Au moment d’écrire cette critique, je me revois un beau jour de printemps ; l’un de ces après-midis rayonnants d’une lumière nitescente, le visage baigné dans l'iridescence de la chute perpétuelle d'infimes particules de poussière. Un après-midi maudit où, au lieu de profiter des bienfaits de Mère Nature, à vivre une existence simple et heureuse, j’ai décidé de me lancer dans cet anime répondant au doux sobriquet de Mahouka Koukou no Rettousei.
N’y allons pas par quatre chemins : j’écris cette critique d’un air négligé, la cravate déconfite et la mine défaite. Dire que Mahouka m’a déçu est un début d’explication, mais simplifie à outrance mes rapports conflictuels avec cette œuvre du Japon post-crise économique. Alors je vais me contenter d’exprimer mon ressenti, ne vous épargnant ni spoiler, ni remarques désobligeantes à l’adresse des malheureux hères responsables de ce morceau de bravoure.
Ne croyez pas le synopsis : Mahouka, c’est surtout l’histoire de Tatsuya, un étudiant dans un lycée de magie qu’on nous vend comme étant nul en pratique, mais excellent en théorie (retenez bien ça). À l’inverse, sa sœur est extrêmement douée en magie, mais n'a pas le cerveau d'un génie du Mal comme son grand-frère. Saupoudrez le tout d’un peu de romance incestueuse qui tire plus au gag qu’au développement scénaristique, et on a un tableau qu’on pourrait presque considérer comme engageant (enfin c'est vous qui voyez).
Étant adapté d’un light novel, on retrouve une galerie très fournie en sidekicks pour la plupart complètement inutiles, voire assez redondants, en plus de partager une certaine constance dans leur chara design foireux. Je me permets une parenthèse dans ces explications pour vous toucher un mot sur la réalisation de l’anime, faible et aseptisée au possible, sans oublier une 3D bien sale comme on en a l’habitude. À part ça, j’ai bien aimé le némésis rouquin de Tatsuya, qui fait très Les Héros de la Galaxie jusqu’au côté gay-friendly, ainsi que le Cardinal Machin qui n’oublie pas d’être moche.
Mais revenons à notre histoire. C’est que Tatsuya, en fait, n’est pas tant un bras-cassé que ça : d’abord, il est plus fort que le maître ninja avec qui il s’entraîne. Ok, ça arrive. Il se révèle aussi génial en ingénierie, en surclassant tous les professionnels dans les réglages de dispositifs magiques. Pourquoi pas. Ensuite, il connait certaines magies de très haut niveau de type militaire, donc non accessibles pour un pauvre lycéen comme lui. Bon. Et en fait il est lieutenant dans l’armée, et à la pointe de la recherche dans l’armement. Et puis, il possède une magie unique qui permet de restaurer n’importe quoi (humain comme objet) jusqu’à 24 heures avant son lancement, ce qui lui permet de se soigner de blessures mortelles. Il peut sniper sur des dizaines de kilomètres une cible minuscule et réduire n’importe quel humain en polygones. Il peut couper des membres, des armures, de l’acier avec ses mains. Il peut voler, prédire ce que vont faire les autres, les tuer à distance, au corps à corps, se soigner de manière illimitée, ressusciter les gens, et je ne vous ai même pas encore parlé de sa puissante famille. Pas dégueu pour un mec nul en pratique.
En dehors de cet aspect permacracké, le Tatsuya est plutôt un mec rigolo : il fait tout le temps la gueule, quelque part entre le spleen baudelairien et l'apathie permanente. Sur le papier, seule sa sœur est capable de l'émouvoir. Dans les faits, il passe son temps à aider les autres clochards de l'anime. Ses méthodes sont très pragmatiques, avec une nette tendance à la violence, ce qui donne des transitions très savoureuses. On passe ainsi de démembrements sanglants aux excuses formelles d'un personnage qui a manqué à une règle de politesse. Ce dernier se bouffe ainsi un exposé complet de 10 minutes de la part de Tastuya, qui est aussi grand gardien de la morale. Le plus triste, c’est que l’anime parvient à nous faire prendre conscience à certains moment d'une dimension politique assez intéressante, sans jamais se focaliser dessus pour en profiter réellement.
En reste 26 épisodes de rire à chaque intervention de Tatsuya, toujours un peu plus cheaté que la dernière fois, jusqu'à final en apothéose. Mahouka, c’était nul mais j’ai trouvé ça bien rigolo malgré lui. Dans le micro-genre du nanar de la japanimation, je vous conseillerais néanmoins plutôt Valvrave the Liberator, qui bénéficie d’une très bonne réalisation et pousse le vice jusque dans ses retranchements. Allez je vous laisse, mon maître ninja m’attend pour une raclée.