The last of us peut se traduire littéralement par "Le dernier d'entre nous"...
Si ce titre peut sembler à première vue un peu décalé au regard de l'histoire qui est présentée, puisque les Humains semblent encore être très très présents (bien plus que les infectés), on peut essayer de lui donner un sens à travers une interprétation plus "méta", en supposant que la série se pose comme la dernière représentante de la vague des oeuvres post-apo zombiesques qui a inondé le champ des oeuvres de divertissement ces derniers temps ; et si tel était le cas, je signerais direct, mais j'ai peur de prendre ici mes rêves pour des réalités....
Mais avant toute chose, d'où parle tu Camarade? Et bien disons que je suis quelqu'un qui n'a jamais joué au jeu vidéo et qui de base, n'est pas un grand fan des zombie...
Mais j'aime beaucoup le post-apo et j'aime savoir de quoi on parle à la machine à café... du coup, quand une série devient un trop grand phénomène de mode, j'ai tendance à aller jeter un oeil...
Et bien cela a été une bien belle déception!
Alors ok, pour une adaptation de licence de jeu-vidéo, c'est pas trop mal, car, n'en déplaise à l'ami Intercut qui sait parfois faire preuve d'une impressionnante mauvaise foi (les connaisseurs verront à quoi je fais allusion), il est vrai que c'est un domaine plus prompt à chier des étrons qu'à accoucher de chef-d'oeuvre....
Mais voilà, ça a beau être honnête (passable serait pour moi le mot approprié), c'est beaucoup trop criblé de problèmes pour être satisfaisant...
Alors oui, y a des qualités :
C'est plutôt bien réalisé.
Les paysages sont convaincants.
Les infectés ont un style plutôt original.
Cette idée de champignons est assez rafraîchissante sur le papier.
Le duo principal fonctionne pas trop mal ; l'ami Pedro Pascal transpire toujours la classe, même si je continu à le préférer en Prince Dornien (fanboy spotted!) et la gamine s'en sort très bien (les ceuss qui râlent sur son physique me font un peu de la peine ; d'une part, c'est pas très Charlie, d'autre part, dans le vrai monde de la réalité véritable, tout le monde n'est pas une gravure de mode hein, mais bref...). De plus leur relation marche parfaitement et relève d'une bonne dynamique.
Enfin, la (longue) scène d'ouverture est très réussie....
Et puis... et puis il y a tout le reste.
Déjà, dans le premier épisode ; autant l'ouverture est très bonne, autant l'ellipse casse à mon sens pas mal l'immersion. La rupture est trop nette, on saute trop d'étape entre l'anarchie totale de l'épidémie et cette situation post catastrophe, mal exposée et trop peu immersive.
Globalement, l'exposition est défaillante dans la Série ; on ne comprend pas trop les tenants et aboutissant de l'univers, avec des factions pas très claires en terme d'objectif, de rapport de force etc... avec toujours accessoirement cette classique habitude des ricains de ne s'intéresser qu'à leur petit nombril (il se passe quoi au niveau mondial?... osef).
Certaines choses potentiellement porteuses sont posées là, sans être jamais exploitées (je pense en particulier à cette histoire d'infectés connectés entre eux via des spores, qui apparait et disparait sans crier gare).
Il n'y a aucune tension vraiment palpable : les infectés se pointent tous les 36 du mois et seulement quand le scénario a explicitement besoin d'eux (ce qui fait qu'on les sent venir à 15 km)... Et les antagonistes humains sont au choix dénué de tout charisme (le curé cannibale) ou de toute compétence qui pourrait nous permettre de les prendre au sérieux (mention spécial pour l'armée des Luciole qui se fait "génocider" (private joke pour l'ami Grenouille ;-) ) par un guss tout seul dans une séquence plus gênante que badass)...
Le rythme est très mal géré. Je mentionnerait à ce propos le fameux épisode 3, qui, si il est certes plutôt mignon (car n'en déplaise à certains, oui, une belle relation amoureuse reste une belle relation amoureuse, même quand les protagonistes de celle-ci sont abondamment velus du torse) reste un épisode de remplissage assez ahurissant tant il n'apporte rien à l'intrigue. Prendre, dans une série de 9 épisodes, 1 épisodes entier pour développer 2 personnages pour les faire aussitôt mourrir, sans que ça n'apporte rien à l'histoire (le message de la lettre postume ne fait que formuler avec lourdeur ce qu'on avait tous très bien compris), c'est de la faute de gout je regrette...
Même chose pour l'épisode 7. Outre la crédibilité d'avoir une Che Guevara de 10 ans (la copine de la héros) qui se balade comme elle veut partout dans une société théoriquement ultra surveillée et militarisée, on a un épisode qui étire son concept ad nauseam alors qu'on a compris l'idée au bout de 5 min... Et comme on sait tous très bien comment ça va se finir, le seul suspense sur lequel se construit l'épisode est "bisous ou pas bisous?", ce qui je le regrette est un peu léger pour que je m'implique émotionnellement.
Le voyage est beaucoup trop plat (on a pas de sentiment de danger permanent) et les accidents de parcours sont trop téléphoné pour réellement m'y impliquer.
Alors oui, on va me dire que l'intérêt de la Série, c'est la relation Joel/Ellie. Et quelque part, c'est vrai. D'autant plus que j'ai moi même admis plus haut que celle ci était plutôt réussie.
Oui, sauf que tu ne peux pas te permettre de construire TOUT l'intérêt d'une Série entière sur la seule relation "père-fille (de substitution)" en négligeant tout le reste. D'abord parce que c'est du déjà vu un bon million de fois, donc bon... Ensuite parce que cette relation devrait être sublimée par le contexte dans lequel elle se situe ce qui n'est pas trop le cas ici (en quoi la relation Joel/Ellie est elle si exceptionnelle au final?). Enfin parce que de façon général, aucune Série ne peut vraiment se démarquer du lot sur l'unique argument d'une simple alchimie fonctionnelle entre deux personnages.
Sur la fin, on nous vend enfin quelque chose d'intéressant avec une évolution (il était temps en même temps) des rapports et un (spoiler alerte)
Joel qui semble clairement basculer dans le côté obscur en devenant un gros FdP...
Et en soi, moi je dis pourquoi pas ; l'idée est bonne et j'ai rien contre le fait de faire basculer des personnages principaux du côté obscure de la Force (au contraire!)...
Seulement encore faut il que cela soit bien fait. Or là, c'est foiré. On retrouve un peu le même type de problème qu'avec Daenerys dans le final de GoT ; sur le papier, faire de Daenerys l'antagoniste finale et la faire basculer dans l'horreur, c'est bel et bien bon, mais ça a été fait tellement à l'arrache, de façon tellement peu crédible, que ça en devient nul.
Et bien là, c'est un peu la même idée ; ok, que Joel, qui a eu une vie difficile, qui fait un transfert vis à vis de Ellie et qui a un rapport à la violence un brin problématique, puisse devenir un psychopathe égocentrique prêt à butter tout le monde pour créer son illusion de cocon familiale, moi je veux bien, mais c'est un basculement majeur dans le réci et il mérite donc d'être soigné.
Or là, comment ça se passe? Bin c'est les Lucioles-crétines qui provoquent ça en lui empêchant totalement gratuitement et débilement de juste parler à Ellie... Mais POURQUOI BORDEL DE POULPE!!!! Le mec a traversé tout le pays, à suer sang et eau pour leur amener cette gamine. Il s'y est attaché. Ils sont persuadé que la gamine serait la première partante pour tenter de trouver un remède. Le type veut juste lui parler. Et non. Ta gueule, tient, prend un coup de crosse dans les côtés, ça t'apprendra à faire ce qu'on t'a demandé et à t'attacher à la gamine à laquelle moi aussi je suis très attachée ("je suis la seule personne au monde à pouvoir te comprendre" bin voyons...)... Non mais sérieux??? Evidemment que le mec va pêter une durite...
Et ensuite tu le relâche dans la nature en le faisant accompagner par deux abrutis qui pointent leur flingues vers le sol (faudra pas qu'on est l'air dangereux quand même)... Bref, tout cela était tellement absurde, tellement téléphoné, ça transpirait tellement la raison scénaristique externe que même cette évolution, pourtant censé être le point d'orgue de la saison, ne fonctionnait pas du tout.
Bref, cette série est à mes yeux une succession d'occasion manquée (une ouverture dantesque, désamorcée par une ellipse mal venue... Une bonne relation centrale, désamorcée par un environnement mal développé.... Un bon duo de personnages attachant en la personne de Bill & Franck, mais aussitôt là, aussitôt dégagé... Un bonne idée originale avec les Champignons, désamorcé par une absence quasi structurelle et une non exploitation des spécificités... Un retournement intéressant du personnage principal, mais désamorcé par une exécution maladroite etc etc...)
Si j'ai été plus généreux ici en terme de note que avec Walking Dead que j'avais noté à 3 étoiles seulement, je dois dire que cela était du avant tout à l'aspect (ultra) répétitif et "tourne en rond" de WD, et donc à mon extrême lassitude, comme je l'avais expliqué dans ma critique à l'époque (ma première critique sur ce site ; punaise, ça me rajeunit pas tout ça^^), aspect dont Last of Us est épargné du fait qu'il n'y a qu'une seule saison pour le moment... Mais s'il fallait noter comparativement les deux séries sans prendre en compte ce problème, je considèrerais WD nettement supérieur (en therme de dramaturgie, de scène marquante, de charisme, de développement de personnage, d'ambiance oppressante, de qualité des antagonistes etc....)