Ayant aimé le jeu d'acteur de Ji Chang-wook dans Healer, j'ai voulu le revoir dans un drama d'action, et c'est ainsi que j'ai découvert K2. Alors, je vous le dis tout de suite, après la lecture de plusieurs critiques négatives je n'avais pas de très hautes attentes de ce drama. J'ai néanmoins décidé de me lancer, quitte à mettre mon cerveau en mode off et n'apprécier que sa belle gueule et ses scènes d'action (coucou la scène de la douche). Et pourtant, K2 fut finalement une assez bonne surprise.
On suit l'histoire d'un ancien mercenaire en fuite (Ji Chang-wook), recherché par Interpol après avoir été accusé à tort de meurtre de civils en Irak. Il parvient néanmoins à rentrer en Corée mais va être impliqué dans des affaires politiques après avoir surpris un candidat à l'élection présidentielle, Jang Se-jun (Jo Seong-ha) en train de tromper sa femme (Song Yun-ah). Je passe les détails ; toujours est-il qu'il finira par s'allier à ce candidat et à sa femme, Choi Yu-jin, pour se venger du chef du parti opposé, responsable de son accusation et du meurtre de sa petite-amie en Irak. Notre fugitif prendra alors l'identité de Kim Je-ha/K2 et sera employé en tant que garde du corps de la fille cachée de Jang Se-jun, Go An-na (Im YoonA). An-na a grandi dans un couvent en Espagne suite à la mort de sa mère. Aussi, c'est une jeune fille traumatisée, naïve, qui n'a grandi que du point de vue physique. Une romance va se développer entre elle et K2 tandis qu'elle essayera d'élucider le mystère de la mort de sa mère et que K2 cherchera à accomplir sa vengeance.
Je l'ai déjà dit, K2 m'a finalement agréablement surprise. L'intrigue paraît certes biscornue au début et met du temps à se mettre bien en place, mais ça se tient. Le fait que ce drama mentionne de multiples endroits, langues et cultures (Espagne, Irak,...) était intéressant, ça change et contribue à rendre crédible l'ensemble. Ji Chang-wook nous offre un excellent jeu d'acteur, que ce soit par ses expressions convaincantes ou par ses scènes d'action (à noter qu'il réalise toutes ses cascades lui-même). Il s'est vraiment donné à fond pour ce drama et ça se ressent. Son personnage a aussi pour intérêt de ne pas être trop borné d'esprit ; il connaît la relation qu'entretient An-na avec Yu-jin, et l'on pourrait s'attendre à ce qu'il se batte avec An-na contre Yu-jin, ou du moins qu'il n'aide pas cette dernière, mais non ; tantôt il est le garde du corps protecteur et amoureux, tantôt il est le mercenaire négociateur et distant. Cela se fait globalement de façon fluide (je dis bien globalement ; je reviendrai sur cet aspect plus tard), et je ne vois pas d'acteur plus adapté que Ji Chang-wook pour maîtriser ces différentes facettes de la personnalité de Je-ha.
Un autre gros plus pour cette série est le personnage de Choi Yu-jin. Yun-ah est vraiment convaincante, tout son visage se transforme alors qu'elle passe de la femme au foyer serviable à la femme délaissée à la cheffe manipulatrice et froide en une fraction de seconde. Son personnage est vraiment la meilleure antagoniste de tous les k-dramas que j'ai vus jusqu'à présent. C'est une femme forte, calculatrice mais qui a ses faiblesses (peur de vieillir, culpabilité, jalousie,...). Elle est charismatique, porte à merveille ses magnifiques tenues, et qu'est-ce qu'elle a de la prestance...
C'est une femme sûre d'elle, habituée à être idolâtrée par l'opinion publique mais méprisée par ses proches... du moins jusqu'à ce que Je-ha ne la déstabilise.
Le développement de son personnage prend alors une tournure intéressante. Jusqu'à présent, elle était catégorisée par certains comme la femme dévouée, qui cuisine bien, souriante et aimante ; d'autres avaient peur d'elle ou la vénéraient (l'exemple de la secrétaire Kim, dont l'homosexualité probable et son obsession quasi-malsaine envers Mme Choi en font un personnage tout aussi intéressant) ; pour son mari et An-na, elle n'était qu'un monstre, voire une meurtrière. Je-ha, lui, ne l'apprécie pas vraiment et n'a pas peur d'elle ; pourtant il ne la déteste pas et l'aide même parfois plus que nécessaire.
Je pense que, sachant très bien qu'elle n'était pas un ange, elle se considérait elle-même comme un monstre, d'où la culpabilité qu'elle ressentait. Se percevant comme ce monstre, elle l'a accepté, elle a accepté d'agir comme tel, d'où ses tentatives pour s'en prendre à An-na. Mais Je-ha, en se montrant convaincu qu'elle n'était pas foncièrement mauvaise, et en lui proposant d'être son ami plutôt que son esclave, lui a fait comprendre qu'il n'était pas trop tard, qu'elle n'était pas perdue. Cela lui a sans doute permis de partir en paix à la fin.
Yu-jin est un personnage vraiment profond et sa relation avec Je-ha a été bien approfondie. Chang-wook et Yun-ah ont vraiment réussi à créer cette tension lors de leurs échanges. Pourtant, à l'inverse de beaucoup, je n'ai pas perçu leur relation comme de l'amour au sens romantique du terme. Oui, il y avait de la tension, et je peux comprendre que bon nombre de spectateurs les aient imaginés ensemble, mais pour ma part je n'ai pas interprété cela comme un couple potentiel. A mes yeux Je-ha était davantage la figure d'un "fils", du fils que Yu-jin n'a jamais eu. La thématique de la famille est beaucoup abordée dans ce drama, et je pense que Yu-jin aurait voulu avoir un enfant
(cf sa réaction lorsque son mari lui dit "Tu es une bonne épouse et une bonne mère... Quoique, je retire ce que j'ai dit sur la mère ; tu n'as pas d'enfant").
D'ailleurs, elle finit par accepter la relation de Je-ha et d'An-na, et décède aux côtés de Jang Se-jun
. Du moins, c'est comme ça que je l'ai vécu. Dans tous les cas, ils étaient de bons associés et formaient un duo puissant.
Du coup, cela me permet de rebondir sur LE point de discorde de K2 : la romance et An-na.
Je n'ai pas détesté An-na. Elle n'était même pas si inutile et incohérente et Yoona jouait bien le rôle de la fille naïve, paumée et faisant confiance coûte que coûte à son père. La phobie sociale d'An-na est avant tout due à son traumatisme, dont elle fait endosser la responsabilité à Choi Yu-jin. Elle est certes méfiante, mais surtout, elle déteste sa belle-mère. Cette haine surpasse sa méfiance. Cela explique qu'elle soit aussi naïve vis-à-vis de son oncle (dont je tiens aussi à saluer la prestation ; Lee Jeong-jin était parfait dans son rôle de gentil tonton/frère sarcastique/comédien manipulateur). Elle ne se rend même pas compte qu'elle se fait utiliser ; tout ce qu'elle voit, c'est que ça déstabilise son ennemie. Du fait de cette crédulité, paradoxalement, elle va être amenée à se méfier de Je-ha car elle connaît sa tendance à être du côté de Yu-jin. Elle m'a un peu agacée dans les épisodes 10-11, mais en soi, elle n'est pas si incohérente. En vérité, je me suis même un peu attachée à elle. Ca m'a pris du temps ; il faut dire que, durant les quatre premiers épisodes, on ne la voit que lors de la course-poursuite du premier épisode, droguée dans l'avion, en crise d'hystérie ou entr'ouvrant la porte de sa chambre pour apparaître de façon glauque et juger les gens, la larme à l'œil. Pourtant, au fur et à mesure que l'on comprend son ressenti, l'on est touché par son histoire et son personnage. La scène de l'épisode 6 où elle chante Amazing Grace à l'église en particulier m'a beaucoup émue (même si la belle voix de YoonA y a contribué), il n'y avait pas besoin de dire quoi que ce soit, pourtant c'était peut-être l'une des plus expressives. Bref, An-na est loin d'être le meilleur lead féminin de k-dramas, pourtant elle se révèle assez attachante et mignonne, à l'instar de scènes amusantes et rafraîchissantes avec les autres gardes du corps (J4, K1...) et membres du personnel, et à l'instar de leur romance.
Oui, j'ai aussi apprécié leur romance. Bon, ça ne volait pas très haut, mais leur relation innocente contrastait avec la profondeur et l'aspect sombre du drama. Ca faisait vraiment l'effet d'une bouffée de fraîcheur, j'en oubliais presque les menaces qui pesaient sur eux deux. Ils étaient touchants, tous deux étaient dans la même situation : ils avaient tout pour être heureux mais on leur avait tout enlevé sans aucune raison valable, et, ensemble, ils s'apportaient mutuellement un peu d'espoir. Je me suis surprise à sourire niaisement à certaines de leurs scènes, comme lorsqu'ils communiquaient avec leurs signes, ou avec le talkie-walkie.
Mais n'exagérons rien - leur romance avait ses défauts, et c'est probablement le principal défaut du drama : déjà, il y avait des longueurs (les scènes sur le toit avec les flashbacks, leur rencontre et le premier baiser qu'ils ont bien dû nous repasser 6 fois...). Mais surtout, LES RAMYEONS. Je ne rentrerai pas dans les détails, ceux qui savent savent ; toujours est-il que, si la première scène de ramyeon était plutôt amusante et pouvait expliquer la naissance de la curiosité de Je-ha à l'égard d'An-na, la deuxième scène était juste gênante. Oui, que Je-ha ait deux faces, pas de souci, mais qu'il s'extasie autant parce qu'il voit An-na danser via une caméra après qu'il lui ait fait ses ramyeons, on arrive à un niveau de cringe jamais atteint. Un petit sourire en coin pour montrer qu'il est satisfait et attendri aurait amplement suffi, et aurait amené la romance de façon plus fluide ; le problème, c'est qu'ils en ont fait LA scène où Je-ha est censé tomber amoureux, et bon, en plus de faire traîner celle-ci en longueur, que K2 se laisse autant aller à son côté enfantin en à peine deux jours, sérieux les mecs, forcez pas. Cette scène est vraiment le point faible de leur histoire ; c'est censé être une scène importante pour l'évolution de leur relation, car c'est là qu'An-na montre cette facette à laquelle K2 va d'abord s'attacher, mais au final, si c'était pour faire du OOC comme ça, on aurait clairement pu s'en passer. Que Je-ha tombe amoureux d'elle ne me paraît pas si improbable ; d'abord touché par son caractère naïf, elle lui rappelle ensuite son ancienne fiancée, mais pour moi, K2 n'aurait pu tomber réellement amoureux qu'à partir de l'épisode 8.
Globalement, même si elle a été mal amenée, leur romance a tout de même été bienvenue dans l'histoire.
Cependant, un autre défaut de K2 sont les longueurs. J'ai déjà mentionné les flashbacks romantiques, auxquels s'ajoutent d'autres flashbacks inutiles, mais au final, même les scènes entre les politiciens sont parfois traînées en longueur (scène des oeufs de Jang Se-jun, scènes au commissariat...), et comme les scènes où il n'y a ni K2, ni An-na, ni Yu-jin ne sont pas spécialement palpitantes (soyons honnêtes), on finit par avoir envie de faire autre chose en même temps.
Au-delà de ça, l'ensemble reste cohérent. J'ai lu une critique reprochant le fait que les politiciens aient leur propre armée à disposition. Je ne m'y connais pas vraiment, mais, sans vouloir jouer les complotistes, qu'en Corée les politiciens influents aient ces mini-armées supérieures à la police ne me paraît pas si improbable (surtout si ils ont l'appui du président et la police dans leur poche).
Au niveau de la réalisation, rien à redire. Le drama a une certaine esthétique visuelle (sauf pour les scènes en Espagne qui étaient un peu... Sales XD), de beaux plans, des musiques prenantes, un générique immédiatement entraînant et bien représentatif du ton de la série.
The K2 était donc finalement un drama intéressant, mine de rien assez profond. Malgré les longueurs et la romance lors des premiers épisodes, j'ai passé un bon moment devant. Il ne faut pas non plus s'attendre à un chef-d'œuvre du fait de ces défauts qui pourraient être pesants pour quiconque a de hautes attentes, mais ne serait-ce que pour Ji Chang-wook et ses belles scènes d'action ou Song Yun-ah en antagoniste complexe et charismatique, je vous le recommande.