Empress Ki, c'est LE sageuk, l'archetype du K-drama ou drama historique Coréen. Inspirée d'une histoire vraie. Le destin d'une jeune concubine originaire de Goryeo qui va devenir Impératrice de l'Empire Yuan. Elle épousera Yuan Toghon Temür (Empereur de l’Empire mongol) malgré les restrictions du système de classe de l’époque (1279 – 1368).
C'est sur cette base que les scénaristes créent une série qui relate l'ascension de Ki Seung Nyang.
Au XIVe siècle, la jeune Ki Seung Nyang est envoyée avec sa mère loin de son royaume natal de Koryo pour devenir esclave à la cour des Yuan. Parvenant de justesse à échapper à ce cruel destin, elle se lance à la recherche de son père. Déguisée en garcon pour survivre, elle rencontre Wang Yu, le Roi de Goryeo qui s'éprend d'elle puis Ta Hwan, l'Empereur des Yuans qui s'éprend d'elle également.
Empress Ki c'est donc l'histoire de Seung Nyang mais également en arrière plan la lutte entre Le petit Royaume de Goryeo, ancienne Corée et l'immense empire Yuan (Chine/Mongols). La grande Chine qui veut avaler la petite Corée. Situation qui se reproduira dans l'histoire et que le scénario utilise.
“Tout art de la guerre repose sur la duperie.” De Sun Tzu / L'art de la guerre
La grande spécificité des dramas historiques réside dans leurs lots de stratagèmes, d'alliances, de trahisons et de vengeances pour défendre des causes politiques, s’emparer du pouvoir ou même défendre sa vie.
Si la première partie sert à poser les personnages, la deuxième partie de Empress Ki nous plonge complètement dans cet univers d’intrigues grâce à un huis clos au cœur du palais impérial et dans la cour intérieure réservée aux femmes. Ruses, conspirations, machinations, manigances, manœuvres, espionnage, rumeurs, mensonge, trahison, tous les coups sont permis. Ki Seung Nyang est présentée en garçon manqué, guerrière et archère émérite puis évolue au cours de l'histoire. Elle s'éduque par nécessité et s'avère être une tacticienne et politicienne d'exception. Pour survivre et acquérir sa position combattre entre autres, le grand conseiller, sa fille, ses fils, l'épouse de l’empereur puis le nouveau grand conseiller ainsi que l’impératrice douairière. C'est à croire quel l'adversité lui fait du bien. Ha Ji Won devient de plus en plus magnifique au fil des épisodes. De jolie, elle passe à belle puis impériale de beauté. Ses éblouissant Kimonos de soie la mettent parfaitement en valeur son port altier et sa subtile évolution physique et expressive est impressionnante. Ha Ji Won, reconnue pour son professionnalisme, est habitée par le rôle. Face à elle ses deux prétendants diamétralement opposés offrent une performance moins élevée . D'un coté Wang Yu interprété minimalement par Joo Min Jo en roi droit et honnête. De l'autre coté Ta Hwan, Empereur des Yuan présenté au départ comme veule, lâche, égoïste et inconséquent interprété avec excès mais réussite par Ji Chang Wook.
Jang Yeong Cheol est un scénariste travaillant principalement pour la chaîne SBS et marié à la scénariste Jeong Kyeong Sun sa partenaire d'écriture. Il réalise ici un travail phénoménal.
La durée importante de la série laisse du temps à l'intrigue de se déployer et d'y insérer de nombreuses intrigues et sous-intrigues. En ce qui concerne les personnages principaux et secondaires, le scénario prend le temps de développer leur intrigue et leur personnalité.
Les figures féminines sont variées. Qu’elles soient esclaves, servantes, concubines, impératrices, chacune à ses propres desseins. Les figures masculines sont souvent plus simples mais ont elles aussi leur propre logique. Moins manichéen que dans d'autres dramas les méchants sont plus complexes mais il y en a beaucoup. Un méchant chasse l'autre. Il y a également les changements de camps. L'allié d'un jour peut être l'ennemi de demain. Chaque nouveau personnage sert l’intrigue et chaque acte finit par avoir avoir un un sens. Sous une apparence fluide et légère le scénario bénéficie d'un solide travail.exploitant autant au maximum tous ses personnages. Tous évoluent de manière.
51 épisodes de 59 minutes, on pourrait se dire que c'est long ou que cela ne va pas tenir la longueur pourtant Empress Ki reste haletant, dynamique avec ses retournements scénaristique pour le moins déconcertants. Jang Yeong Cheol utilise tous les thèmes pour alimenter son scénario : la quête, l’aventure, la poursuite, le sauvetage, l’évasion, la vengeance, l'’énigme, la rivalité, la tentation, la métamorphose, la transformation, l’amour interdit, le sacrifice, la découverte, la transgression, l’ascension, La chute.
Les histoires de coups-bas, stratagèmes que l’on peut voir habituellement dans les dramas historiques ne sont rien comparés à ce drama qui déroule un déluge d’affrontements personnels et collectifs.
Ki n'est pas Sissi. Elle va devoir traverser de nombreuses épreuves et notamment physiques puisqu'elle est bastonnée, enlevée, attaquée à coup de sabre, de couteau, de flèche, de poison, ensorcelée, etc.. Elle se se relève toujours. Indestructible et plus forte qu'avant. Empress Ki, ce n'est pas du film d'auteur, c'est un feuilleton grand public hebdomadaire. Bien sur, une œuvre si imposante souffre de quelques défauts avec une réalisation très classique et inégale, des scènes de batailles moyennement filmées, des gros plan interminables ou des rebondissements irréalistes. Malgré tout, le souffle épique, le rythme élevé et l'interprétation, l'espèce d'énergie qu'Empress Ki dégage en fait un moment de bonheur. Une excellente série indispensable dans votre liste de dramas.