Big Brother is Misogyne
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Les contes de la servante écarlate est l'une des meilleures choses qui me soit arrivé dans la vie, en matière de cinéma. Une série sombre, dystopique, excellemment bien réalisée et écrite. Mais commençons par le début, j'ai lu le livre, il m'a beaucoup plu notamment la fin que j'ai considéré comme une très bonne idée de la part de l'auteur (que je ne vais pas vous spoiler, évidemment). Il me tarda alors de regarder la série dont j'avais entendu beaucoup de bien.
J'aimerais d'abord parler du scénario par un très bref résumé. Nous sommes dans un monde où le taux de natalité est au plus bas, les femmes fécondes sont alors cherchées et traquées et les enfants sont des denrées rares. Le gouvernement américain (s'appelant désormais la République de Gilead) a donc décidé, sous différents prétextes que je développerai après, de créer une société codifiée, où tout le monde est à sa place et doit y rester. Les servantes fertiles sont donc associées à des Commandants afin qu'elles leur fassent des enfants lors d'une "cérémonie religieuse" (un viol, en somme) car ils considèrent que les enfants sont des êtres trop rares et chers pour être éduqués et élevés par des "pauvres" ou des personnes jugées "inaptes" par le système.
Ce que j'aime beaucoup avec le scénario, c'est que chaque personnage représente un caractère avec chacun un vêtement d'une couleur associée. La servante en rouge représente la liberté d'esprit, la résistance face à un oppresseur; les Epouses en bleu, représentent une certaine indifférence envers les personnes qui ont le plus besoin d'aide et les Commandants en noir, représentent le patriarcat. Il reste une dernière classe que je trouve extrêmement bien pensé : les Tantes. Elles sont, tout simplement, la police politique du gouvernement. Ayant pour mission de promouvoir l'idéologie de l'Etat, elles ont pour but de faire comprendre aux servantes que leur mission n'est nul autre qu'un devoir divin. En effet, toute leur pensée est fondée sur le fait que Dieu punit l'Homme en limitant les naissances car la femme a trop dévié de son but premier : faire des enfants. Tante Lydia, l'un des personnages de la série dit, dans les premiers épisodes, que les moyens de contraceptions, la place de la femme qui n'est plus du tout la même que celle énoncée dans la bible, ou encore les adultères et les divorces qui augmentaient sans cesse étaient synonyme du détournement de la société envers Dieu. C'est une série qui aime aussi poser des questions sur la place de la religion dans la société :
N'est-elle qu'un prétexte pour justifier les atrocités que les commandants font aux servantes ?
N'est-ce seulement qu'une fausse dévotion et une hypocrisie pour avoir du pouvoir et des enfants ?
Ou est-ce une véritable croyance et une réelle envie de repeupler l'humanité par le respect des saintes écritures ?
Vous tirerez vos propres conclusions, mais je pense que la série penche vers les deux premières options.
Enfin, j'aimerais finir par l'analyse du développement de la série. Beaucoup de gens vous diront sûrement qu'à partir d'un moment, de la saison 4 notamment, la série la servante écarlate s'essouffle et que ce n'est plus ce que c'était. Et heureusement ! On observe au cours des saisons des véritables développements permettant ainsi de raconter de nouvelles choses dans des cadres différents.
Un dernier mot sur la qualité cinématographique de la série. On a clairement une réalisation et une mise en scène noires mais modérées, un peu à la Netflix avec The Crown, donnant cette impression de malaise constant pour le personnage principal sans que ce soit trop lourd. Cependant, certaines scènes sont très intenses et non vides de sens notamment lors des climax des saisons qui vous feront sortir des OOhh ! Mais le concept en lui-même est très dur parfois avec des plans d'un malsain rare accentué par la musique majestueuse et lointaine de Adam Taylor. Et tout cela sans vous parler des sous intrigues, ou encore des développements de personnage absolument géniaux (à la manière de la série Lost, les personnages ont chacun des épisodes qui raconte qui ils étaient avant cette dictature sous forme de flashback).
Ainsi, c'est une excellente série, par la qualité de sa réalisation, de son scénario, des questions politiques et sociales qui en découlent, et parce que c'est l'histoire d'une victime qui essaye de trouver une raison de vivre malgré les pires horreurs qu'elle vit mais qui va se battre malgré tout.
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Créée
le 14 août 2022
Critique lue 93 fois
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