Adaptée d'un bouquin des 80s, cette série est une franche réussite. D'abord de par son ambiance et sa photographie.
C'est lent, voire très lent, sans gros coup d'eclat, sans action, dans une atmosphère angoissante, anxiogène, délétère, qui fait frissonner les deux premiers episodes, tant on se demande si cela ne pourrait pas etre un futur à moyen terme. Car cela a beau être de l'anticipation, la série est ancrée dans le réel, à Boston et ses alentours pour etre précis, et on ça prend aux tripes d'entrée, quand on ne connait pas encore les tenants et aboutissants du propos.


Le tout dans des décors sobres et froids comme le marbre, où le soleil ne semble jamais percer, une véritable chape de plomb qui alourdit tout geste et gèle la moindre envie de bonheur....
La photographie est terrible, on a parfois affaire à de vrais tableaux, peu animés, et ça fait immédiatement penser à la peinture hollandaise de je sais plus quel siècle, avec des clair obscur, des ombres, un éclairage particulier.Les flashbacks du passé, de l'avant, lumineux (mais pales), d'une normalité toute banale, accentuent encore cette grisaille déprimante de l'après.


Entre les deux c'est un peu le mystère, on sait que les USA et leurs centres névralgiques ont été attaqués, que la fertilité est tombé en flèche dans le monde, qu'en réaction les autorités US ont installé un système patriarcal sous l'égide du Dieu tout puissant, et qu'en conséquence les femmes ont été reléguées soit au rang d'Epouses bien dociles, soit envoyées dans des Colonies pour y mourir à très court terme, soit pour les plus fertiles, asservies afin de tenir le role de Servante procréatrice.
Et que beaucoup ont essayé de fuir vers le Canada ou le Mexique, terres d'accueil ne pratiquant pas cette dictature infamante.


Chapeau bas aux acteurs, tous au diapason d'un jeu tout en finesse, centré principalement sur les silences, les non dits, les regards... Une actrice principale très convaincante, entourée d'une qu'on a vu dans "The leftovers", une autre dans "Chuck" (sacrée transformation en rapport du role léger dans ce dernier !), d'autres persos inconnus de mes registres mais doués... Un bien beau casting ultra réaliste.


En bref une série qui déroule son propos sans se presser, sans cafouiller, mais sans ennui. Une histoire qui peut mettre mal à l'aise, qui peut renvoyer à certains evenements contemporains, narrée dans un ecrin luxueux.


Edit saison 2:


Une deuxième saison à hauteur de la première, au même rythme languissant et pourtant plaisant, à la photo sublime, au jeu d'acteurs impressionnant de justesse de ton, aux non dits éloquents et aux rebondissements très intéressants.
Ça reste cohérent et dans la lignée du début, avec des évolutions et des prises de conscience chez certains persos plus ou moins lentes et plus ou moins irrévocables.
Le cliffhanger de fin est curieux, vivement la troisième saison pour voir où ça va aller, mais il y a fort à parier que ça va chier des bulles à Gilead !


EDIT Saison 3:


Encore une belle saison pour June et ses acolytes, c'est assez rare qu'une série conserve une telle qualité constante au fil des années. Le rythme est toujours lent, la photo est encore plus éblouissante qu'avant, c'est dire, l'acting toujours aussi impressionnant, des premiers rôles aux persos les plus secondaires. Les Marthas prennent plus d'importance, June se radicalise, le commandant Lawrence a la classe, le scénario avance, les temps forts sont peu fréquents mais marquants.


Malgré un ventre mou entre les épisodes 7 et 11 (encore que celui consacré à Tante Lydia est un des meilleurs), et parfois une insistance un peu trop prononcée sur le visage d'Elisabeth Moss (qui parvient à transmettre de puissantes emotions sans prononcer une parole), j'ai encore une fois été tenu en haleine jusqu'à la dernière image.


Maintenant, quelle suite donner à tous ces événements induisant quelques changements radicaux des deux côtés de la frontière ? Y a moyen de donner à la quatrième saison, si elle est prévue, un souffle guerrier et dramatique inédit.

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le 1 août 2017

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Gandalf13

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