Toutes les séries ne peuvent pas plaire à tous. Certaines valent pour leur éclairage. Il est utile d'abord de savoir que l'équipe qui a travaillé cette série est passée par de la commande au préalable dont "Daredevil". Ici nous sommes sur une création libre d'une équipe très orientée sur les dimensions psychologiques, et relativement libre en casting, ceci justifiant la présence prépondérante de Rachel Griffith, très concernée par ses rôles et leur contenu en matière d'émotion et de portée.
Pour poursuivre, c'est une série qui va à l'encontre de ses apparences ou de sa présentation. Bien que les personnages principaux soient des adolescentes, il ne s'agit pas d'une teenage série, et cette première saison n'en contient pas les codes. D'ailleurs ce choix d'adolescentes constitue autant la qualité que le défaut principal de la série, puisqu'elle explore des dimensions universelles, qui parfois ne cadrent pas totalement avec des personnages qui sont supposés manquer de maturité, ce qui laisse parfois une confusion. Ce sont des adolescentes mais n'en ont pas toujours les traits et zonent souvent, pour chacune d'entre elles, dans un entre deux psychologique, à la fois caricatural et positionné comme plus complexe et plus universaliste.
En aucun cas cette série ne s'approche de "Lost", même si on pourrait y voir des similitudes avec les flash-back mais ce dispositif est plutôt proche d'un autre type de série, type enquête, pour ce procédé narratif. On éclaire le passé pour supposer des caricatures de comportements qui seront tous progressivement démontés.
Le fond donc de cette série, et en cela , le contrat est réussi, est une exploration expérimentale, de la psychologie humaine, avec un présupposé sociétal, lancé par une psy à la limite de la folie: prouver son postulat par tout les moyens en utilisant des sujets "vierges", pas encore accomplis. Donc une expérience, et c'est ce que propose la série, une exploration autour de notre sauvagerie, dans le sauvage, c'est à dire sans les outils qui pourraient faire écran à la révélation du postulat.
Donc pour trouver de l'intérêt à la série il faut décider de souscrire au postulat. Et ça n'est pas une série pro féministe, c'est le personnage qui est pro féministe, ce qui est très différent, ça fait aussi parti du postulat. L'objet pour prendre plaisir à cette série est d'adhérer à l'exploration du postulat, l'exploration du sauvage humain à travers un prisme choisi et dont le résultat n'est pas celui escompté. Se laissant aller à cette "étude" vous pourrez prendre plaisir à cette enquête qui a plus de profondeur qu'il n'y parait, à vivre ces moments donnés avec ces sauvages là.