Une belle découverte. Cette série documentaire retrace la vie de l'homme d'affaires Robert Durst, une énigme à lui tout seul, à travers des reconstitutions, des images d'archives mais aussi des entretiens de tous styles. Ce bon équilibre entre les trois donne un rythme réussi à cette série, la ponctue. Chaque épisode (six au total) a son intérêt, se penche sur un fait en particulier. Durst est en effet soupçonné du meurtre de sa femme, dont le corps n'a jamais été retrouvé depuis 1982, mais également celui de sa meilleure amie et enfin de son voisin et ami au Texas. On croirait à une fiction policière hollywoodienne, pourtant tout est réel, ce qui apporte à la série une dimension plus inquiétante et perturbante que les séries policières "lambda." Là, un véritable mystère est mis en place, et Durst l'incarne à la perfection : boiteux, des traits de vieille femme, un regard indescriptible, doté d'humour noir, cet homme inspire la méfiance et pourtant, on ne peut s'empêcher d'éprouver pour lui une certaine empathie (en particulier grâce à ses interviews) avec son allure décharnée et fragile et ses justifications presque comiques. Car Durst nie avoir tué ses trois proches mais ne nie pas avoir démembré l'un d'eux. De plus, avec le corps introuvable de sa femme Kathleen, il n'hésite pas à se demander où peut-elle bien être devant les caméras, les yeux dans ceux du réalisateur Andrew Jarecki. Durst est persuadé de ce qu'il dit, il a tant essayé de se convaincre qu'il semble finir par y croire vraiment. Nous suivons donc en quelques épisodes la jeunesse de Durst afin de cerner une personnalité complexe et ambigu, à travers de nombreux témoignages de sa famille, des proches des défunts, du personnel policier, nous entrons dans une histoire comme il n'en a pas existé d'autres. Nous pouvons assister à son procès grâce à des images d'archives et commencer à réellement développer notre avis sur l'affaire à partir de ce moment-là, en même temps que le réalisateur lui-même qui lui accordait au départ le bénéfice du doute et qui avait commencé à l'apprécier. La fin est incroyable, quelque chose de jamais vu à ma connaissance dans l'histoire judiciaire et également dans l'histoire de la télé (c'est pourquoi il serait préférable de ne pas se renseigner sur Robert Durst sur Internet avant d'avoir vu la série si l'on ne veut pas être bêtement spoilé). Un cocktail de faits divers existants remaniés par des professionnels de la réalisation tout en rajoutant l'hallucinante personne qu'est Robert Durst en première ligne, insupportable mais pitoyable : on ne peut qu'apprécier ! Un petit plus également pour la musique choisie dans le générique, Fresh Blood de Eels, qui colle parfaitement à l'atmosphère de la série. Une réussite originale mêlée de qualités de réalisation, de hasards et de coups de chance pour les réalisateurs, et d'une grande patience pour avoir su gagner la confiance de Robert Durst, schizophrène ou extrêmement manipulateur.