Au cœur de la maison

Aperçue par hasard le soir de sa sortie et regardée d'une traite, d'une part pour connaître au plus vite le fin mot de l'histoire, et puis aussi un peu parce que j'avais trop la frousse pour m'endormir après les premiers épisodes (mais ça, faut pas le dire !).

Pour ceux qui sont habitués au genre, les effets d'horreurs pourront paraître clichés et manquer d'originalité, ce que je conçois parfaitement. J'ai pourtant sursauté pas mal de fois et ai remonté l'édredon sur mon visage, en me laissant entraîner dans un univers qu'on a déjà pu nous servir à maintes reprises, certes, mais qui est demeuré pour ma part, très intriguant.

Au fil des épisodes, on se sent de plus en plus impliqué dans l'histoire singulière de cette famille, tantôt partageant leurs scènes de vie commune, tantôt l'expérience personnelle de chaque personnage. La déconstruction chronologique et l’ambiguïté omniprésente entre le réel et le fantastique, ainsi qu'entre le rationnel et la divagation, facilitent grandement l'immersion dans cette trame horrifique. Ce qui est fascinant, c'est que la réitération incessante d'événements monstrueux, qu'on s'y attende ou non, finit par nous familiariser avec l'horreur, nous permettant ainsi d'apprécier en outre tout l'aspect dramatique et psychologique de l'histoire.

Certains épisodes sont certainement plus marquants que d'autres, notamment pour ma part, celui de "la dame au cou tordu", et de la veillée, tournée en longs plans séquences. La lenteur et la longueur des épisodes peut rebuter et susciter l'ennui chez certains spectateurs, ce que je comprends également, mais je trouve que cela rajoute à l'atmosphère de langueur tragique qui pèse sur les protagonistes, piégés dans des cycles douloureux de peurs et de regrets.

Pour ce qui est de l'aspect technique, j'ai trouvé la photographie à couper le souffle, dans sa sombreur bleutée, parfois rehaussée de touches colorées, souvent dans les tons pourpres. La surabondance de détails visuels joue avec nos sens, et les perspectives floutées sont parfois plus effrayantes que les apparitions monstrueuses, car même si l'on sait qu'il s'agit par exemple d'ombres sur un visage en arrière-plan flou, celui-ci paraît systématiquement cadavérique ou fantomatique, et les plans sont longs, ils durent, et c'est juste fou (surtout après avoir vu la scène de "l'interrogatoire" dans The Conjuring 2). La bande originale accompagne parfaitement l'atmosphère sinistre et mélancolique de la série.

La fin peut sembler trop douce et décevante par rapport à toute la pression qui monte au fil des épisodes, mais au final elle laisse simplement un parfum doux-amer d'inachevé, à l'image des habitants de la maison, qui ne disparaîtront jamais véritablement. Les lectures métaphoriques sont nombreuses, et c'est tout de même appréciable une série qui prend vraiment le temps de se développer, et de se faner en douceur.