas de jugement péremptoire. Ellis filme ses jeunes avec amour, avec l’envie de fuir ce système, d’essayer de réintégrer le monde « réel », de lutter pour se sauver, pour parvenir à se réhumaniser.