Tout plaquer pour devenir gangster... !
Créée par Daniel Brocklehurst (Exile, Accused…) et Jim Poyser (Shameless, I souldn’t be alive…), et réalisée par Jamie Payne (Survivors, Outcastsn the Hour…), the Driver est une mini-série dramatique dans laquelle un chauffeur de taxi peinant à boucler les fins de mois décide de se mettre au service d’un truand notoire. Composée de 3 épisodes, cette mini-série a été diffusée sur la BBC entre le 23 septembre et le 7 octobre, et son pilote a réuni 4.7 millions de téléspectateurs.
David Morrissey (the other Boleyn girl, Blackpool, Thorne, the Walking Dead…) incarne un père de famille qui assiste sans rien pouvoir faire à l’implosion de sa famille. Peinant à boucler ses fins de mois et frustré par cette vie qui lui échappe, il se laisse embarquer par un vieil ami fraîchement sorti de prison (Ian Hart) et se retrouve pris dans un engrenage dangereux dans lequel il sera bien incapable de contrôler quoi que ce soit.
La série débute avec une course-poursuite qui annonce tout de suite la couleur et à bien nous faire ressentir cette tension qui ne nous quittera pas jusqu’à la fin de cette mini-série. Vince McKee est un chauffeur de taxi qui n’a jamais vraiment été traité convenablement par les clients qu’il véhiculait. Un jour, il décide de mettre ses talents au service d’un autre genre de client, un criminel notoire de la région que lui présente l’un de ses amis. Et cela tombe plutôt bien en fait, parce que cette activité permet assez rapidement à Vince d’arrondir ses fins de mois assez souvent difficiles. Chez lui, Vince est un père de famille de classe moyenne à la vie bien morose et sa fille est une adolescente capricieuse et exigeante. Le fait de pouvoir décider de lui-même de « changer de clients » lui donne l’occasion de reprendre le contrôle et – donc – sa vie en main… ou plus exactement, lui donne l’illusion des deux.
Mais Vince déchante assez rapidement. Si être « juste » le chauffeur d’un gangster ne fait certes pas de lui un gangster à part entière, il reste néanmoins complice des activités pas très légales de son patron et de toute la bande qu’il transporte. Et rapidement, cette mini-série entre dans le vif du sujet, déconstruit son personnage principal et voilà que Vince se retrouve confronté à lui-même et à tous les principes qui l’ont défini jusqu’ici… Ses choix deviennent de fait plus compliqués, comme lorsque la vie d’un homme est en jeu, et le nouveau Vince qui souhaitait simplement reprendre sa vie en main la voit peu à peu lui échapper, à l’image de sa famille.
La série est construite de manière assez prévisible et on sait dès le départ que le personnage principal finira par se laisser prendre dans un engrenage dont il n’essaiera de se sortir que lorsqu’il sera trop bien trop tard, et – surtout – une fois que la situation de Vince sera encore pire que celle à laquelle il avait essayé d’échapper en acceptant de bosser pour ces malfrats… On suit donc de très près la crise existentielle que subit Vince, sur fond de crise familiale latente mais malgré tout bien perceptible. Et parce que les choses sont bien faîtes, on n’en mesure réellement l’ampleur qu’après un certain temps; les scénaristes n’ont pas abattu toutes leurs cartes dès le premier épisode et c’est vraiment une bonne chose !
Les thèmes abordés par the Driver sont riches mais ne sont malheureusement pas tous explorés systématiquement et la série pêche un peu sur cet aspect-là, en proposant quelques évocations plutôt brouillonnes plutôt que de véritables développements comme c’est par exemple le cas avec l’aspect familial de cette crise existentielle, sur laquelle on passe rapidement, anecdotiquement, et que j’aurais vraiment voulu voir davantage creusée. Le personnage principal est véritablement bien écrit et le choix de David Morrissey dans le rôle de l’homme écorché est parfait. Ses hésitations, ses dilemmes, on les suit en ayant presque l’impression de les vivre avec lui et c’est ce qui rend le personnage si réel malgré le côté fictionnel de la série.
Il manquait quelque chose à the Driver pour que je sois complètement séduite. Le thème de la crise de la quarantaine est au final à peine effleuré et on se concentre de manière un peu brouillonne sur les relations de Vince avec sa famille alors qu’il y aurait peut-être eu matière à faire davantage (on devine que tout n’a pas été dit, mais beaucoup de choses avaient sans doute été écrites). The Driver est à voir pour David Morrissey et son jeu d’acteur impeccable, de même que pour la qualité globale du casting, ainsi que pour l’ambiance sombre de cette histoire vraiment pas banale.