Une série écrite par Benjamin Ross sous la commande de la BBC, jeune réalisateur peu connu et qui réussi ici une entrée en matière percutante, adapatation libre de "Frankenstein ou le Prométhée moderne" de M.Shelley.
Marlott joué par l'excellent Sean Bean qui retrouve enfin un rôle à hauteur de son talent souvent oublié, dans une série policière, horrifique et historique, dans un Londres de fin de 19ème siècle.
Le ton est donné nous plongeant sans détour dans le vif du sujet par un thriller où notre détective, découvrira un corps de plusieurs membres cousus ensemble, persuadé que celui-ci est vivant, l'ayant vu "bouger". On retrouve l'idée des "abominations" du Docteur Frankenstein, mais c'est tout ce que l'on aura du mythe.
Une mise en scène très visuelle, avec des personnages complexes, une reconstitution de l'époque et des décors magnifiés par des scènes sans concession sur la violence et la pauvreté adoucies par quelques personnages romanesques, des clins d'oeil à la littérature, et quelques rebondissements bienvenus, pour un rythme soutenu et un suspens constant.
Comme souvent dans les séries, la caméra se trouve au plus près des personnages mettant en valeur expressions diverses et appuyant parfois les effets, mais nous baladent aussi à travers un Londres inquiétant.
La réussite tient à l'intégration du personnage de M.Shelley (impeccable Anna Maxwell Martin) auteur de l'ouvrage si discuté à cette époque et d'un personnage qui y prend vie dans toute son horreur plagiant les crimes, mélangeant la réalité avec la fiction.
.../...Le début du galvanisme, les tatonnements de la chirurgie, les recherches scientifiques et anatomiques et les moyens discutables pour le progrès de la médecine sont ici le thème central.
Le vol de corps des défunts par les chercheurs, pratique courante foulant au pied la religion - soutien moral important de cette période - appuient cette sombre époque, où meurtres, viols et autres corruptions, nous brossent un ensemble crasseux, déprimant et sans espoir, où l'élite se serre les coudes au détriment des plus pauvres.
Marlott en deuil, sujet à des hallucinations, traumatisme de la guerre (waterloo) et de sa vie perdue. Sans romantisme ni pathos, on suit ce personnage quelque peu rigide et droit où ses propres démons, se croiseront avec cette lugubre enquête, le fragilisant d'autant plus que son éthique se heurtera aux méthodes douteuses de cette époque - qui a la bonne idée de nous replonger par nombre de concordances, dans la nôtre.