J'ai longtemps hésité, mais finalement opté pour un 8 pour relever le niveau des notes, pour cette série qui ne mérite surement pas d'être en dessous de la moyenne. Pour commencer et se donner la possibilité d'apprécier le moment, il ne faut surtout pas se situer sur un premier degré. On se rapproche d'un type de narration très utilisé dans les années 80 et 90, avec plusieurs degrés, mais surtout à ne pas prendre totalement sérieusement, car chaque sujet "grave" est teinté de critique et d'humour noir, voire de dérision. Qui aurait dit d'"After Hours" qu'il s'agissait d'un film sérieux?
Donc sur la base d'un "After Hours" , la narration à un personnage qui n'arrive plus à rentrer dans sa case, suivant un enchainement qui ne s'arrête plus. Cuoco (que je ne connais pas particulièrement) me semble à sa place dans son rôle à la fois un peu too-much mais aussi tellement quelconque. D'ailleurs, tous les personnages ont cette marque, qui dans une simplicité terrible, les ancent dans leur médiocrité. Peu importe qu'ils soient riches, alcooliques, du FBI, tueurs ou des services secrets, ils sont tous assez médiocres, imparfaits et quelconques. Ce sont les situations et les évènements qui les entourent qui en font des exceptions, et l'objet soudain de la série.Là où habituellement on s'attache d'abord aux exceptions pour en faire des sujets.
Chaque personnage aussi insignifiant soit-il se retrouve propulsé sur un devant de scène où il n'existerait pas par ailleurs, ils passeraient inaperçus. Sous une thématique de fond de traumatismes familiaux, tous ces super-normaux basculent dans l'improbable. Un meurtre, une hôtesse alcoolique, une femme qui s'ennuie dans son couple, un tueur psychopathe ridicule, un homosexuel qui n'est pas celui qu'on croit, un riche qui cherche médiocrement amour et justice , peut-être.
Le contrat respecté de la série est de mener la vie dur à cette médiocrité, dans un balancement de surprise et de grandiloquence, sans excès pourtant. C'est filmé de manière classique, mais avec qualité, sans révolutions mais au service d'un rythme et de la narration. Les effets de style sont très connotés en bande dessinée et en série ou films des années 70 et 80, comme pour noter par touches qu'il ne s'agit pas de réalité. Rien pourtant n'est magnifié. Les hôtesse et stewards ne sont pas des bimbos, les riches, les personnages secondaires, les agents du FBI sont d'une normalité troublante, et les acteurs eux mêmes sont misés dans cette simplicité, pour servir ce seul propos: l'inutilité absurde de la fuite.
On pourra regretter une fin ouverte, légèrement teinté d'un moralisme bien pensant, mais on peut aussi se contenter d'y voir une fin heureuse à un bien étrange conte de fée moderne: un vol au-dessus d'un nid de coucou avec un atterrissage plutôt réussi.